24 novembre 2024

Effondrement des immeubles: l’Ordre national des ingénieurs de génie civil  déplore la violation incessante des règles de l’art 

faiblesse dans les études géotechniques, utilisation des matériaux non conformes, banalisation des croix de Saint-André, tolérance administrative à l’endroit des promoteurs immobiliers indélicats, constructions sans permis de construire etc……Ainsi se déclinent quelques causes des catastrophes immobilières répertoriées par cette organisation, qui a tenu ce 26 juillet 2023, une session extraordinaire de son conseil.

Au lendemain de l’effondrement d’un immeuble au quartier Ndogbong de Douala, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2023, l’Ordre national des ingénieurs de génie civil du Cameroun (Onigc), a tenu une session extraordinaire de son conseil afin de plancher sur la problématique du non-respect des principes qui guident les bonnes pratiques dans ce corps de métier. Kizito Ngoa, le Président de l’Onigc, la mise en oeuvre de nombreux projets se caractérise par « le non-respect de la règlementation et des normes, des constructions sans permis de construire, la non-prise en compte des changements climatiqurs dans les projets, la faiblesse dans les études géotechniques, et les insuffisances dans le dimensionnement des structures porteuses ».

Si après la catastrophe de Douala, les pouvoirs publics ont décidé de mesures urgentes pour un respect des normes dans la construction des immeubles, le phénomène reste toutefois inquiétant dans les grandes villes du Cameroun. 

D’après le Maire de Douala, seulement 10% des bâtiments et mai­sons construites dans la ville de Douala respectent la réglementation sur les actes d’urbanisme. 90%, soit environ 10.000 immeubles sont dépourvus de certi­ficat d’urbanisme, certificat de conformité, autorisation de lotir, permis d’implanter, ou de permis de construire.

Pour Kizito Ngoa, « avec la pression urbaine accentuée par les déplacements internes, le déficit de logements et équipements est régulièrement mis en avant pour justifier les implantations hasardeuses et le peu de respect des règles de l’art dans les constructions d’immeubles d’habitation et établissements recevant du public ». L’Onigc a également constaté lors de cette session extraordinaire de son conseil, l’utilisation des matériaux non conformes dans les constructions, la mauvaise formulation et déploiement douteux des bétons, la faible implication des professionnels du bâtiment dans les chantiers, la banalisation des croix de Saint-André, et le peu de sanctions pour les promoteurs indélicats. 

Pour remédier au phénomène de constructions illégales dans la capitale économique, la Communauté urbaine de Douala a opté pour la création d’un Guichet unique de délivrance des actes d’urbanisme, au regard du nombre galopant d’immeubles dépourvus de tout acte d’urbanisme. « Entre 800.000 et 1 million de constructions, seu­lement 80.000 à 100.000 sont en règle », confie un responsable de ce service de la Cud. 

Rappelons que l’article 107 de la loi n°2004/003 du 21 avril 2004, régissant l’urbanisme au Cameroun et ses décrets d’application du 23 avril 2008 stipule que « le permis de construire est délivré par le délégué du gouvernement de la communauté urbaine concernée, à quiconque désire entreprendre une construc­tion, même si celle-ci ne comporte pas de fondation, ou bien changer la destination d’une construction existante, en modifiant l’aspect exté­rieur ou le volume, et même créer des niveaux supplémen­taires, doit au préalable obte­nir un permis de construire délivré par le délégué du gou­vernement de la communauté urbaine concernée». D’après l’article 109 de la même loi, « il ne peut être accordé que pour les travaux dont le plan a été élaboré sous la respon­sabilité d’un architecte inscrit au tableau de l’Ordre national des architectes ».

Face aux catastrophes d’immeubles récemment enregistrées dans les villes de Douala, Maroua, Ngaoundéré ou Yaoundé, l’Onigc suggère, en guise de rappel des règles fondamentales à respecter pour tout projet de construction d’envergure, de bonnes études préalables à une réalisation satisfaisante du projet (connaissance parfaite des besoins du promoteur immobilier, maîtrise des contraintes réglementaires et technico-financières), bonne  gestion des délais, de la gestion financière, des conditions de sécurité, et contrôle de qualité après l’obtention du permis de construire, instauration des normes obligatoires définissant les caractéristiques des différents matériaux de construction, conditions techniques d’exécution des travaux et règles de calcul permettant de dimensionner les ouvrages.

Joslain Yabada

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