Bdeac: les États peinent à libérer 13,5 milliards de FCFA du capital augmenté
Quatre pays de la Cemac tardent à verser leur quote-part libérable au sein de l’actionnariat de la Banque. Au 31 décembre 2020, le total versé par les 6 États de la Cemac s’élève à 47,5 milliards de FCFA. C’est en 2014 que le capital de la Bdeac est officiellement passé de 250 milliards de FCFA à 1200 milliards de FCFA.
Parmi les résolutions ayant sanctionné les travaux de la 16ème session ordinaire du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac), tenus le 14 avril à Douala, figurait celle relative au fonctionnement de la Bdeac (Banque de développement des États de l’Afrique centrale). Le Comité de pilotage de cette instance sous-régionale présidée par Rigobert Roger Andely, le Ministre des finances, du budget et du portefeuille public de la République du Congo, a instruit les 6 États membres de la Cemac, «de libérer leur part au capital augmenté de la Bdeac afin de permettre à cette institution de jouer pleinement son rôle dans le financement des projets communautaires».
Cette recommandation intervient au lendemain de la désignation, à la tête de la Bdeac, du camerounais Dieudonné Evou Mekou, à la place de Fortunato Ofa Mbo Nchama, l’Équato-guinéen. C’est en 2014, que la décision d’augmentation du capital a été prise par Michaël Adandé, le Président d’alors. «Les besoins sont énormes, il faut devoir les couvrir en terme de financement en vue d’accompagner les Etats dans leurs efforts de développement», avait-il déclaré. Malheureusement, les États tardent effectivement à débloquer les fonds de constitution du capital augmenté de la Bdeac, prévu pour passer officiellement de 250 à 1200 milliards de FCFA de capital social autorisé.
Le capital souscrit par la Bdeac au 31 décembre 2019, s’élève à 1036,5 milliards de FCFA. Le capital appelé quant à lui est de 107,7 milliards de FCFA. Le capital sujet à appel est arrêté à la somme de 929,4 milliards de FCFA. Pour rappel, les 6 États membres de la Cemac titulaires des actions de la catégorie A détiennent conjointement 50,88% de parts, à raison de 8,48% par État (610,5 milliards de FCFA). Les actionnaires de catégorie B sont composés de la Banque des États de l’Afrique centrale (33,4%), la Banque Africaine de Développement (0,25%), la France (0,83%), la Libye (0,63%), le Koweït (0,08%), le Maroc (0,20%), la Commission de la Cemac (0,08%), le Fsa (0,08%) et la Badea (0,08%). Les actionnaires de catégorie B ont intégralement versé leur quote-part libérable à hauteur de 428,03 milliards de FCFA.
Dans les détails, au 31 décembre 2020, le Cameroun a libéré une quote-part de capital évaluée à 10,1 milliards de FCFA. Avec un capital libérable restant de 72,8 millions de FCFA. La Centrafrique a libéré une quote-part de 3,2 milliards de FCFA. Les obligations statutaires restantes de Bangui pour libérer totalement son capital augmenté s’élève à 6,9 milliards de FCFA. Le reste dû par le Congo est évalué à 3,2 milliards de FCFA, pour une quote-part libérable versée de 6,9 milliards de FCFA. Le Gabon et la Guinée Équatoriale font office dactionnaires exemplaires. Les deux pays affichent des quotes-parts libérables intégrales de 10,17 FCFA et des quotes-parts libérables restantes nulles. Quant au Tchad, sa quote-part libérable versée est de 6,9 milliards de FCFA. Le montant restant dû s’élève à 3,2 milliards de FCFA. Relevons que ces quote-part ont été versées au premier trimestre 2021. Soit un total de quote-part libérable restant de 13,37 milliards de FCFA, à verser par le Cameroun, le Congo, la Centrafrique et le Tchad.
La Bdeac est financièrement engagée dans plusieurs projets sous-régionaux figurant dans le portefeuille PER Cemac. L’institution débloquera à terme 6,1 milliards de FCFA pour le projet de construction de la voie express Lolabe-Campo au Cameroun, le projet de construction de la route Kogo-Akurenam du corridor Bata-Libreville pour un montant de 40,1 milliards de FCFA, ou le projet d’interconnexion du réseau de fibre optique entre le Cameroun et les autres pays de la Cemac (5,5 milliards de FCFA). Créée en 1975, la Bdeac regroupe six pays: le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. La Bdeac est spécialisée dans le financement des projets de développement, les études et les prises de participation dans le capital de certaines entreprises stratégiques.
Georges Semey