Affaire « Bryan Boris Formbor »: deux ans de procédure autour d’un mystérieux décès 

Le Tribunal de grande instance du Mfoundi a une fois de plus renvoyée ce dossier au 29 septembre 2022, alors que la partie demanderesse s’impatiente sur le dénouement définitif du procès qui met face à la justice Cathérine Ivana Essomba, principale suspecte. 

Audience dans le fond manquée ce 31 août 2022 au tribunal de grande instance du Mfoundi. L’affaire « Bryan Boris Formbor », de ce jeune influenceur tragiquement disparu, a une fois de plus été renvoyée par la cour. Cette fois ajournée au 29 septembre 2022, énième renvoi après celui du 12 juillet 2022. La collégialité de second degré a motivé ce nouveau renvoi par l’indisponibilité d’un des membres de la collégialité en congés, indiquant, d’emblée, les dispositions qui devraient être prises pour exploiter les différentes pièces à convictions greffées au dossier. En tout, moins de 10 minutes ont suffit pour le président de céans pour prolonger les attentes des intéressés dans cette affaire à rebondissements dont le dossier judiciaire est inscrit au rôle depuis 2 ans. 

Toutefois, les indicateurs techniques observés  laissent espérer une ouverture de session dans le fond lors de la prochaine audience. Sur le plan logistique, notamment. Un téléviseur a été installé exceptionnellement  dans la salle d’audience pour permettre le visionnage in situ des images captées  par les caméras surveillance. Images inédites  qui permettront certainement à la Police camerounaise de clarifier les zones d’ombre de l’affaire, et d’interpeller le cas échéant les auteurs de la mort de Boris Bryan Fombor. 

Pour rappel, La nommée Catherine Ivana Obama Essomba présentée au moment des faits comme l’ex-petite amie du jeune jet-setteur, est poursuivie dans ce litige, avec 6 autres personnes detenues à la prison centrale de Kondengui,  pour «assassinat en coaction». Cette dernière comparaîssant libre, pourtant principale suspecte dans le décès de Bryan Boris Formbor. Lors de la phase d’enquête ouverte au lendemain de la tragédie, elle aura, à  la surprise générale, fait un seul mois (30 jours) en cellule, alors que 6 de ses 7 co-accusés continuent de croupir à la prison de Kondengui depuis le 10 juillet 2020. Le 7ème co-accusé étant décédé dans des conditions mystérieuses en prison, d’après les sources pénitentiaires. Ce que les demandeurs considèrent  comme  du « deux poids deux mesures », au regard de la gravité des éléments présomptifs à charge contre elle. Selon certaines sources, l’exploitation des vidéos et le listing des appels de la principale suspecte mettrait sérieusement en mal sa version des faits, tout comme la nature et la qualité des personnes incriminées dans cette affaire.

D’après d’autres indiscrétions, les mis en cause ne seraient pas de parfaits inconnus qui se sont retrouvés sur le lieu du crime par un simple concours de circonstance, comme ils laissent entendre. Si les membres de la famille du jet-setteur estiment que la présumée principale suspecte ne dit pas tout ce qu’elle sait sur l’affaire, le ministère public quant à lui pense qu’ Ivana Essomba sait très exactement ce qui s’est passé lors de cette fatidique nuit du 4 au 5 juin 2020, au quartier « omnisport » de Yaoundé. «Le tissu de mensonges et les contradictions entretenues par l’accusée autour des faits démontrent à suffire sa volonté d’empêcher la manifestation notamment les conditions réelles de la mort de Bryan Boris Formbor dont elle a été l’actrice principale. Elle a bel et bien pris une part active à la réalisation du crime déploré» souligne-t-il. 

L’on se souvient d’ailleurs qu’au moment des faits, qu’Ivana Essomba dans un direct Facebook enregistré au lendemain des événements, disait que Bryan Boris Formbor est arrivé chez elle aux alentours de 23h 30 minutes  pour lui demander de lui prêter de l’argent. Parvenu devant son domicile, il se serait garé sur le trottoir et serait resté dans la voiture. Il aurait été rejoint quelques minutes plus tard, par la jeune femme et, alors qu’ils discutaient, des individus non identifiés descendus d’une moto, se seraient dirigés vers eux. Pris de peur, Bryan Formbor aurait alors engagé une manœuvre et se serait enfui, percutant la moto dans sa course. Poursuivi par des motocyclistes qui l’accusaient d’avoir malmené leur collègue, il sera rattrapé quelques kilomètres plus loin, extrait de force du véhicule et poignardé à plusieurs reprises. Ivana Essomba  affirmera d’ailleurs que n’aurait été la foule qui s’est vite formée lors des faits, elle n’aurait pas eu la vie sauve. Elle s’en tirera néanmoins avec un ongle cassé et un t-shirt tâché de sang. 

Par contre, selon le rapport  de la police auquel « Jeune Afrique » a eu accès, leurs dépositions sont truffées d’incohérences et font apparaître que les inculpés se sont concertés et que la  décision d’éliminer Bryan Formbor a été prise longtemps à l’avance.  Dans quel but ? Quel secret  préjudiciable détenait-il au point où l’éliminer était la seule solution ? Des questions que seuls les mis en cause pourraient avoir des réponses. Toujours d’après certaines indiscrétions, l’exploitation du listing téléphonique cette nuit contredirait la version d’Ivana Essomba. Tout en espérant que justice soit rendue pout Bryan Formbor au cours de l’audience du 29 septembre prochain, la famille, les amis et proches du jeune jet-setteur croisent les doigts, en attendant l’entrée dans le fond du dossier judiciaire par les juges du tribunal de grande instance du Mfoundi.

Gad Samy