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Arrêt des importations: Jusqu’où ira la menace du Gicam ?

Les entreprises membres de ce mouvement patronal sont partagés entre une hausse répercutée des prix des produits de consommation ou l’arrêt pur et simple des importations vers le Cameroun. L’ultimatum prend effet à compter du 1er janvier 2022, si l’Etat du Cameroun ne cède pas à ses principales doléances dont celle portant sur de l’octroi de subventions partielles.

Voici ce que vaut le Groupement interpatronal du Cameroun : 750 entreprises et une vingtaine d’organisations socio-professionnelles, 76,8 % du chiffre d’affaires des entreprises modernes au Cameroun, 54,3% des effectifs d’employés, une contribution de plus de 70% aux recettes fiscales. Cette organisation socio-professionnelle et industrielle est incontestablement la plus influente et la plus puissante des organisations patronales du Cameroun. Depuis le 1er octobre 2021, le Gicam agite le mouchoir d’une hausse généralisée des prix des denrées de consommation. Faisant raviver les souvenirs des «émeutes de la faim» de février 2008. Face au Ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, le groupe patronal relevait pertinemment la hausse des prix des produits à l’importation, ainsi que ceux du fret. Conséquences de la persistance des  restrictions dues à la pandémie de covid-19. Provoquant de facto de graves conséquences sur la production et le fonctionnement des entreprises camerounaises: licenciements, banqueroutes, cessation temporaire d’activités, perturbations dans les commandes, difficultés d’approvisionnements, pertes de clients et de contrats etc…

Quasiment tous les secteurs de l’économie sont impactés par une hausse des coûts de production ou d’approvisionnement: fret (+ de 400 % de hausse), clinker (+ de 80%), le blé dur (+ de 40%), huile de palme (+ de 65%), les engrais (+ de 72%), le maïs (+ de 72%), l’orge (+ de 65%) etc. Ces chiffres de la montée rapide des produits et services à l’importation avaient été rendus publics ce 1er octobre 2021, par Célestin Tawamba, le Président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), lors d’une rencontre de crise avec le Ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Face à cette inflation, le groupement proposait au gouvernement deux alternatives principales: une répercussion intégrale de la hausse des coûts de production sur le prix de vente ou le partage des charges entre l’Etat, les entreprises et les consommateurs.

Taxes

«Nous voulons préserver la paix sociale et maintenir le fragile équilibre industriel du Cameroun. C’est la raison pour laquelle j’en appelle au sens des responsabilités des entreprises, des consommateurs et des populations», indiquait le Président du Gicam. L’institution sollicitait par ailleurs de l’Etat du Cameroun, un ajustement limité des prix de vente, des subventions partielles, des allègements fiscaux (réduction du taux de TVA, allègement ou suspension de l’acompte dans certains secteurs, suspension des contrôles etc.), la suspension des taxes parafiscales et de certaines taxes portuaires, la réadaptation des appuis Covid 19 au secteur stratégique, la réactivation et/ou le maintien en 2022 des mesures exceptionnelles instaurées en 2021. Lors d’une autre concertation sur «la flambée des prix» tenue le 9 novembre 2021, les entreprises membres du Gicam, qui ne seront plus en mesure de s’ajuster, ont décidé de «l’arrêt des activités d’importation et de production au 1er janvier 2022». 

À l’occasion de la 3ème édition de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat au Cameroun, le Gicam a de nouveau révélé ses intentions au Ministre des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa), Achille lll Bassilekin, venu au sein de ce patronat procéder au lancement de cet événement. «La crise sanitaire qui sévit depuis 2019 a remis en exergue les risques d’une économie extravertie comme la nôtre. Ainsi, du fait de notre dépendance à l’importation, tant des matières premières que des produits finis, notre économie est en passe de faire face à l’une des crises les plus importantes de son histoire. En effet, la difficulté des entreprises et des importateurs à répercuter la hausse des coûts d’approvisionnement et l’absence d’un accompagnement des pouvoirs publics, aura pour corollaires un arrêt d’activités de la part des entreprises, un défaut d’approvisionnement des marchés et des pénuries aux conséquences sociales regrettables», a renchéri le Président du Gicam.

Le Cameroun compte officiellement 34.688 entreprises modernes d’après le recensement effectué par l’Institut national de la Statistique en 2018. La réalité indique toutefois, l’existence de plus de 100.000 entreprises de diverses tailles dans les 10 Régions.  Concernant, les groupes patronaux, hors Gicam, le paysage patronal camerounais est constitué du Mecam (Mouvement des entreprises du Cameroun), d’Ecam (Entreprises du Cameroun), du Syndustricam (Syndicat des industriels du Cameroun) etc…

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