Entretien avec Gabriel Manibem, Adminisĺtrateur directeur général de l’Agence de prestations maritimes (Apm): «Il n y a pas d’intérêt à réussir quand autour de nous, nous n’avons pas formé des gens qui puissent prendre la relève»
Lauréat du «grand prix de l’Excellence panafricain de l’excellence management» qui lui a été décerné par le Groupe Internationale Afrique Révélations, représenté pour la circonstance par le directeur de publication du magazine Afrique Révélations, Gaël Mylord Tchinda, Gabriel Manimben, a accordé un échange ce vendredi 03 août 2024, aux hommes de média. Échange au cours duquel il a livré quelques secrets de la performance enregistrée par Apm, est revenu sur les valeurs qu’il prône et n’a pas manqué d’encourager la jeunesse Africaine.
- L’entreprise APM a été sacrée « Meilleur Acconier » aux PAD Awards, pouvez-vous partager avec nous les secrets de votre performance ?
- Gabriel Manimben; Apm a toujours eu l’Awards du meilleur acconier. Depuis la première édition jusqu’à maintenant, nous conservons ce titre et nous multiplions sans les efforts afin de pouvoir le maintenir. Pour revenir à la sagesse africaine, je pense que si notre entreprise est maintenue jusqu’à ce jour, c’est parce que nous avons dépassé la pensée tribale, nous sommes allés plus loin pour penser performance, compétence. Nous ne prenons pas comme critères pour appartenir à cette entreprise la tribu. Vous pouvez donc voir que notre entreprise a un personnel composé des personnes issues de toutes les régions du Cameroun. Il en est de même pour notre agence au Tchad dont la ressource humaine est uniquement composée de Tchadiens d’origines sociales et ethniques diverses. Nous conseillons aux autres de ne pas prendre la tribu comme critère de recrutement. Je suis au port depuis 1990, j’ai travaillé avec des entreprises, j’ai eu à analyser les forces et les faiblesses, les menaces et les opportunités de ces entreprises et j’en ai fait la synthèse afin qu’en créant notre entreprise, nous puissions éviter tous ces pièges. Et c’est ainsi que même dans notre actionnariat, nous avons pu fédérer toutes les tribus du Cameroun et la spécificité c’est que 90% de notre actionnariat travaille à APM. Les autres 10% sont retraités. C’est ça notre force. Dès que nous avons une compétence, une étoile, on la prend et lui donne des actions pour qu’il travaille. C’est pour cela qu’il n’y a pas trop de mouvement de personnel chez nous. Et nous anticipons souvent aussi sur les besoins car nous considérons que la matière première d’une entreprise ce sont les Hommes.
- Pour diriger une aussi grande structure comme l’APM, il faut se fonder sur certaines valeurs boussoles d’une bonne politique managériale, pouvez-vous nous dire quelles en sont les vôtres ?
Je commencerai par citer l’intégrité car ce que nous promettons, nous le réalisons. Grâce à cela, nous avons pu gagner et maintenir la confiance de tous nos partenaires. Je citerai par la suite la crainte de Dieu, le tout puissant qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Née d’une famille très pauvre, sans l’aide de notre Dieu, le Seigneur, nous ne serions pas là où nous sommes et c’est pour cela qu’à notre niveau nous ne ménageons aucun effort pour aider toute personne qui nous sollicite. Je crois fermement qu’il n y a pas d’intérêt de réussir quand autour de nous, nous n’avons pas formé des gens qui puissent prendre la relève. Nous ne sommes pas égoïste, nous partageons, non seulement, les biens mais surtout les connaissances, l’expérience.
- De par vos œuvres, votre sucess story, vous êtes sans ignorer que vous êtes plus qu’un modèle dans le monde de l’entreprenariat et aujourd’hui cette jeunesse-là qui se lance dans ce domaine, espère bien s’inspirer de vous. Quel conseil pouvez-vous lui donner ?
Le conseil que je pourrai donner aux jeunes entrepreneurs d’Afrique, c’est d’abord de croire en eux-mêmes, de croire en l’Afrique et de laisser le sentiment d’infériorité en croyant que le noir ne vaut pas grande chose. Quand on dépasse cette considération ou handicap qui bloque les noirs, je crois que nous pourrons aller très loin parce que le noir a tous ce que les autres ont, et même bien plus car si nous étions encore mieux encadrés comme les autres que nous apprécions, nous serions plus avancés. Donc, chers jeunes sœurs et frères, croyez en vous ! Croyez en l’Afrique ! Ne partez pas là où vous croyez que l’herbe est fraîche ! Restons est bâtissons l’Afrique ! Je crois que si nous nous mettons réellement au travail, ce sont ces gens chez qui nous allons aujourd’hui au mépris de nos vies qui viendront chez nous pour s’inspirer de ce que nous faisons. Et nous pourrons nous valoriser en tant que «berceau de l’humanité».
–Votre mot de fin
Je profite donc pour remercier les médias panafricains pour le travail qu’ils font pour décomplexer les Africains. Continuer le travail que vous faites. Je crois que lorsque nous serons complètement décomplexés, ce sentiment d’infériorité qui habite certains Africains s’estompera. Quand je vois l’Afrique émergente, je pense que nous n’en n’avons plus pour longtemps. Et nous autres qui sommes aujourd’hui entre la très vieille génération et la nouvelle, nous devons accompagner les jeunes pour leur permettre de trouver leur voie. Tous ceux qui viendront vers nous, seront reçus malgré nos agendas bien chargés.
Propos recueillis par Auguste DOMO