Crise à la Beac: alors que la Conférence des Chefs d’État est annoncée pour ce 9 février 2024, Blaise Eugène Nsom désavoué par Michel Dzombala
(Ripostes,Georges Semey). Le Vice-Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), désigné par le Directeur général du contrôle général de la Beac, comme celui devant conduire la transition jusqu’à la désignation d’un nouveau Gouverneur, pense que le Camerounais outrepasse ses prérogatives, en plus d’afficher depuis sa prise de fonction, un comportement qui n’honore pas cette institution financière sous-régionale. Évocation.
« Je souhaite vous rappeler d’emblée que le Gouverneur Abbas Mahamat Tolli a été nommé par la Conférence des Chefs d’État de la Cemac. Il appartient donc aux plus hautes autorités de mettre formellement un terme à son mandat, notamment lors de la désignation de son successeur, à moins que les organes de décision de la banque n’en décident autrement comme ils l’ont fait par le passé dans des cas similaires. Dans le cadre de cette affaire, la bonne attitude aurait été de saisir ces organes de décision et d’attendre leurs orientations ». Ainsi a réagi le Congolais Michel Dzombala (Vice-Gouverneur de la Beac), dans sa correspondance, en réponse à Blaise Eugène Nsom, le Directeur général du contrôle général de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac).
En effet, Blaise Eugène Nsom, le Camerounais, avait notifié ce dernier de la fin de mandat d’Abbas Mahamat Tolli, en qualité de Gouverneur de la Beac, à compter du 7 février 2024. Comme Abbas Mahamat Tolli, dans sa réaction à la correspondance principale de Blaise Eugène Nsom, Michel Dzombala affirme clairement que le Directeur général du contrôle général de la Beac est sorti de ses prérogatives, en décidant unilatéralement de fixer les contours de la transition et la passation des pouvoirs entre les Gouverneurs sortant et entrant. « Je vous demande de noter que le démarrage des formalités de passation de pouvoirs est une initiative du Gouverneur sortant qui souhaitait anticiper sur les événements compte tenu de l’imminence de la nomination de son successeur. Elle ne s’inscrivait pas dans une logique visant à faire cesser ses pouvoirs impérativement au terme de la journée du 6 février 2024 », écrit le responsable Congolais.
L’on observe que le Vice-Gouverneur la Beac désavoue Blaise Eugène Nsom, alors que ce dernier relevait dans sa correspondance que le Congolais devait conduire la vacance du poste de Gouverneur de la Beac, jusqu’à la nomination du successeur d’Abbas Mahamat Tolli. Plus déconcertant, Michel Dzombala affirme que sans en référer à lui deuxième personnalité de la Banque, Blaise Eugène Nsom « a décidé une fois de plus de manière unilatérale de décréter la vacance du poste de Gouverneur, en précisant que le Gouvernement de la Banque, désormais réduit à quatre membres est habilité à diriger la Banque ». Ce qu’il réfute également, invitant le Directeur général du contrôle général de la Beac, à se référer aux dispositions statutaires qui confèrent au Gouverneur et non au Directeur général du contrôle général « la compétence de prendre toute mesure d’exécution ou toutemesure conservatoire qu’il juge utile dans l’intérêt de la Banque centrale ».
Par ailleurs, Michel Dzombala invoque l’article 52 des statuts de la Beac, qui prévoient que le Gouverneur est secondé et, en cas d’empêchement ou d’absence, supplée dans l’exercice de ses fonctions par le Vice-Gouverneur: « cette disposition qui ne peut s’interpréter autrement n’est accompagnée d’aucune conditionnalité qui exige que pour être valable, la signature du Vice-Gouverneur, membre du Gouvernement à compétence générale, doit accompagnée selon les cas, soit du visa du Secrétaire général, soit de celui du Directeur général de l’exploitation, qui sont deux membres du Gouvernement à compétence spécifique », note-t-il.
Fort de tout ce qui précède, le Vice-Gouverneur de la Beac conclut que « les dispositions de la lettre n° 052/DGCG/2024 du 6 février 2024 sont nulles et sans effets. De ce fait, elles ne seront pas exécutées par les responsables de la Banque centrale ». Qualifiant « d’inacceptable, ce dictat qui va au-delà des prérogatives que vous confèrent les textes de la Banque centrale et qui contrevient aux dispositions de l’article 4.2 de la Charte d’audit relatif à la non-implication de la Direction générale du contrôle général dans des responsabilités opérationnelles ».
Comme Abbas Mahamat Tolli, Michel Dzombala invite finalement Blaise Eugène Nsom à faire preuve de retenue et de discernement dans ses initiatives: « depuis votre prise de fonction, en qualité de Directeur général du contrôle général, vous brillez sous le couvert de l’indépendance de l’audit interne, par un comportement très éloigné des principes du Code de déontologie de la Direction générale du contrôle général, notamment en ce qui concerne les dispositions de l’article 1.4.4. L’intérêt de la Banque centrale n’est pas de s’accommoder des dirigeants dont le comportement n’honore pas son image ». À suivre.