Le résultat net déficitaire enregistré par cette entreprise au 31 décembre 2021 est passé, en 12 mois, de 3,55 milliards de FCFA à 5,15 milliards de FCFA.
La Cotonnièrere industrielle du Cameroun (Cicam) survivra-t-elle de sa longue conjoncture? la question prend tout son sens au regard des derniers résultats enregistrés par cette entreprise publique de fabrication de textiles. Ses états financiers pour le compte de l’exercice 2021 préoccupent en effet.
Au 31 décembre de l’exercice revu, elle a enregistre un résultat net déficitaire de 5,15 milliards de FCFA. Par rapport à 2020 au terme de laquelle la Cicam a enregistré une contreperformance de 3,55 milliards de FCFA, ce résultat se creuse d’environ 1,6 milliards de FCFA. Dans le même ordre, le chiffre d’affaires réalisés au 31 décembre 2021 s’établit à 6,68 milliards de FCFA. Soit une baisse de 720 millions de FCFA en glissement comparatif par rapport à 2020 (7,40 milliards de FCFA de chiffre d’affaires). Les états financiers de la Cicam ressortent par ailleurs une trésorerie nette négative de 1,14 milliards de FCFA. Laquelle se hissait à 1,08 milliards de FCFA en 2020.
Avec des capitaux propres de -7,93 milliards de FCFA, la Cicam dispose d’un capital social de 1,158 milliards de FCFA. L’entreprise compte 908 employés. Des indicateurs qui inquiètent le Ctr, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic, qui dans son rapport 2020 sur la situation des entreprises publiques et des établissements publics au Cameroun, avait tiré la sonnette d’alarme: « La Cicam est une entreprise en faillite au regard, des principaux indicateurs, mais aussi de l’arrêt des turbines spécialisées dans la production des tissus imprimés et des serviettes de la Cicam depuis le 21 juillet 2021 », précisait le rapport Ctr de 2020.
Rappelons que la Cicam est détenue à hauteur de 75% par la Société nationale d’investissement (Sni) et à 25% par l’État du Cameroun. Une étude menée par l’Etat du Cameroun, et réalisée par le Ministère des finances en partenariat avec le Cabinet d’Etudes et d’Audit Comptable (Caeac) conditionne la viabilité de la Cicam au concours financier de l’État à hauteur de 48 milliards de FCFA: annulation de la dette publique notamment les dettes fiscales, sociales et actionnaires (9,6 milliards de FCFA), apurement des dettes bancaires et commerciales de la Cicam (12,6 milliards de FCFA), prise en charge par l’État du remboursement définitif d’une enveloppe de 12.6 milliards de FCFA, préfinancement du remboursement de cette dette, ou enfin, la capitalisation partielle ou entière de la dette, assorti de la prise en compte du besoin en financement jusqu’en 2025 évalué à 26 milliards, dont FCFA 19 milliards pour l’investissement et la maintenance des équipements et 7 milliards de FCFA pour le cycle d’exploitation.
Sur un autre aspect, un plan de développement a été proposé par le consultant Caeac. Plan qui repose sur trois axes: répondre à l’objectif national de transformation de 300.000 tonnes de coton graine par an à l’horizon 2030, remettre en état les usines Cicam par le remplacement immédiat des équipements obsolètes, mis en arrêt évalués à 7 milliards de FCFA (2021-2022), et par le remplacement des équipements opérationnels vétustes estimés à 6 milliards de FCFA (2022-2023), atteindre l’objectif de part de marché à 15% en 2028 évalué à 31 milliards de FCFA de chiffre d’affaires.
Provisoirement et en attendant la validation de l’étude de viabilité de la Cicam par le Comité Interministériel (Cim), la stratégie de restructuration de cette entreprise repose sur l’amélioration de la gouvernance, la maîtrise continue des charges, la reconquête des marchés, l’innovation continue et l’encrage d’une culture d’optimisation des ressources.
L’étude menée au Ministère de l’industrie, des mines et du développement technologique (Minmidt) devrait aboutir à la délocalisation de l’usine de Cicam 2 vers les sites de Garoua et Cicam . Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé le 18 août 2021 pour le recrutement d’un consultant chargé de la réalisation d’une étude de faisabilité.
Gad Samy
