Beac: le Conseil d’administration extraordinaire sur la Rca accouche d’une souris
Alors que la capitale économique camerounaise accueillait le 20 juillet 2022, une session du Conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique Centrale sur la monnaie numérique nationale centrafricaine, un communiqué du Ministre d’État, Directeur du Cabinet civil de la Présidence Centrafricaine vantait, le 21 juillet 2022, les atouts de la Centrafrique, ainsi que les avantages à acheter le Sango, la nouvelle crypto-monnaie de ce pays.
C’est le 25 juillet 2022 que le «Sango», la crypto-monnaie Centrafricaine pourra officiellement être achetée par toute personne désireuse s’attacher à ce type d’instrument monétaire. Obed Namsio, le Ministre d’État, Directeur de Cabinet à la Présidence de la République Centrafricaine réitérait cette volonté de l’État Centrafricain de se doter d’une monnaie numérique nationale, à travers un communiqué: «….Comme le Président de la République, Chef de l’État, l’avait communiqué le 3 juillet, lorsqu’il annonça l’émission de la première crypto-monnaie nationale, Sango, son intention d’attirer des capitaux, afin de tokéniser les ressources du pays et donner aux investisseurs du monde entier la possibilité de contribuer, de construire et de bénéficier de l’infrastructure numérique basée sur Sango Blockchain», a-t-il indiqué le 21 juillet dans un communiqué.
Pourtant la veille, le 20 juillet 2022, s’est tenue à Douala, la capitale économique camerounaise, une session extraordinaire du Conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), sous la présidence d’Hervé Ndoba, le Président du Conseil d’administration de la Beac, et Ministre Centrafricain des finances et du budget. Principal point inscrit à l’ordre du jour, «les implications de la loi régissant la crypto-monnaie en République Centrafricaine sur l’architecture règlementaire de la Communauté en matière monétaire et financière». Le Conseil d’administration de la Beac a examiné ce délicat point pendant plusieurs heures et à huis-clos. Huis-clos au terme duquel l’instance «a accueilli favorablement l’expression par la République Centrafricaine de son attachement à la monnaie unique et au respect des statuts de la Banque des États de l’Afrique Centrale, des textes régissant l’Union Monétaire et de ses engagements communautaires».
Des assurances éloignées des intentions des autorités Centrafricaines au regard de la substance du communiqué d’Obed Namsio, le Ministre d’État, Directeur de Cabinet à la Présidence de la République Centrafricaine: «nous nous rapprochons toujours plus de la mise en oeuvre de vision du Pr. Faustin Archange Touadera, pour la République Centrafricaine, avec la mise place d’une nouvelle structure économique qui ouvre la voie à un avenir numérique, à travers une crypto-monnaie commune et un marché des capitaux intégré, capable de stimuler le commerce et soutenir la croissance économique», ajoutait ce dernier.
À Douala, le Ministre Centrafricain de l’économie et du budget, Président du Conseil d’administration de la Beac, «prenait bonne note de la sollicitation, par la République Centrafricaine, de l’assistance de la Beac et ses instances compétentes de la Communauté pour l’élaboration d’un cadre normatif régissant les cryptoactifs dans la Cemac». Toutefois, les autorités Centrafricaines envisagent poursuivre leur élan dans la mise sur pied du «Sango», dont la plateforme (Sango.org) est d’ores et déjà fonctionnelle (inscriptions, e-KYC, dépôts). D’après Obed Namsio, «pays possédant des richesses minières dépassant l’imagination, la République Centrafricaine ouvre la voie à l’accès à ces ressources de la manière la plus démocratique et la plus transparente, permettant aux investisseurs de toutes les tai d’acheter les actifs, mais aussi de bénéficier de facilités, telles que la citoyenneté, l’e-résilience et la terre, basées sur la monnaie Sango, qui régira pratiquement tout l’écosystème numérique du pays. Il s’agit d’un projet unique fondé sur la première monnaie numérique nationale adossée à « l’or numérique », le Bitcoin».
En clair, Bangui et la Beac ne sont guère sur l même longueur d’ondes. D’autant plus qu’Abbas Mahamat Tolli, le Gouverneur de la Beac, et Président du Comité de politique monétaire de cette institution financière sous-régionale, invite les citoyens de la Cemac à «ne pas adhérer à une monnaie qui ne repose que sur la confiance que lui confère ses utilisateurs, et qui ne repose sur aucun substrat légal». Au terme du Conseil session extraordinaire de Douala, le Conseil d’administration de la Beac a néanmoins «encouragé la Banque Centrale à poursuivre les actions en faveur de l’inclusion financière et de la modern de ses infrastructures ainsi que la réflexion visant à créer une monnaie numérique de Banque Centrale».
Félix Beda