19 février 2025

Ajustement structurel: ce que le Fmi demande à Yaoundé, malgré un décaissement attendu de 74,97 milliards de FCFA

(Georges SEMEY). Bien qu’ayant débloqué cette importante enveloppe représentant les décomptes, au titre du programme quadriennal appuyé par la Facilité élargie de crédit (Fec), du mécanisme élargi de crédit (Medc), ainsi que de la deuxième revue du programme appuyé par la facilité pour la résilience et la durabilité (Frd), l’institution de Bretton Woods maintient la pression sur le Cameroun: poursuite des réformes structurelles, amélioration de la gouvernance dans les industries extractives, assainissement du climat des affaires, restructuration de la Sonara etc…

Suite à la mission effectuée du 3 au 16 octobre 2024, par son équipe dirigée par Cemile Sancak, Cheffe de mission pour le Cameroun, le Fonds monétaire international (Fmi) a rendu son verdict, il y’a quelques jours. Yaoundé bénéficie, suite à la conclusion d’un accord de financement, d’un déblocage de 55,2 millions de Droits de tirage spéciaux (Dts), soit 73 millions de dollars, correspondant à une enveloppe de 45,99 milliards de FCFA, au titre des accords Facilité élargie de crédit et du Mécanisme élargi de crédit ( Fec-Medc), et de 34,5 millions de Droits de tirage spéciaux, soit 45,6 millions de dollars, au titre de l’accord Facilité pour la résilience et la durabilité (Frd), équivalent à la somme de 28,98 milliards de FCFA. Soit au total 74,97 milliards de FCFA.

« Le budget a été adopté par le Parlement en décembre conformément aux objectifs fixés dans le cadre du programme appuyé par le FMI en faveur du Cameroun et reste en ligne avec la politique budgétaire relative aux élections présidentielles prévues en 2025. L’un des principaux objectifs reste de dégager l’espace nécessaire à l’investissement productif et social et de faire progresser les réformes sur le plan de la lutte contre la corruption. Les résultats du programme sont globalement satisfaisants. Certaines réformes ont été retardées et les autorités auront á redoubler d’efforts pour achever les travaux sur les mesures relatives à la gouvernance dans le secteur des industries extractives, au climat des affaires, à la réforme des entreprises publiques et à la gestion des finances publiques », à indiqué Cemile Sancak.

Selon le Fmi après cette mission, la reprise économique au Cameroun s’est poursuivie, mais la croissance reste modérée, en s’établissant à 3,2 % en 2023 et devrait se redresser pour atteindre 3,9 % en 2024. L’inflation moyenne sur douze mois s’est établie à 4,6 % en novembre 2024 (7,5 % en 2023). Concrètement, les résultats du Cameroun en 2024 prévoient des perspectives budgétaires positives pour 2024, avec un objectif de déficit primaire non-pétrolier de 2 % du Produit intérieur brut (Pib), en amélioration par rapport aux 2,5 % du Pib de 2023 (et aux 3,9 % du Pib en 2022).

Cemile Sancak

Également, selon le même rapport, le pays a connu une augmentation au premier semestre 2024, de ses recettes non-pétrolières. Hausse de 5 %, ce grâce aux bons résultats de l’impôt sur les sociétés et des impôts indirects. Quant aux prévisions de croissance, elles restent inchangées, à environ 4 % en 2024 et augmentent progressivement, à environ 4,5 % à moyen terme. Selon le Fmi, l’inflation devrait tomber à 4,4 %, d’ici la fin de 2024 et atteindre progressivement le critère de convergence de 3 % de la Cemac d’ici 2026. « Les dépenses inférieures aux attentes sont dues à des retards dans les projets d’investissement, une difficulté récurrente qui pèse sur les perspectives de croissance.
Les perspectives sont globalement positives sous réserve de la poursuite de la mise en œuvre des réformes et du maintien de conditions extérieures favorables »,
renseigne le Fmi.

Toutefois, Yaoundé devrait montrer des gages de stabilité et de progrès dans la gestion de ses finances publiques. Le Fmi émettra, dès lors, des réserves suite à des manquements à corriger par le Cameroun: retards enregistrés dans la mise en œuvre du programme de réformes structurelles, efforts pour achever les mesures importantes prévues dans le programme relatif à la gouvernance dans le secteur des industries extractives, au climat des affaires, à la réforme des entreprises publiques et à la gestion des finances publiques, afin d’atteindre les objectifs ambitieux de la Stratégie nationale de développement (Snd30), faire avancer les travaux en suspens de longue date sur le plan de restructuration de la Société nationale de raffinage (Sonara), la révision de la loi de 2013 afin de rationaliser les incitations à l’investissement.

Il est également question pour les autorités Camerounaises de poursuivre, dans le cadre de l’accord Frd, l’amélioration du cadre de la politique climatique, à travers la mise en place d’un plan national sur le climat, peaufiner une stratégie nationale pour le financement des risques de catastrophe, et renforcer la gouvernance et de la durabilité du secteur forestier etc….

«L’équipe des services du Fmi s’est entretenue avec le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, le ministre d’État, secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, et d’autres hauts fonctionnaires. La mission s’est également entretenue avec des représentants des partenaires au développement, de la communauté diplomatique, du secteur privé et de la société civile », a conclu la Cheffe de mission pour le Cameroun Cemile Sancak.

Il est à rappeler que les accords au titre de la Fec et du Medc ont été approuvés par le conseil d’administration du Fmi pour un montant total de 483 millions de Dts (soit 689,5 millions de dollars) en juillet 2021. Ensuite, le Cameroun a obtenu une prolongation de douze (12) mois de ces accords. Prolongation approuvée en décembre 2023, afin de donner plus de temps aux autorités pour mettre en œuvre les mesures et réformes. Dans le même sillage, l’accès aux ressources a été augmenté de 110,4 millions de Dts (147,6 millions de dollars). Concernant l’accord de 18 mois au titre du Frd, il a été approuvé par le conseil d’administration du Fmi, en janvier 2024, pour un montant de 138 millions de Dts (183,4 millions de dollars).

Laisser un commentaire