Financements: que reprochent le Gicam et le secteur privé camerounais à la Bad?
Une importante séance de travail entre l’exécutif du Gicam et une délégation de la Bad, s’est déroulée ce 27 septembre 2022 au siège de ce mouvement patronal. Séance qui a permis de cerner les insuffisances du partenariat entre l’institution financière panafricaine et le Gicam. Mais également de se projeter sur les 8 prochaines années.
Désormais, la Banque Africaine de Développement (BAD) souhaite une parité dans ses interventions financières au Cameroun, entre le secteur public et le secteur privé. C’est la substance de la séance de travail qui a regroupé, au siège du Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun), une délégation de la Bad et l’exécutif du groupe patronal. Serge N’guessan, le Directeur général de la Bad pour l’Afrique centrale a posé les jalons d’une nouvelle vision de partenariat avec le secteur privé camerounais. « Je suis aujourd’hui à Douala, au siège des organisations patronales qui représentent le secteur privé, pour affirmer notre volonté d’augmenter le nombre de projets financés par la Bad, et le volume de financement alloué au secteur privé en Afrique centrale, en commençant par le Cameroun, la locomotive économique de la région », a-t-il affirmé.
On apprendra séance tenante que de 2015 à 2023, le Cameroun a bénéficié d’un volume total de 1594 milliards de FCFA de la Bad. Pourtant, seulement 100 milliards de FCFA ont bénéficié au secteur privé. Ce montant porte sur la participation financière de la Bad dans le projet hydroélectrique de Nachtigal, d’un montant glibal d’environ 800 milliards de FCFA. Le consensus est apparu clairement que ce montant est « minimal » pour le secteur privé camerounais. Pour Célestin Tawamba, le Président du Gicam, « la Bad donne l’impression d’être une institution financière au service du secteur public et des États ». Ce, au regard de l’impressionnante faiblesse des financements impliquant le secteur privé: 6,3% de l’enveloppe totale des interventions Bad au Cameroun. Pourtant, pense le patron des patrons camerounais, « le secteur privé est créateur de richesse et porteur de nombreux emplois ».
Pour se faire, Célestin Tawamba est favorable à « un changement de paradigme, et de vision commune avec la Bad « . Serge N’guessan reconnaît en effet le dynamisme et le caractère particulier du secteur privé camerounais composé de 91 % d’entrepreneurs locaux. La Bad entend désormais résolument inverser cette tendance et accorder davantage d’intérêt au secteur privé camerounais, ce dans un délai de 8 ans, de 2023 à 2030, correspondant à l’opérationnalisation du DSP, le Document de stratégie pays de la Bad pour le Cameroun. Celui en cours arrivant à terme fin 2022. Se propose à travers trois guichets (Guichet Bad secteur privé, Guichet garanties partielles de risque, Guichet garanties partielles de crédit), de réaliser des projets dans les secteurs de l’énergie, l’agriculture, l’élevage, l’industrie, le transport, l’industrie médicale, le numérique, l’assainissement etc….: « la mission nous a permis de retenir les grandes orientations stratégiques pour le prochain Dsp, d’abord en termes d’objectif général de la stratégie, de ses axes, mais aussi de l’horizon à considérer, pour ce qui est du cas du Cameroun », a ajouté Serge N’guessan.
La Banque entend oeuvrer précisément pour la transformation structurelle pour une croissance forte, inclusive et durable, l’industrialisation par la transformation agricole de l’agriculture (axe 1), le capital humain et la gouvernance (axe 2). « La Bad est la première institution de financement des pays en Afrique. Mais n’est pas une banque pour le secteur public exclusivement. Depuis 10 ans, elle a amélioré ses financements au profit du secteur privé qui doit désormais être au centre des interventions de la Bad dans le cadre de partenariats public-privé. Certaines régions du Cameroun sont moins développées que d’autres, et nous voulons un secteur privé ambitieux, innovant, de développement, porté sur des projets structurants, transformateurs et à fort impact pour les populations », pense le Directeur général de la Bad pour l’Afrique centrale.
À la tête du plus important patronat du Cameroun, Célestin Tawamba a adhéré à la nouvelle vision de la Bad à l’endroit du secteur privé camerounais: « je porterai ce message d’espoir auprès des opérateurs économiques afin qu’il y ait une appropriation partagée des intentions de la Bad ». Le Président du Gicam, a par ailleurs profité des travaux Gicam/Bad, pour se prononcer sur les préoccupations habituelles liées au climat des affaires au Cameroun, ainsi que sur les rapports secteur public/secteur privé: fiscalité oppressante, environnement des affaires dissuasif, financements inadaptés, insuffisance de financements, prise en compte quasi-nulle des propositions du secteur privé. En appelant le Directeur général de la Bad pour l’Afrique centrale à être « le porte-parole du secteur privé auprès des pouvoirs publics afin que les créateurs de richesse soient considérés pleinement comme les catalyseurs de la croissance ». Serge N’guessan recevra des mains de Célestin Tawamba, le livre blanc du Gicam.
Dim Dim