Management: pourquoi la Rse embarasse-t-elle les entreprises camerounaises?
D’après Thierry Tene, Expert en Rse, 98% des entreprises camerounaises, tout secteur confondu, concentrent leurs activités de responsabilité sociétale, à la philanthropie et au social. Pourtant, plusieurs normes Rse participent à leur compétitivité et crédibilité. L’expert met en lumière les pesanteurs qui freinent la mise en conformité de ces dernières, à ces principes de bonne gouvernance.
La Responsabilité sociétale des entreprises (Rse) ne doit plus être vue sous le prisme d’une opération philanthropique. Cette opinion est celle de Thierry Tene, Directeur Afrique RSE (Ia-Rse). L’expert camerounais pense, de ce fait et avec profonde conviction, que «la RSE devrait sortir des départements de la communication pour devenir des outils de limitation de risques et de crises». Les entreprises doivent anticiper sur les risques et cesser de faire seulement de l’action socio-communautaire comme faire don d’un forage ou d’une fontaine, a ajouté Thierry Tene, lors d’une conférence de presse en prélude à une session de formation, le 30 mai 2022, placée sous le thème «les enjeux de la RSE au sein des entreprises et des organisations, dans un contexte de crise sanitaire et de guerre Russo-Ukrainienne».
Fort du constat que les entreprises camerounaises disposent d’un déficit en expertise sur la Rse de développement et de croissance, Thierry Tene présente plusieurs normes indispensables à leur compétitivité. Partant de la norme Iso 26000 sur la pratique de la Rse, l’expert met l’accent sur la norme Iso 37301 sur «le management de la conformité», la norme Iso 20400 sur «la prise en compte de la Rse dans la chaîne d’approvisionnement des entreprises», les normes Iso 14064, 14067, et 14080 sur «la réduction de gaz à effet de serre, et le développement durable», et la norme 37001 sur «la lutte contre la corruption». Pour le directeur Afrique Rse, si ces normes sont contraignantes, «elles contribuent à la performance financière des entreprises. Notre démarche vise, sur le respect des lois nationales et internationales, dialoguer avec les salariés, le patronat, les prestataires, et clients, participer à l’élargissement de l’engagement de l’entreprise en termes de gouvernance et management, et l’amélioration des conditions de travail et le respect des objectifs de développement durable».
Cadre Rse Ohada
La norme «37001» contre la corruption semble préoccuper Thierry Tene, qui d’après lui, est indispensable pour l’introduction des entreprises dans les sphères d’influence, changer leur gouvernance, améliorer leur notation, et la crédibilité auprès des partenaires financiers. L’expert propose, au-delà du respect de la Rse au sein des entreprises, l’élaboration et l’adoption par l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada), d’un cadre légal sur la Rse. Tant pour les entreprises du secteur public, parapublic, que pour le secteur privé, les contraintes pour une application des différentes normes Rse au sein des entreprises, demeurent nombreuses: la corruption, le clientélisme, le favoritisme, la gestion familiale ou unipersonnelle des entreprises, l’opacité dans le management, ou encore une gestion financière approximative, ou le non-respect de la loi française baptisée «Loi Sapin», sur le devoir de vigilance, applicable aux multinationales et leurs filiales.
Avec officiellement environ 210.000 entreprises en 2019, d’après les chiffres du ministère des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa), environ 98% des entreprises camerounaises n’appliquent pas les normes Rse sur le management de la conformité, la prise en compte de la Rse dans la chaîne d’approvisionnement des entreprises, la réduction de gaz à effet de serre, et le développement durable, ou contre la corruption.
Jean Adoul