21 novembre 2024

Industrialisation: Désaccord entre le cimentier Cimaf et le concessionnaire Cami

Le fabriquant de ciment, filiale du groupe marocain Addoha implanté au Cameroun depuis 2012, est accusé par l’entreprise française de vente de véhicules de mener des activités ayant des effets polluants et dégradants sur ses installations, ses véhicules en vente et son personnel. Entraînant des coûts supplémentaires. La Cimaf insiste pourtant sur la fiabilité de ses installations, ainsi que sur les investissements consentis pour le respect de l’environnement. Investissements à hauteur de 15% de  son capital initial.

Difficile cohabitation entre les entreprises Cimaf (Cimentries d’Afrique) et Cami  (Cameroon motors industries). La première est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation du ciment, et la seconde exerce dans la vente des véhicules et pièces détachées. Les deux entreprises sont implantées dans la zone industrielle de Bonaberi. Pourtant les intenses activités de production de la Cimaf ont un impact sur celles menées par sa voisine Cami motors. De sources émanant de l’unité en charge des carrosseries de Cami motors, «les productions de la Cimaf font que les fumées épaisses de ciment se déversent sur les véhicules neufs de Cami, ainsi que les véhicules des clients en réparation ou en préparation», a-t-on appris. 

Avec une capacité annuelle de production de 500.000 tonnes de ciment, la cimenterie appartenant au groupe marocain Addoha mène en effet d’intenses activités de concassage, broyage ou d’esachage entrant dans le processus de fabrication des types de ciment (CEM ll B 32,5R, CEM ll 42,5, CPJ 35). «Les responsables de Cami ont saisi officiel l’administration de la Cimaf, et ont fait constater par un huissier de justice les dégâts causés par les activités de la Cimaf.  Les autorités compétentes ont également été saisies, mais la situation n’a pas changé», explique notre source. Pour un investissement d’environ 30 milliards de FCFA, la Cimaf soutient avoir «des installations conformes aux standards nationaux et internationaux, aussi bien en matière d’optimisation de la consommation énergétique, qu’en matière de protection de l’environnement».

Les responsables du concessionnaire automobile et pièces détachées persistent sur les désagréments dont leurs installations, équipements et produits de vente sont exposés: «il a été demandé à Cimaf de revoir ses installations, afin qu’elles ne puissent plus dégrader la peinture des véhicules neufs de Cami qui sont stationnés à l’arrière de l’atelier carrosserie», indique un responsable de Cami. Les conséquences constatées se révèlent également sur le plan sanitaire: «les employés de Cami dont les activités sont proches des unités Cimaf, se plaignent des rejets de poussières, poudre et de la chaleur brûlante émanant des équipements de la cimenterie»

La Cimaf affirme avoir investi 15% de l’investissement initial de construction de la cimenterie pour le respect des règles environnementales (filtres à manches à haut rendement de dernière génération, contrôle continu des poussières des cheminées, couverture des parcs de stockage, nouvelle technologie de refroidissement à l’air, récupération et canalisation de toutes les eaux pluviales et au dallage des plateformes etc….).

«Cami a pris sur lui de se procurer une matière spécifique utilisée pour décaper les épaisses poussières qui s’agrippent sur la tôlerie des véhicule. Ce qui a eu un impact sur les finances de l’entreprise, qui est obligé de faire des rallonges financières pour pallier à cette situation en attendant que le problème connaisse une suite favorable», informe notre source. Cimaf persiste et signe sur «la fiabilité» et la qualité de ses installations dont les matériels sont fabriqués par l’Allemand Polysius (laboratoires, salon de commande électrique, constituant de la chaîne de production, salle de stockage, broyeur, unité d’ensachage etc….).

Depuis 2020, l’entreprise est engagée dans des travaux d’extension de l’usine de Bonaberi grâce à des investissements d’environ 20 milliards de FCFA. Il est important de relever que la filiale camerounaise du groupe marocain est implantée dans la zone industrielle ouest de Douala depuis 2014, bien avant l’implantation des ateliers Cami Toyota de Bonaberi.

Jean Adoul

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