Corridor Douala-Bangui: les 9 revendications qui ont bloqué les échanges entre le Cameroun et la Centrafrique
(Georges SEMEY). Après l’assassinat du chauffeur Camerounais Mohamadou Awalou, le 18 novembre 2024 en République Centrafricaine, les professionnels du transport Camerounais ont cessé toute activité et bloqué la frontière avec ce pays voisin. Heureusement, les échanges de 48 heures déroulés à Yaoundé et Garoua Boulai entre les deux parties, ont finalement débouché sur un consensus in extremis, ce 3 décembre 2024.
Après la concertation de haut niveau entre les Ministres Camerounais et Centrafricain en charge des questions de transports tenue les 2 et 3 décembre 2024, au Cameroun, c’est de nouveau la détente entre Yaoundé et Bangui. La tension était en effet montée d’un cran après la mort par balle, de Mohamadou Awalou, un chauffeur Camerounais, dont la mort est attribuée à des éléments du groupe Russe Wagner, dans la localité de Boali. C’était le 18 novembre 2024. Mort qui a provoqué une cessation d’activités des transporteurs routiers Camerounais, en protestation contre cet incident tragique.
Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe (Ministre Camerounais des transports) et Herbert Gontran Djono (Ministre des transports et de l’aviation civile de la République Centrafricaine), ont examiné les contours de la problématique, autour de 3 points principaux initialement arrêtés et présentés préalablement au Premier ministre Camerounais, Joseph Dion Ngute. Au final, les deux parties ont échangé sur 9 points (non-respect par les États de la libre circulation des biens et des personnes, multiples contrôles tracassiers sur le corridor Cantonnier-Beloko, paiement de 25.000 FCFA d’escorte en aller et retour sur le territoire Centrafricain, paiement d’une amende forfaitaire sur le pont bascule, sécurisation des chauffeurs Camerounais dans les convois, le rapatriement du corps de Mohamadou Awalou, la libération et le rapatriement de l’apprenti chauffeur, et la remise du véhicule à l’origine de l’incident à son propriétaire).
Parmi ces points de crispation, 4 ont été exécutés avant la double concertation. Il s’agit de la mise à disposition aux autorités Camerounaises de la dépouille de Mohamadou Awalou pour inhumation, l’ouverture d’une enquête, la libération du convoyeur et la remise du véhicule à l’origine de l’incident, au représentant du Bureau de gestion du fret terrestre, El Hadj Oumarou.
Sur les 5 autres points restants, les discussions ont été âpres entre le Cameroun et la Centrafrique. Toutefois, un consensus s’est révélé. Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe et Herbert Gontran Djono ont décidé, sur le point relatif au non-respect par le Cameroun et la Rca, de la libre circulation des biens et des personnes, de continuer à travailler ensemble pour garantir la libre circulation des biens et des personnes dans leurs territoires respectifs. En.outre, les deux membres du gouvernement se sont engagés fermement à œuvrer pour la suppression des frais de visas aux frontières de 2.000 FCFA, pour défaut de base légale.
Sur les points relatifs aux multiples contrôles tracassiers entre les localités de Cantonnier et Béloko, deux localités Centrafricaines, ainsi que la sécurisation des chauffeurs Camerounais dans les convois, le Ministre Centrafricain a rassuré son vis-à-vis, sur les dispositions prises par son Gouvernement, afin de renforcer les mesures de sécurité de tous les convois sur le territoire Centrafricain.
Concernant les frais d’escorte de 25.000 FCFA en aller et au retour, payés sur le territoire Centrafricain, le Ministre des transports de la République Centrafricaine a apporté la clarification sur l’origine et l’emploi de ces frais, qui d’après lui, constituent une contrepartie deboursée par les transporteurs, pour la prise en charge des forces de sécurité assurant l’escorte. « Frais dont la nécessité a été reconnue pour la protection des biens et des personnes », justifie le Ministre. Toutefois, il a pris l’engagement de réduction desdits frais pour le tronçon retour, à hauteur de 10.000FCFA.
Pour ce qui est du paiement de l’amende forfaitaire pour le pont bascule, concernant uniquement la partie Centrafricaine, cette dernière estime que cette revendication n’est pas fondée, au regard des dégâts considérables causés sur son patrimoine routier par les camions surchargés. Toutefois, elle a indiqué que des discussions sont en cours pour confier la gestion des ponts bascules à un organisme privé, afin de mieux assurer la protection du patrimoine routier et garantir la sécurité des transports sur les routes de la République Centrafricaine.
Après une seconde séance de travail dans la localité Camerounaise de Garoua-Boulai, ce 3 décembre 2024, le blocus du corridor entre le Cameroun et la Centrafrique a été levé, et le trafic repris, après démantèlement immédiat des barrières érigées à la frontière.
Par ailleurs, les travaux ont débouché sur la résolution de l’organisation des réunions d’évaluation périodiques au sein de la Commission technique mixte Transports, pour veiller à la mise en œuvre des différents engagements et assurer leur suivi.