Sonara: 48 mois pour sortir le Cameroun de la dépendance au pétrole brut importé et traité localement
L’Etat devra également mobiliser 250 milliards de FCFA à injecter en vue de porter les pertes subies par la raffinerie de 45% à 7%. L’objectif étant de traiter le pétrole brut camerounais à moindre coût d’une part, et réduire considérablement les subventions de l’Etat envers ladite entreprise ainsi que les produits pétroliers d’autre part. La première session du Comité de pilotage chargé de la restructuration et la réhabilitation de la Sonara s’est tenue ce 15 septembre 2022 à Limbe, sous la présidence de Louis Paul Motaze, Ministre des finances et Président dudit comité, assisté de Gaston Eloundou Essomba, Vice-président, et Paul Tassong, le Ministre délégué auprès du Ministre de l’économie, du plan et de aménagement du territoire.
Il faut aller vite. Le Comité de pilotage chargé de la restructuration et la réhabilitation de la Sonara (Société nationale de raffinage) a pris la mesure de l’urgence de remettre à hauteur de ses capacités initiales la principale raffinerie camerounaise, voire les surpasser.
Depuis les hautes instructions du Président de la République délivrées en avril 2022, dans lesquelles S.E Paul Biya, marquait son accord pour la mise en œuvre de l’option de réhabilitation/restructuration de la Sonara proposée le 12 mai 2022 par le cadre du Comité Interministériel de la mission de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, Louis Paul Motaze et son équipe sont résolument à pied d’oeuvre. La première session de ce Comité de pilotage s’est réuni au siège de la Sonara à Llmbe, dans la Région du Sud-ouest principalement pour l’examen et à la validation du projet de Convention-cadre de restructuration de SONARA et du plan d’actions y afférent, du projet des termes de référence relatifs au recrutement d’un Cabinet-conseil de renommée devant l’accompagner dans ses missions.
Toutefois, les travaux de Limbe sont encadrés suivant une feuille de route clairement définie par le Comité interministériel de la mission de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic. Il s’agit de valider le projet de convention de restructuration de la Sonara assorti d’un plan d’actions, de veiller à l’accomplissement de toutes les mesures préalables à la mise en œuvre de la restructuration/réhabilitation de Sonara, en mode partenariat public privé, de recruter un cabinet d’experts, en vue de l’accompagnement du Comité de pilotage dans l’accomplissement de ses missions, de définir un modèle de Partenariat Public Privé (PPP) le mieux adapté à la reconstruction de la Sonara et de valider le dossier de faisabilité de la réhabilitation de Sonara.
Par ailleurs, il sera question de superviser et valider la procédure de sélection du cocontractant, conformément à la réglementation en matière de contrat de partenariat, de superviser la phase des travaux de restructuration/réhabilitation de Sonara, conformément au cahier des charges du cocontractant. « La présence de trois membres du gouvernement, et de tous les autres membres du Comité de pilotage traduit la détermination du gouvernement à parachever le processus de réhabilitation/restructuration de la Sonara. Le Chef de l’État a pris un certain nombre de mesures pour cela, et plusieurs desdites mesures ont commencé à être appliquées », a indiqué LouisPaul Motaze. Quelques actions ont pourtant d’ores et déjà été menées. Louis Paul Motaze énumère la restructuration bancaire de la dette de la Sonara, et l’ouverture d’une ligne pour leur remboursement. Le Président du Comité de pilotage annonce la signature dans les prochains jours avec Vitol, l’un des traders de la Sonara, d’une convention de restructuration de sa créance commerciale.
Concrètement, il est désormais urgent d’achèver le projet «Sonara 2010», démarré en 2008, mais dont la première phase n’est pas achevée. La première devait permettre de renouveler les équipements et l’outil de production question d’augmenter la capacité de raffinage de la société de 2,1 à 3,5 millions de tonnes. La deuxième phase consistera en l’installation d’un système d’hydrocraquage permettant de raffiner les pétroles bruts lourds produits au Cameroun. C’est ainsi qu’en plus de la reconstruction des unités détruites, il faudra aussi les moderniser et installer à terme un hydro craqueur qui permettra donc in fine de raffiner les bruts lourds du Cameroun et de la sous-région.
Au rang de ce qui devra être mis en œuvre, l’on note également un certain nombre de mesures préalables dont entre autres la reconstitution des fonds propres de l’entreprise, la réalisation d’une étude technico-administrative et financière qui fixera les coûts détaillés de ce vaste chantier et définira les schémas à suivre. L’Etat devra également mobiliser 250 milliards de FCFA à injecter en vue de porter les pertes subies par la raffinerie de 45% à 7%. L’objectif étant de traiter le pétrole brut camerounais à moindre coût d’une part, et réduire considérablement les subventions de l’Etat envers ladite entreprise ainsi que les produits pétroliers d’autre part. A terme, les investissements à consentir par l’Etat du Cameroun vont l’abriter de sa dépendance au pétrole brut importé qui est par la suite traité localement.
Le dernier rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic indique qu’au 31 août 2021, environ 150 millions d’euros avaient déjà été mobilisés par l’Etat pour la remise à flot de la raffinerie, qui, en fonctionnement normal, couvre 80% de la consommation locale de produits pétroliers. Les fonds mobilisés au 31 août 2021 l’ont été dans le cadre de la ligne de soutien de 47,88 F CFA (0,073 euro), introduite en 2020 dans la structure des prix des produits pétroliers au Cameroun pour aider à la réhabilitation de la raffinerie.
Il est important de relever que le Comité de pilotage conduit par Louis Paul Motaze dispose de 48 mois (4 ans) pour remettre à flots la Sonara.
Gad Samy