Le déblocage de cette enveloppe au titre de la première revue de la Facilité élargie de crédit et du Mécanisme élargi de crédit entre les deux partenaires est conditionné par le respect de certains engagements par le gouvernement camerounais. Après une mission de près de deux semaines, l’institution de Bretton Woods prévoit l’effectivité de cet financement pour février 2022.
«L’équipe des services s’est félicitée des efforts déployés par les autorités pour avancer dans leur programme de réformes structurelles. Les évolutions notables concernent des modifications apportées à la gestion des finances publiques, s’agissant notamment de la formulation et l’exécution du budget, des passations de marchés publics et de la gestion des dépenses en capital, ainsi qu’à la gestion de la trésorerie et de la dette publique…»: c’est l’une des réactions d’Amadou Sy, le Chef de mission du Fonds Monétaire International (FMI), au terme d’entretiens menés avec les autorités camerounaises. Lesdits entretiens qui relevaient des consultations de 2021 portaient sur l’article IV, et sur la première revue des accords au titre de la Facilité élargie de crédit (Fec), ainsi que du Mécanisme élargi de crédit (Medc). Pendant 20 jours, le Cameroun et le FMI ont ainsi effectué, à distance, l’évaluation des performances économiques du, et l’état de la relation entre les deux parties.
«Les perspectives économiques demeurent positives mais elles sont entourées de grandes incertitudes. En supposant que la pandémie perdra progressivement du terrain, la reprise qui s’est enclenchée en 2021, portée par le secteur non pétrolier, devrait se poursuivre, avec des taux de croissance atteignant 4,5 % en 2022 et dépassant 4,8 % à partir de 2023. Le déficit budgétaire (sur la base des ordonnancements) devrait s’établir à 3,2 % du PIB en 2021, ce qui est globalement conforme aux objectifs de la loi de finances rectificative (Lfr) approuvée en juillet 2021. Les recettes pétrolières projetées pour 2021 se situent au-dessous du niveau escompté mais ce manque à percevoir sera compensé par la relative solidité des recettes tirées des secteurs non pétroliers et par la maîtrise des dépenses», a indiqué le Chef de mission Fmi.
Apurement des dettes croisées
Malgré ces indicateurs optimistes, le Fmi a requis à l’endroit du Cameroun, des efforts supplémentaires pour une inscription budgétaire de toutes les recettes et les dépenses, des réformes structurelles afin de favoriser la participation d’une plus grande part de la population à l’activité économique,la réduction des risques budgétaires, une meilleure gestion des entreprises publiques, une maîtrise des passifs conditionnels, l’accélération du processus de restructuration de la Société nationale de raffinage (Sonara) et l’apurement des dettes croisées entre les entreprises publiques et l’État. Le bailleur de fonds de Bretton Woods s’appuie sur un ralentissement de la croissance économique en 2020 (0,5%), constate un rebond en 2021 (éventuellement à 3,5 %), et une inflation modérée. Le Fmi sollicite par ailleurs du Cameroun, l’accélération des réformes destinées à exploiter le potentiel de l’économie, l’implication du secteur privé dans la promotion de la croissance et de l’emploi, ainsi que dans la réalisation des objectifs de la SND 30, le renforcement du dialogue avec les entreprises, l’amélioration du climat des affaires et la gouvernance.
Au terme de plusieurs séances de travail, un accord a été conclu entre avec les autorités camerounaises concernant les mesures économiques et financières qui pourraient favoriser l’approbation de la première revue des accords au titre de la Fec et du Medc. «L’achèvement de la première revue par le conseil d’administration du Fmi en février 2022 permettrait le décaissement de 82,8 millions de Droits de tirages spéciaux (Dts), soit environ 115.7 millions de dollars. «La mission a insisté sur le fait que la réalisation d’une croissance forte, durable et inclusive passerait par une intensification des réformes structurelles afin d’améliorer la gouvernance et la transparence. À cet égard, elle s’est félicitée des récentes mesures prises par les autorités en vue de renforcer la gouvernance et d’honorer ainsi les engagements pris dans le cadre de la facilité de crédit rapide du FMI, notamment la publication du rapport d’audit des dépenses liées à la Covid-19 en 2020. La mission a également salué la publication du rapport 2019 au titre de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie)», mentionne le communiqué.
Correction de stratégie
L’Etat du Cameroun et la mission du Fmi se sont accordés sur des objectifs de politique budgétaire conçus pour préserver la viabilité des finances publiques à long terme, tout en soutenant la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (Snd 30). Le gouvernement camerounais envisage ainsi réduire progressivement son déficit budgétaire. D’après le communiqué de fin de mission, le Cameroun s’est engagé à faire passer ledit déficit de 3,2 % en 2021 à 2 % en 2022. Les perspectives pour 2024 se fixe au-dessous de 1 %, pour un objectif de maîtrise de la dette publique sous la barre des 50 % du Produit intérieur brut (Pib). Les deux partenaires ont, à cet effet, décidé de corriger leur stratégie de recettes à moyen terme. Sont ainsi visés, l’accroissement des recettes tirées du secteur non pétrolier, l’élargissement de la base d’imposition, le contrôle et l’efficience des dépenses publiques en rapport avec le Snd 30, l’amélioration de la politique fiscale «afin d’aider le pays à atteindre son potentiel de recettes», précise le communiqué final.
Dans ce sillage, le gouvernement camerounais est disposé à élaborer une stratégie d’inclusion financière, l’incorporation dans le budget 2022 d’une annexe spécialement consacrée à la budgétisation sensible au genre, la protection des tranches pauvres et vulnérables de la population, la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale avec l’aide des partenaires pour le développement etc… La mission du FMI s’est entretenue avec le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, le Ministre d’État et Secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, le Directeur national de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Eugène Blaise Nsom, des représentants de partenaires pour le développement, de la communauté diplomatique, du secteur privé et de la société civile.
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