Site icon Ripostes

Cemac: comment la Beac a obtenu 100 milliards de FCFA de dividendes à redistribuer aux 6 États de la zone

(Georges SEMEY). Bons résultats laissés par Abbas Mahamat Tolli, envolée des transferts de devises en lien avec la nouvelle réglementation de changes, intérêts et produits nets payés par les États membres sur leurs créances consolidées, intérêts produits par le compte d’opérations etc…. Ce sont quelques facteurs qui ont boosté les performances de la banque centrale depuis 2020, après l’effectivité de la nouvelle réglementation de change.

À la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), on abuse volontiers de superlatif pour cette opération inédite: « la Banque des États de l’Afrique Centrale vient encore de marquer l’histoire en procédant à un virement exceptionnel (…) de dividendes à ses six États actionnaires », se réjouit le dépositaire central de la sous-région. Au total, une enveloppe de 100.370.171.988 de FCFA redistribuée au Cameroun, au Congo, Gabon, à la Guinée équatoriale, à la République Centrafricaine et au Tchad. Une importante bouffée d’oxygène pour les six (6) pays de l’Afrique centrale, frappés de plein fouet par une crise aux implications endogènes et exogènes, impactant les équilibres budgétaires respectifs.

Selon la Beac, « l’année 2024 été particulièrement fructueuse », d’ou cette répartition effectuée conformément aux critères statutaires. Critères qui prennent généralement en compte des facteurs tels que la circulation fiduciaire dans chaque pays et leur contribution effective aux résultats globaux de la Beac. « La plupart des pays ont été confrontées à des déficits budgétaires et, pour certains, à un gel des décaissements du Fonds Monétaire International vers la fin de l’année 2024 », constate la Beac.
Ces ressources extra-budgétaires offrent des marges de manœuvre aux différents Trésors publics. Ce qui leur permet potentiellement de faire face à des dépenses urgentes ou de relancer les réformes structurelles. Réformes rappelées par les Chefs d’État lors du sommet extraordinaire du 16 décembre 2024, à Yaoundé.

Yvon Sana Bangui

Yvan Sana Bangui, le Gouverneur de la Beac,
a rappelé à cette occasion, que la mission première de l’institution, est de maintenir la stabilité des prix et de soutenir la stabilité financière. En outre, il fera observer que la réalisation de bénéfices n’est pas un objectif principal en soi. Il a cependant précisé qu’une bonne gouvernance au sein de la banque centrale est fondamentale pour créer un environnement propice à une gestion saine et efficace de ses opérations et de ses actifs. « Cette gestion rigoureuse renforce la crédibilité de l’institution, préserve son indépendance et améliore sa capacité à atteindre ses objectifs fondamentaux de politique monétaire et de stabilité financière, ce qui peut, à terme, se traduire par de meilleurs résultats financiers », pense le Gouverneur de la Beac.

Toutefois, Yvan Sana Bangui a tenu à relativiser. Ce dernier relève le paradoxe que représente le résultat record de la Beac en 2024, au regard de la fragilité macroéconomique persistante des pays de la zone. « Le succès financier de la banque centrale ne se traduit pas automatiquement par une amélioration de la situation macroéconomique de ses états membres. Il est impératif que les États engagent des réformes structurelles profondes pour redresser et diversifier les économies de la Cemac ».

Abbas Mahamat Tolli

Notons que la courbe des performances records enregistrées par la Beac ne date pas de 2024. En 2023, déjà l’institution affichait un résultat net de 310 milliards de FCFA. Résultat en hausse de 172%, par rapport à celui de l’année 2022. La conjoncture favorable s’explique par la retenue d’une commission de 0,5% et 0,25% que chaque transfert sortant et entrant dans la sous-région, dans le cadre de la dernière réglementation de change, perception de droits sur les intérêts et produits nets payés par les États membres sur leurs créances consolidées, pourcentage sur les intérêts produits par le compte d’opérations, intérêts produits par le compte d’opérations. etc…..

« La complexité des interactions entre la politique monétaire régionale, uniforme par nature, et les réalités économiques nationales, souvent disparates. Cette situation invite à une réflexion approfondie sur l’adéquation de la politique monétaire aux besoins spécifiques de développement de chaque État membre, afin de véritablement traduire la stabilité monétaire en une croissance économique durable et inclusive pour l’ensemble de la zone Cemac », a conclu Yvan Sana Bangui.

Quitter la version mobile