(Ripostes,Jean Marie Dim Dim). Alors que l’application du label « cacao zéro déforestation » de l’Union Européenne, a bénéficié d’une rallonge de 18 mois, ce 2 octobre 2024, les acteurs de cette filière broient déjà du noir. Arriérés de salaires du personnel, menaces sur les recettes provenant de la redevance perçue au kilogramme de cacao exporté, dégradation des exportations etc….., l’Oncc, le Cicc, le Foddec, la Sodecao, le Trésor public, la Douane Camerounaise, et différents projets de développement de la filière financés par le Foddec, sont dans l’expectative. Au niveau de l’Oncc, le personnel accuse déjà quatre (4) mois d’arriérés de salaire, une situation de plus en plus invivable au sein de cette institution.
D’après les spécialistes de cet important secteur, la mesure de l’Union Européenne (UE), vise surtout à stopper la déforestation au profit des plantations de cacao. C’est pourquoi on parle de « cacao zero ». La lutte contre la déforestation vise à préserver l’écosystème, contre les atteintes abusifs à l’écosystème forestier, à préserver la couche d’ozone, afin de lutter efficacement contre les changements climatiques, et mettre en place une plateforme de gestion de toutes ces données lors des procédures d’exportation.
C’est dire que, selon l’UE, désormais, pour pouvoir acheter le cacao, il faut que ce produit corresponde à l’exigence « Cacao zero déforestation ». La mise en application de ces mesures était prévue pour le 1er janvier 2025. Or, aucun pays dont le Cameroun ne pouvait prétendre être prêt, à appliquer ces mesures, au regard de la complexité du secteur, ils ont sollicité de leur partenaire l’Union Européenne, un moratoire pour le faire.
Ainsi, après moult négociations avec l’UE, le Cameroun et d’autres pays producteurs de cacao et de café, ont reçu un avis favorable à leur demande de rallonge sur la date de mise en application des nouvelles mesures, le mercredi 2 octobre 2024, date de l’officialisation. Les pays regroupés au sein de l’Icco (International cocoa organization), le Conseil international du cacao, dont fait partie le Cameroun, la Côte d’Ivoire , le Ghana etc..ont jusqu’avant la fin du second semestre de l’année 2026, pour se conformer, faute de quoi le cacao et café qu’ils produisent ne seront plus admis en terre Européenne.
Cette nouvelle législation pour protéger les forêts, devait interdire à partir de fin 2024, la commercialisation dans l’UE, d’une série de produits (cacao, café, soja, huile de palme, bois, viande bovine, caoutchouc, cuir, ameublement, papier…), s’ils proviennent de terres déboisées, après décembre 2020. Les entreprises importatrices, responsables de leur chaîne d’approvisionnement, devront par conséquent, prouver la traçabilité de leurs produits, via des données de géolocalisation fournies par les agriculteurs, associées à des photos satellitaires.
À cet effet, pour que le cacao soit vendu au sein de l’Union Européenne, le texte parle des critères que le cacao doit respecter pour être considéré comme respectant le label « zéro déforestation ». Il doit être produit sur une parcelle de terre qui n’a pas été déforestée, après le 31 décembre 2020. En d’autres termes, cela signifie que la production de cacao ne doit pas contribuer à la destruction des forêts, à partir de cette date, afin de préserver l’environnement et lutter contre la déforestation.
Le Fodecc (Fonds de Développement des filières cacao et café), étant la banque qui permet de financer et développer tous les projets autour de la filière, est consigné dans l’Arrêté N°OO249/Mincommerce du 11 août 2017, fixant répartition des redevances à l’exploitation du cacao. Or, les mesures de l’UE ont une incidence négative sur le climat social des entreprises impliquées dans la chaîne de valeur au Cameroun. C’est le cas du de l’Oncc (Office national du cacao et du café), où le personnel enregistre quatre mois de salaires impayés. Car, l’institution tire ses finances, de l’exportation du cacao et du café, tel que cela est consigné dans l’Arrêté ministériel du 11 août 2017, cité supra.
Le personnel espère qu’avec le moratoire accordé aux États membres, dont le Cameroun, contribuera à rétablir la situation salariale des acteurs et le personnel des entreprises impliquées dans la chaîne de la filière cacao-café. Car selon ces derniers, cette rallonge viendra assouplir les tensions de trésorerie, décrisper les producteurs qui s’inquiétaient du sort réservé à leurs marchandises.