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Dette publique: Les mauvais payeurs récidivent contre Hysacam

L’Etat et les collectivités territoriales décentralisées capitalisent environ 16 milliards de FCFA d’arriérés de prestations à verser à l’entreprise de collecte, transport et traitement des ordures ménagères. Ce qui équivaut à huit mois d’arriérés de salaire de son personnel, et environ 30% du chiffre d’affaires de la société.

L’accalmie n’aura pas duré longtemps à Hysacam (Hygiène et Salubrité du Cameroun). L’entreprise replonge dans la crise au regard de la dernière correspondance adressée au personnel de cette entreprise par Michel Ngapanoun, le Président Directeur général. Correspondance du 1er octobre 2021. Dans laquelle ce dernier indique que «l’entreprise n’a pas été en mesure jusqu’ici d’honorer la paie du mois d’août 2021, la paie du mois de septembre sera également échue dans quelques jours, nous rendant à deux mois sans salaires».

Michel Ngapanoun évoque comme cause de ce retard «l’accumulation à un niveau intenable des créances sur l’Etat du Cameroun et sur les collectivités territoriales décentralisées….». Lesdites créances, d’après le Président Directeur général d’Hysacam, représentent «huit mois de prestations non payées». Cette mauvaise nouvelle intervient au lendemain de l’acquisition de 100 camions-bennes par Hysacam, pour un montant de 12 milliards de FCFA, auprès du concessionnaire Cami motors Cameroon. Donnant l’impression d’une embellie financière de l’entreprise.

Promesses non-tenues

Bien que le gouvernement et les collectivités territoriales décentralisées ont apuré une partie de leur dette qui s’élevait, décembre 2020, à environ 20 milliards de FCFA, la tension aiguë de trésorerie s’est réinstallée au sein d’Hysacam. Dans sa mission de collecte, transport et traitement des déchets, la société bénéficie en contrepartie de 80% des prestations payées par l’État (Ministère de l’habitat et du développement urbain) et 20% de la facture versée par les villes partenaires de l’entreprise.

Hysacam dispose dans son portefeuille de contrats de partenariat avec plusieurs villes (Douala, Yaoundé, Garoua, Bafoussam, d’Ebolowa, Bertoua, Kribi, Edéa, Limbe, Bamenda, Kumba, Sangmélima, Buea, Meyomessala, Bangangté, Bangou etc…).«Jusqu’à quand l’Etat soutiendra-t-il les collectivités territoriales décentralisées ?», s’interrogeait Michel Ngapanoun, le 20 août 2021, lors de la cérémonie de réception de 100 camions-bennes. À titre de rappel, la dernière crise sociale au sein d’Hysacam remonte à juillet 2021.


«En effet suite aux promesses de paiement de salaires du mois de juin 2021 à nous faites sans succès, nous observerons un arrêt de travail le vendredi 30 juillet 2021 si nos salaires mensuels de juin 2021 ne sont pas positionnés dans nos différents comptes bancaires au plus tard le 29 juillet 2021 (…)Nous observerons encore un arrêt de travail le mardi 10 août 2021 si nos salaires du mois de juin 2021, ne sont pas payés au plus tard le lundi 9 août 2021», indiquait le Syndicat interrégional des travailleurs d’assainissement, propreté et activités connexes du Cameroun (Synitapacc) dans sa correspondance du 28 juillet 2021 adressée à Jean Pierre Ymele, le Directeur régional Hysacam pour le Littoral.

Lire aussi : Edéa 1er: Interrogations autour de 574 millions de FCFA 

Mea culpa

Moins de trois mois après cette poussée de fièvre sociale, Michel Ngapanoun est de nouveau confronté à un feu qui couve: «tout en reconnaissant les sacrifices auquel l’ensemble du personnel consent jusqu’ici, et conscient de ce qu’il ne peut les accepter indéfiniment, je voudrais saluer et en appeler encore et encore à ce sens de responsabilité et à cette conscience aiguë des enjeux de l’activité de collecte des déchets que vous manifestez.

Car toute perturbation peut plonger nos villes dans un état d’insalubrité catastrophique, surtout en ce moment où notre pays prépare la Coupe d’Afrique des Nations qui accueillera des milliers de visiteurs et braquera toutes les caméras du monde entier sur nos villes», a négocié le Président directeur général d’Hysacam dans sa correspondance à son personnel.

Fondée en 1969 par la famille Granjouan, Hysacam devient une filiale française Sita, avant sa complète nationalisation suite à une reprise en 1995, de son capital par des actionnaires camerounais. La structure emploie 5000 agents répartis dans 15 agences du Cameroun, et ses filiales au Bénin et au Liberia. Doté d’un capital de 10 milliards de FCFA, Hysacam dispose de 600 camions, 100 véhicules légers destinés au contrôle de l’activité, et 50 engins lourds pour ses missions de collecte des déchets.

De bonne sources, la dette due à Hysacam pourrait s’élever à environ 16 milliards de FCFA, correspondant à près de 30% du chiffres d’affaires de l’entreprise. «Je voudrais vous rassurer que les démarches que nous avons entreprises auprès des plus administrations concernées pour recouvrer ces créances, et être régulièrement payés sont en bonne voie, malgré les retards qu’elles accusent», pense Michel Ngapanoun.

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