21 novembre 2024

Bicec: à 7 mois de la fin du mandat d’Outman Roqdi, les nationaux lorgnent le fauteuil de Directeur général

(Ripostes, Georges Semey). Malgré que 18 cadres Camerounais occupent des fonctions de responsabilité au sein du Comité de Direction de cette banque composé de 24 personnes, des voix s’élèvent en faveur de la Camerounisation du poste de Directeur général, ou des pôles centraux (Pôles Entreprises, Support, Engagements et Finances), aujourd’hui occupés par des non-nationaux. Une position qui fait débat, car l’État du Cameroun et des privés Camerounais ne disposent que d’environ 25 % des actions de cet établissement de crédits. Décryptage.

Alors qu’il lui reste encore 7 mois de fonction comme Directeur général de la Bicec (Banque internationale du Cameroun pour le crédit et l’épargne), le fauteuil de Outman Roqdi, est déjà l’objet de nombreuses convoitises, conséquences de sourdes batailles au sein de cette banque. En effet, des voix en interne s’élèvent en faveur d’une « Camerounisation » des postes de responsabilité dont celui de Directeur général, après le départ du manager Marocain, prévu en mars 2025.

Aussi et dans le même sillage, certains évoquent l’urgence d’appliquer les dispositions la circulaire du Ministre de l’emploi et de la formation professionnelle datée du 27 Juin 2022, relative aux modalités d’obtention des visas des contrats de travail des personnels de nationalité étrangère. « Dans cette note, Issa Tchiroma Bakary met en exergue le plan de « Camerounisation » des emplois pour lesquels les visas sont sollicités ou un mécanisme de transfert de compétences et de technologie en faveur des nationaux lorsque la demande porte sur un seul travailleur de nationalité étrangère ou qu’elle concerne un poste stratégique de gestion », révèle notre source.

Un nom revient régulièrement pour le remplacement de Outman Roqdi: celui de Marie Laure Edo, la Directrice générale adjointe de cette banque, en fonction depuis le 7 août 2022. Les défenseurs de la Camerounaise font état de ce que, dans la circulaire du 27 Juin 2022, Issa Tchiroma Bakary rappelle qu’en dehors des postes stratégiques et de gestion, le visa de travail ne devrait être accordé à un travailleur de nationalité étrangère que s’il est prouvé qu’il n’existe pas de Camerounais compétent au poste sollicité, ou lorsque l’employeur qui envisage d’embaucher un travailleur de nationalité étrangère, prouve qu’il a embauché également un Camerounais qui assiste le travailleur de nationalité étrangère, pour les besoins de transfert de technologie et de compétences.

Précisons que selon notre source, la majorité des postes-clés de la Bicec (quatre pôles composés des Pôles Entreprises, Support, Engagements et Finances), sont occupés par des cadres de nationalité étrangère, notamment des Marocains, du fait de l’importance de l’actionnariat du groupe Banque centrale populaire (Bcp), majoritaire du tour de table des actions avec 68,5% % de parts. Notre enquête confirme en effet que les 4 pôles centraux du Comité de Direction sont contrôlés par des cadres étrangers. Des Marocains. Il s’agit, outre le Directeur général n°1 du Comité de Direction, du Pôle entreprises dirigé par Abdennacer Berrada (2), du Pôle Support par Nabil Sbai (3), du Pôle Engagement par Younes Abatal (4), et Omar Es Sabbane (5), au Pôle finances. Youness Benjelloum Touimi (10 du comité de Direction), autre cadre étranger, occupe les fonctions de Directeur du risque et du contrôle.

Notons que sur 24 membres composant le Comité de Direction de la Bicec, 18 sont de nationalité Camerounaise. Ces derniers occupent, en dehors de Marie Laure Edo, la Directrice générale adjoint et numéro 2 dudit comité, les postes de Directeur de la Pme (Jules Ndjeuga, n°7 du comité de Direction), Directeur marché des grandes entreprises (Marx Félix Ngalle, n°8), Directeur de la banque de détail (Corrine Mpondo Mboka, n°9), Directeur du capital humain (Anna Biang Ngally, n°111), Directeur de la comptabilité (Gérard Abessolo, n°12), Directeur de l’audit interne (Rouvier Kata, n°13), Directeur des affaires juridiques (Patricia Nkwamou, n°14), et Directeur de la production bancaire (Fernand Nana Mbinkeu, n° 15).

Dans le même comité de Direction, Yaya Dagnogo occupe les fonctions de Directeur de l’organisation, la qualité, et des systèmes d’information (16), Taraize Zeh, le poste de Directeur de l’immobilier, la logistique et de la sécurité (17), Nadége Ngamga (18), celui de Directeur de la conformité, Guy Landry Messina (19), comme Directeur du recouvrement, Madiba Joséphine (20), et Directeur des engagements amiables et du contentieux.

L’organisation de la Bicec intègre également comme membres du Comité de Direction de la banque, les représentants régionaux, au nombre de 4. Il s’agit de Omer Ntere (21), comme Directeur de la Région du Littoral, Joseph René Biteke (22), pour la Région de l’Ouest, Françis Tchoungui (23), Région centrale, et Mairi Mohamed (24), pour la Région du Nord.

Sur cette composition, les critiques internes estiment que le nombre de travailleurs étrangers occupants le top management de cette banque, les Directeurs centraux, précisément devrait être également revu. Ils soutiennent par ailleurs que la durée des contrats des travailleurs de nationalité étrangère dans cette banque qui serait de deux ans renouvelable une seule fois, est largement dépassée, car « certains de ces travailleurs séjournant au Cameroun depuis quatre années déjà, sont en fin de contrat ».

Filiale du Groupe Banque Centrale Populaire (Bcp), la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec) est détenu à hauteur de 68,5% par le groupe Bcp, 17,5% par l’État du Cameroun, 7,25% par divers actionnaires privés Camerounais, et 5% par le personnel. Elle opère à travers un réseau bancaire de 38 agences, 2 centres d’affaires et son espace Pme, répartis sur l’ensemble des régions du Cameroun. Avec plus de 380.000 clients, la Bicec compte près de 800 collaborateurs.

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