3 juin 2025

Droit à l’alimentation et agriculture sensible: face à la sonnette d’alarme sur la malnutrition chronique en Afrique centrale, les parlementaires de la sous-région s’outillent

(DIM DIM). Un événement facilité par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), avec le soutien de la Coopération Espagnole et du gouvernement Allemand. Déroulé à Brazzaville le 28 avril 2025, l’événement a également rassemblé des représentants des organisations internationales, des universitaires ou des acteurs de la société civile, dans une réflexion commune sur les solutions nécessaires pour combattre la faim et la malnutrition en Afrique centrale.

Il s’agit particulièrement de renforcer les capacités des parlementaires et autres acteurs multisectoriels, à comprendre le caractère holistique des réponses à apporter aux niveaux national et sous-régional, dans la formulation des politiques sensibles à la nutrition. C’est ce qui justifie l’objectif de cette formation sous-régionale sur le droit à l’alimentation et l’agriculture sensible à la nutrition, achevée le vendredi, 25 avril 2025 dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale de la République du Congo

Durant trois (3) jours, les échanges ont souligné l’importance de la dimension nutritionnelle dans la sécurité alimentaire, ainsi que l’importance de l’agriculture sensible à la nutrition pour garantir le droit à une alimentation adéquate pour tous. « La Fao a démontré que la garantie du droit à l’alimentation doit être une boussole pour les États, dans l’élaboration des politiques et stratégies aux échelles nationale et sous-régionale. Ainsi, le droit à l’alimentation est « un droit pour tous, une faim pour personne », explique un expert du Fao.

Les gouvernements et les parties prenantes sont donc appelés à agir pour transformer les systèmes alimentaires, par le prisme du droit à l’alimentation qui est un droit humain. De ce point de vue, nourrir les populations implique d’agir sur l’ensemble des étapes, de la production à la consommation, en intégrant les relations humaines, institutionnelles et environnementales, et en veillant à leurs effets sur la santé et la nutrition.

Piste de solutions

Pour y parvenir, il est essentiel de transformer et d’améliorer les institutions, les infrastructures, les règlements et les marchés qui structurent les systèmes alimentaires. Aussi, les ressources investies doivent également être optimisées pour rendre ces systèmes plus équitables et durables. Ces transformations doivent bénéficier, aussi bien aux travailleurs qui tirent leurs moyens d’existence de ces systèmes, qu’aux consommateurs, qui achètent les aliments.

Les assises de Brazzaville, visent aussi à accompagner les pays membres, à mieux comprendre les principes de l’agriculture sensible à la nutrition. Cela implique une meilleure organisation des États et des parties prenantes pour formuler des politiques d’intervention dans le cadre du Réseau des Alliances parlementaires d’Afrique centrale pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (Rapacsan).

Un tableau de la situation de la malnutrition qui appelle à agir

Selon la Fao, près de 40% des enfants de moins de cinq (5) ans en Afrique centrale, souffrent de malnutrition chronique, et 60% de la population de cette sous-région, vit sous le seuil de pauvreté. Ces statistiques soulignent l’urgence de mettre en œuvre des solutions efficaces et concertées.

La formation de Brazzaville a offert aux participants, l’opportunité de renforcer leurs connaissances sur plusieurs thématiques essentielles. Notamment, la concrétisation du droit humain à l’alimentation, tel qu’inscrit dans des textes fondamentaux comme la Déclaration universelle des droits de l’homme. De plus, elle a mis en lumière l’importance de l’agriculture sensible à la nutrition, en tant que levier de transformation, en intégrant des approches novatrices comme la valorisation des cultures locales riches en nutriments. Enfin, elle a souligné le rôle primordial des parlementaires dans la conception de politiques agricoles et nutritionnelles inclusives.

À l’issue de cette formation, des recommandations ont été émises à l’endroit des participants, des gouvernements, des parlementaires, de la société civile, du secteur privé, ainsi que des partenaires techniques et financiers, notamment:
« reconnaitre dans les cadres juridiques nationaux, le droit à l’alimentation comme un droit humain inaliénable, intégrer l’agriculture sensible à la nutrition comme un levier puissant pour améliorer les conditions de vie.

Valoriser les cultures locales riches en nutriments, allouer à minima 10% des budgets des Etats pour la promotion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, renforcer les capacités des parlementaires pour promouvoir et adopter des lois inclusives visant à garantir le droit à l’alimentation, développer un dialogue régulier entre l’ensemble des acteurs et parties prenantes, mobiliser les ressources financières nécessaires pour appuyer les initiatives agricoles et nutritionnelles, en mettant un accent particulier sur les femmes et les jeunes, créer des mécanismes de veille parlementaire pour surveiller la mise en œuvre des politiques agricoles et nutritionnelles.

Les recommandations formulées visent à créer une synergie d’actions pour relever les défis de l’accroissement de la population dans la sous-région, de l’augmentation des importations alimentaires et de leur conservation.

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