Vie chère: Le Secteur privé agite le spectre de la flambée des prix
Sur invitation du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), le Ministre du commerce Magloire Mbarga Atangana a fait face, ce 1er octobre 2021, aux préoccupations sensibles du secteur privé. Hausse de prix, difficultés d’approvisionnement, pression fiscale, rareté de fonds etc… les opérateurs économiques camerounais envisagent, en ultime recours, une hausse généralisée des prix des produits de consommation.
D’après Delors Magellan Kamgaing Kamseu, le Président de la Ligue Camerounaise des Consommateurs (LCC), il faut absolument éviter les évènements de février 2008, baptisés « émeutes de la faim ». Le défenseur des droits des consommateurs lançait la sonnette d’alarme ce 1er octobre 2021 à l’occasion de la rencontre entre le Ministre du commerce, Magloire Mbarga Atangana et le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). L’unanimité s’est dégagé sur l’impérieuse nécessité de former « une union sacrée » autour de la situation économique mondiale extrêmement préoccupante. Situation don’t le Cameroun subit, de plein fouet, les conséquences du fait de la pandémie de Covid-19. Un tableau inquiétant de la situation a en effet été dressé par Célestin Tawamba, au nom de tout le secteur privé. Le Président du Gicam fait état d’un surenchérissement exceptionnel des intrants et de quasiment toutes les marchandises importées du fait des mesures protectionnistes ou des coûts de production conjoncturels sur le plan international: le clinker (+ de 80% de hausse), le blé dur (+ de 40%), huile de palme (+ de 65%), les engrais (+ de 72%), le maïs (+ de 72%), l’orge (+ de 65%) etc…
La hausse la plus spectaculaire revient au fret qui affiche un surenchérissement de près de 400%. « la situation est devenue incontrôlable et les entreprises camerounaises sont à bout de souffle », a relevé le Président du Gicam. Tous les secteurs connaissent malheureusement un surenchérissement des prix, une baisse de leurs capacités financières, l’annulation des commandes par les clients, une baisse de stock, la rupture des approvisionnements, voire des licenciements et des mises en chômage technique du personnel. « La tendance haussière va persister jusqu’en 2022 sous l’effet de la poursuite post-Covid 19 », insiste le Président du Gicam. Groupement de meuniers, pétroliers, du textile, agences de voyages, armateurs, cimentiers, agro-chimie, entreprises brassicoles, traders, ou les imports-exportateurs ont relevé leurs difficultés de production, d’approvisionnement ou de financement causées par la crise sanitaire en cours.
Sens de responsabilité
Une situation qui impose des ajustements, pense le secteur privé. Le Gicam propose au gouvernement des alternatives afin, soutiennent-il, de « préserver la paix, maintenir le fragile équilibre industriel du Cameroun ». Le Gicam, c’est en effet 750 entreprises et une vingtaine d’organisations socio-professionnelles, composé 76,8 % du chiffre d’affaires des entreprises modernes au Cameroun, regroupe 54,3% des effectifs d’employés, et contribue à hauteur de 70% aux recettes fiscales. Parmi les solutions envisagées, figurent « la répercussion intégrale de la hausse des coûts de production sur le prix de vente » ou « le partage des charges entre l’Etat, les entreprises et les consommateurs ». Le Gicam reconnaît toutefois qu’une hausse des prix des denrées n’est pas envisageable. D’après le secteur privé, « le pouvoir d’achat des camerounais est faible et une répercussion du surenchérissement des prix ne doit être que la dernière solution ».
Afin de juguler l’impact de la hausse généralisée des coûts sur le pouvoir d’achat, le Gicam propose un ajustement limité des prix de vente, des subventions partielles, des allègements fiscaux (réduction du taux de TVA, allègement ou suspension de l’acompte dans certains secteurs, suspension des contrôles etc….), la suspension des taxes parafiscales et de certaines taxes portuaires, la réadaptation des appuis Covid au secteur stratégique, la réactivation et/ou le maintien en 2022 des mesures exceptionnelles instaurées en 2021. « Nous sommes en crise. Le Cameroun est un pays qui importe massivement. Les préoccupations du secteur privé sont justifiées par les circonstances exceptionnelles sur le plan mondial. Nous allons trouver les solutions appropriées pour éviter une flambée des prix et des tensions sociales. Faites moi des propositions précises que je répercuterai à qui de droit ». Le membre du gouvernement a par ailleurs appelé avec insistance au sens de responsabilité des opérateurs économiques, qui pour leur part, attendent des mesures urgentes de l’État du Cameroun.
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