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Développement durable: les priorités de la Banque Mondiale pour valoriser le potentiel du Bassin du Congo

C’est ce samedi 28 octobre 2023 que s’est refermé le sommet des trois bassins (Amazone, Congo et de Bornéo-Mékong), à Brazzaville au Congo. La transformation du capital naturel de cet écosystème, en une source de richesses pour ses habitants a été abondamment évoquée lors de cette rencontre internationale, démarrée le 26 octobre. Rencontre qui a réuni des dirigeants, experts et défenseurs du climat, afin de débattre sur le rôle de ces zones naturelles, sur la subsistance des populations, et leur contribution à réguler le bilan carbone global.

Considéré comme le poumon écologique du monde, le bassin du Congo est de loin, le moins valoriser, que celui de l’Amazone, et du Bornéo-Mékong. Étendu sur six (6) pays (le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo), le bassin du Congo ne reçoit qu’une fraction du financement climatique comparé à l’Amazone ou à la zone du bassin du Mékong. 

Par exemple au Cameroun, les changements de températures, de précipitations et de sécheresses qui affectent les forêts, exposent la population, à une plus grande pauvreté. Ce taux pourrait être divisé par cinq d’ici 2050 et passer ainsi de 15 % à 3 %, si des réformes solides et des investissements climatiques plus importants étaient engagés. En République du Congo, la forêt rapporte 260 millions de dollars en exportation de bois et stocke plus de 44 milliards de tonnes en équivalent-dioxyde de carbone. Dans les zones rurales, la pauvreté pourrait être réduite de 40 % d’ici 2050, grâce à la mise en œuvre de réformes plus ambitieuses pour promouvoir la diversification économique et la résilience climatique. 

« Le rôle des forêts du bassin du Congo est inestimable pour le continent. Souvent surnommées les poumons de l’Afrique, elles représentent le plus important puits de carbone de la planète avec la République du Congo absorbant à elle seule 1,5 % de l’ensemble des émissions annuelles de carbone », affirme Cheikh Fantamady Kante, Directeur des opérations de la Banque Mondiale. Le Sommet des trois bassins a constitué une opportunité unique de reconnaître les forêts tropicales comme ressources vitales pour le climat et la biodiversité mondiale, permettant d’aligner le développement des pays et les priorités climatiques. C’est ainsi que le Banque Mondiale préconise trois priorités essentielles pour les dirigeants d’Afrique centrale et leurs partenaires et pour tracer la voie vers un avenir vert, résilient et inclusif. 

Il s’agit de valoriser les forêts menacées afin de mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable. « Les forêts du bassin du Congo constituent un bien public mondial pour les populations dont la subsistance dépend de la forêt, mais aussi pour le reste du monde. Les rapports nationaux sur le climat et le développement (Ccdr) de la Banque mondiale pour le Cameroun et la République du Congo ont souligné que la richesse des écosystèmes de ces pays ne s’était pas traduite en richesse économique et qu’elle se trouve menacée par le changement climatique et des pratiques non durables », explique Cheikh Fantamady Kante.

La Banque Mondiale propose également un appel pour mettre à profit la comptabilisation du capital naturel: « le capital naturel des pays comprend leurs ressources renouvelables, forêts,  mangroves, pêcheries et terres, ainsi que les actifs non renouvelables, tels que  combustibles fossiles et minéraux. Si les stratégies de développement des pays du bassin du Congo par le passé et encore aujourd’hui ont reposé sur le pétrole et les minéraux, il est désormais nécessaire de mieux refléter l’apport du capital naturel des forêts et des services écosystémiques dans les systèmes de comptabilité nationaux. Il s’agit de la première étape pour améliorer la gestion, la protection et la conservation des forêts par le biais d’un financement climatique fondé sur les résultats, avant de réformer le secteur forestier et se préparer à entrer sur les marchés du carbone », ajoute le Directeur des opérations de la Banque Mondiale.

Pour ce faire, l’institution de Bretton Woods collabore avec ses partenaires, dont l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi), les Fonds d’investissement climatiques (Cif), ainsi que les partenaires régionaux dont le partenariat pour les forêts du bassin du Congo, entre autres. Ce, afin d’établir une plateforme et valoriser les actifs naturels des pays tout en mettant à profit un financement climatique durable permettant aux communautés locales de générer des revenus et contribuer à l’économie forestière.

Par ailleurs, la Banque Mondiale soutient le recentrage des stratégies d’adaptation et d’action climatique sur la population. « Plus de 75 millions de personnes dépendent de la riche biodiversité et des écosystèmes des forêts du bassin du Congo. Mettre les populations au centre de l’action climatique et de l’adaptation est essentiel pour neutraliser les pires impacts des chocs climatiques, et leur donner les moyens d’engager le changement vers une transition verte, résiliente et inclusive », termine Cheikh Fantamady Kante.

Rappelons qu’il a été diagnostiqué lors du sommet de Brazzaville que les pays du bassin Congo font face aujourd’hui à la hausse de leur dette, à une inflation élevée, à des conflits et aux effets du changement climatique. La croissance régionale, dans l’ensemble, a été insuffisante pour réduire l’extrême pauvreté et créer de l’emploi. En réponse à ces défis interdépendants, il est urgent pour ces pays de diversifier leurs économies et trouver des moyens innovants pour leurs importants besoins en matière de développement et de finance climatique.

Jean Adoul

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