Corridor Douala-Bangui-Douala: enquête autour de l’assassinat en Centrafrique, de Mohamadou Awalou, chauffeur Camerounais
(Georges SEMEY). Le transporteur a reçu une balle dans le thorax, ce 18 novembre 2024. Alors que certaines sources accusent les mercenaires Russes de Wagner opérant en Rca, d’autres, font état d’une embuscade tendue à un convoi qui transportait du matériel Russe, à destination de Bossembele, une localité de l’Ouest Centrafrique. Récit.
Qui a tué le chauffeur Camerounais, Mohamadou Awalou? Deux camps s’affrontent autour de ce décès tragique, survenu le 18 novembre 2024 à Boali, localité située à 60 km de Bangui, la capitale Centrafricaine. Alors que la dépouille du malheureux à regagné le Cameroun, ce 21 novembre pour inhumation, dans la pure tradition musulmane, les transporteurs Camerounais ont observé simultanément, un arrêt d’activités dans toutes les villes frontières entre le Cameroun et la Centrafrique (Garigombo, Kentzou, Garoua-Boulaï, Cantonnier), jusqu’à manifestation de la vérité sur les circonstances de cette tragédie.
Les premières sources sur place, faisaient état d’un tir à bout portant des para-militaires Russes de Wagner, sur le transporteur Camerounais. Dans les détails, d’après ces sources, pour un simple retard dans le transport de marchandises Russes vers la ville de Bossembele, Mohamadou Awalou a été sauvagement brutalisé, puis abattu par balle. Atteint au thorax. Les mêmes informations révèlent que les apprentis du chauffeur assassiné, ont subi des tortures, puis enfermés dans des camions frigorifiques, avant leur transfert à la Gendarmerie de Boali.
La réaction du Syndicat national des
conducteurs routiers du Cameroun (Sncrc), ne s’est pas faite attendre, suite à ces graves événements: «Je tiens à informer tous les membres adhérents et sympathisants de ce syndicat qu’il leur est demandé de marquer un temps d’arrêt pacifique dès ce jour,
mercredi, (…..), en attendant de voir clair sur les modules ayant conduit à l’assassinat de notre camarade, le nommé Mohamadou Awalou, le lundi 18 novembre 2024….. ».
Une version qui tranche avec d’autres, plus favorables aux mercenaires Russes. Selon ces dernières, Mohamadou Awalou a été « victime d’une embuscade dans un village entre Boali et Bossembele, ayant entraîné des blessures par balle ». Une version confirmée par la Gendarmerie nationale Centrafricaine, dans un communiqué de ce 22 novembre 2024. Le chauffeur aurait par conséquent succombé à ses blessures, suite à une attaque de convoi, durant laquelle un membre des instructeurs Russes, en charge de l’escorte, a également été touché mortellement.
«D’après les informations que nous avons, le chauffeur transportait le chargement russe. Nous essayons de faire la lumière sur l’incident, il y a quelque chose qui nous a étonnés. Lorsque le chauffeur est mort, il y a aussi un Russe qui est aussi mort. Nous nous disons qu’il y a peut-être une attaque inopinée sur le convoi, qui a entrainé la mort de ces deux victimes. Nous attendons les résultats de l’enquête du gouvernement qui a déjà ouvert une enquête sur cette embuscade. Comme ça, nous allons faire la lumière sur la mort de ce chauffeur que les gens interprètent d’une autre façon», a réagi Wilfried Dimanche Nguissimalé, Président de l’Union syndicale des conducteurs de Centrafrique (Uscc).
Par ailleurs, dans un courrier adressé à l’Ambassadeur du Cameroun, le Ministre de la défense de la Centrafrique, explique l’incident tragique par «des actes de violence perpétrés contre un véhicule des alliés» (Wagner,Ndlr). Mais plusieurs syndicats de routiers Camerounais dénoncent des violences perpétrées par des éléments des paramilitaires Russes eux-mêmes.
« Nous allons exiger que l’État du Cameroun assure notre sécurité et que l’armée Camerounaise nous escorte jusqu’à Bangui, et ce, jusqu’à ce que la Centrafrique prenne ses dispositions. Nous n’avons aucune garantie quand c’est l’armée centrafricaine ou bien quand c’est l’armée de Wagner qui nous escortent », affirment Al Hadji Djika, président de l’intersyndicale Union pour le transport du Cameroun.
Toutefois la situation reste tendue. Les événements de ce 18 novembre rappellent plusieurs autres dans ce corridor stratégique entre le Cameroun et la Centrafrique. Mais devenu très dangereux au fil des années. Mohamadou Awalou était âgé de 46 ans.