22 novembre 2024

Blanchiment et terrorisme: le Gafi met en demeure le Cameroun pour absence de poursuites

L’information a été rendue publique au terme du lancement de la deuxième session de formation et de sensibilisation à des magistrats et officiers de police judiciaire, contres ses fléaux. C’était ce 11 mai 2022 à Douala.

Le Ministre des finances, Louis Paul Motaze est, de façon compréhensible, inquiet de la tournure internationale provoquée par les lacunes du Cameroun, en termes de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme : «cette défaillance a valu au Cameroun, une lettre d’observation de Marcus Pleyer, le Président du Gafi (Groupe d’action financière, ndlr) qui, le 22 mars de cette année, informait le Gouvernement de ce que le Cameroun dispose de 6 mois, c’est-à-dire jusqu’en février 2023, pour apporter des réponses satisfaisantes aux recommandations principales faites par les experts du Gabac (Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale, ndlr), qui ont évalué notre dispositif». Plus précisément, le Cameroun peine à s’arrimer aux exigences irréversibles contre ces deux fléaux.

Afin que le Cameroun soit dans les délais recommandés par l’institution internationale et les experts de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme, le membre du gouvernement sollicite vivement l’implication des administrations compétentes et concernées par le sujet: «aux professions assujetties qui doivent identifier, détecter et déclarer les cas suspects de blanchiment des capitaux ou de financement du terrorisme, à l’Anif qui doit analyser, enrichir toutes ces informations et les transmettre aux autorités de poursuites, ces dernières qui sont les participants de ce jour, et qui doivent rendre, sans complaisance aucune, des décisions de justice qui s’imposent, au regard des éléments probants. A vous chers participants, je me dois de vous dire que le manque de décision de justice constitue une insuffisance et une défaillance majeure à la lumière du réseau mondial de lutte contre le blanchiment des capitaux», a instruit Louis Paul Motaze.

Conséquences du blanchiment des capitaux

Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ont des effets dévastateurs sur les économies et la sécurité des États. À titre d’exemple, le blanchiment des capitaux peut entrainer des bouleversements de l’équilibre macro-économique du Cameroun, jeter le discrédit sur son système financier, et la perte de la confiance des partenaires financiers internationaux. Les conséquences du terrorisme et de son financement sont beaucoup plus perceptibles puisqu’ils touchent directement à la sécurité des personnes et des biens. «Nous vivons actuellement, de façon regrettable et déplorable, les exactions de Boko haram dans la partie septentrionale, les crimes atroces des sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, avec parfois quelques incursions dans la Région de l’Ouest, le climat d’insécurité dans la Région de l’Est, occasionné par les groupes rebelles venant de la Rca», constate une fois de plus le Ministre des finances.

Comité de surveillance

Afin de permettre aux différents acteurs, et d’apporter des solutions aux problèmes soulevés par les experts du Gabac, de l’Anif et du Gafi, l’État du Cameroun, à travers le Ministre des finances, a procédé à la création et à la nomination des membres du Comité de surveillance et de réflexion sur le sujet, le 14 avril 2022. Ce comité est chapeauté par le Ministre des finances et dirigé par l’Anif, s’est vu mettre à disposition 5 hauts cadres pour renforcer le pool des analystes. Ce qui porte à 16, le nombre de personnes spécialement dédiées au travail d’analyse des déclarations de soupçon.

D’autres actions sont en cours de réalisation, notamment une série des formations organisées conjointement avec l’Onudoc, sur la période allant du 30 mai au 27 juin 2022. Il s’agira de la formation des formateurs d’une part, et de la formation des magistrats et les officiers de police judiciaire, du personnel de l’Anif, de la Douane, et des Impôts, sur le traitement de l’information financière, la détection, en passant par la déclaration de soupçon, l’analyse et la décision de justice.

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