Alors que la SNH, à travers son Administrateur Directeur Général, s’active à démontrer sa non-implication dans ce scandale, l’actuel Directeur général de la Société nationale de raffinage n’a effectué aucune sortie y relative. C’est l’un de ses prédécesseurs, Charles Metouck, qui a apporté un démenti sur les faits de corruption d’agents de la Sonara dans les transactions avec le négociant Anglo-Suisse.
De quel côté se situe la vérité sur l’affaire «Glencore», Les doutes relatifs à ce nouveau dossier de gouvernance et de gestion au sein d’une entreprise publique camerounaises persistent en effet au regard des récents développements autour. Depuis 2018, le groupe Anglo-Suisse de négoce en produits pétroliers, est en effet sous le coup de graves accusations de corruption et de manipulation de marchés en Afrique et en Amérique latine. Parmi les pays impliqués, d’après une enquête rondement menée par la justice américaine et le Serious Fraud Office (SFO) en Grande-Bretagne, figure le Cameroun.
D’après le Bureau Londonien du SFO, et suite à des enquêtes pour des faits identiques lancés en 2019, Glencore aurait versé au moins (10) dix millions d’euros en pots-de-vin à des agents de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de la Société nationale de raffinage (Sonara). Soit environ 6,5 milliards de FCFA. Glencore a finalement reconnu sa culpabilité, acculé par le Département Américain de la justice. Pour se faire, le groupe accepte par ailleurs de s’acquitter de 700 millions de dollars d’amende. Le négociant doit en outre régler une pénalité de 486 millions de dollars pour manipulation de prix sur les marchés pétroliers. Malgré ces aveux actifs, les acteurs locaux concernés dans ce dossier brûlant se dédouanent les uns après les autres.
Dans un communiqué du 30 mai 2022, l’Administrateur Directeur Général de la SNH, dément toute implication de l’entreprise dont il a la charge: «la Société Nationale des Hydrocarbures a été informée, par voie de presse, de ce que la Société Glencore International AG et ses filiales auraient reconnu, auprès des autorités américaines et britanniques, avoir corrompu des agents publics de plusieurs pays, parmi lesquels ceux de la SNH, au Cameroun. À cet égard, il est porté à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la SNH n’est, ni de loin ni de près, associée a de telles pratiques, strictement interdites par son Règlement Intérieur», réagi Adolphe Moudiki.
Si du côté de la SNH, on se défend, en attendant une réaction probante des autorités américaines et anglaises, les responsables de la Sonara restent étrangement muets. Depuis les geôles de la Prison centrale de Kodengui où il est incarcéré depuis 2013, Charles Metouck. Directeur général de cette entreprise au moment des faits, il apporte également des éclairages défensifs : «Je n’ai jamais signé un quelconque contrat avec la société Glencore tout au long de mon séjour à la tête de la Sonara et il n’y a jamais eu, du reste, de signature de contrat permanent avec quelconque fournisseur de brut ou acheteur de produits pétroliers… », affirme l’ancien manager en disgrâce.
Désormais, les regards sont tournés vers l’actuel top management de la Sonara pour d’éventuels éléments de clarification. Près d’une semaine après ce coup de tonnerre, Claude Simo Njonou, en sa qualité de Directeur général de cette entreprise, reste en effet muet. Est-ce un choix délibéré ? Des cadres de ces deux entreprises auraient-ils trempé dans des faits de corruption avec Glencore ? Ces deux entreprises diligenteront-elles des enquêtes internes ? Le Ministère public ouvrira-t-il une information judiciaire sur ce dossier? Des questions pertinentes qui fusent, d’autant plus que les faits de corruption engagent un corrupteur et un corrompu. À suivre.
Georges Semey