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Industrie du médicament: 50 milliards de FCFA d’investissements à perte

C’est approximativement le montant global déboursé par les opérateurs économiques locaux pour développer ce secteur depuis 40 ans. La plupart des entreprises du médicament opérant sur le marché national sont confrontées à la concurrence déloyale provenant de la Chine ou d’Inde, au coût élevé des articles de conditionnement ou à la contrefaçon.

Le coup de gueule est celui de Loe Gisèle Etame, la Présidente de l’Association des Industries du Médicament (AAIM). Face au Ministre du commerce venu rencontrer le secteur privé dans le cadre d’une invitation du Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun), la responsible de cette association spécialisée a égrené un chapelet de problèmes et difficultés auxquels sont confrontés les acteurs locaux de l’industrie du médicament générique essentiel.

« En effet, depuis bientôt 4 décennies, de nombreuses initiatives privées tant nationales qu’internationales se sont déployées pour mettre en place des usines de fabrication locale du médicament par des investissements qui se sont soldés soit par un échec ou une faillite, soit par une agonie profonde…. », a révélé la Présidente de l’AAMI. Lesdits investissements affichent un montant cumulé de 50 milliards de FCFA.

Pourtant, la plupart de ces entreprises ne fonctionnaient qu’à un taux marginal d’environ 20% de leurs capacités réelles. La pandémie de Covid-19 qui sévit au Cameroun constitue sans doute une occasion pour ce secteur de la santé publique nationale de poser leurs desiderata au gouvernement camerounais.

Occasion opportunément saisie par Loe Gisèle Etame pour rendre publics, les différents goulots d’étranglement après un diagnostic du secteur industriel pharmaceutique posé par le ministère de l’industrie, des mines et du développement technologique (Mindmint).

Ainsi, depuis plus de 40 ans, l’AAMI déplore, à l’intention du Ministère du commerce, le coût élevé et déloyal des articles de conditionnement de l’industrie du médicament du Cameroun : « le carton et les suremballages plastiques des solutés à plus de 60 microns par rapport aux produits équivalents importés à 10 microns représentant 5 fois la production locale », confie la Présidente de l’AAMI. L’industrie du médicament local sollicite, dès lors de Magloire Mbarga Atangana et de Pierre Hele, le Ministre de l’environnement et du développement durable (Minepded), une dérogation pour la production locale des dispositions de l’arrêt conjoint n°004/ Minepded/Mincommerce du 24 octobre 2012 portant règlementation de la fabrication, l’importation et la commercialisation des emballages non biodégradables, interdisant l’utilisation des emballages plastiques non dégradables à basse densité inférieure ou égale à 60 microns d’épaisseur.

Exonérations

L’industrie du médicament connait également un accès difficile à la demande publique. D’après la Présidente de l’AAMI, « ce volet pourrait être facilement mis en œuvre par la restructuration du système national d’approvisionnement en médicaments génériques essentiels (le Syname) don’t la cheville ouvrière, la Cename garantirait une de ses besoins par appels d’offres nationales réservées aux fabricants locaux en fonction de leur capacité de production ».

Dans le même sens, Loe Gisèle Etame sollicite du Ministère du commerce, la protection du marché national : « il faut contingenter les importations des produits équivalents fabriqués localement corrélativement aux capacités de production des acteurs nationaux ». Un accompagnement des fabricants locaux pour le transfert de technologie dans le cadre des flexibilités Adepic de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a par ailleurs fait l’objet d’une doléance de l’AAMI auprès du Ministre du commerce, Magloire Mbarga Atangana.

L’industrie du médicament est également confrontée à la rude concurrence déloyale des importations des produits pharmaceutiques en provenance de Chine et d’Inde, exonérés de tout droits et taxes au même titre que les matières premières pharmaceutiques bénéficiant d’une exonération conformément aux dispositions de la loi de finances 2021. Concernant les exonérations, l’industrie du médicament camerounais note « un flou », sur les intrants et équipements de fabrication pharmaceutiques. D’après des chiffres du Ministre du commerce, le Cameroun a importé entre 2015 et 2017, 372 milliards de FCFA de produits pharmaceutiques. Mais plus de 40% du marché des médicaments échapperait au circuit officiel. Sur un chiffre d’affaires de 100 milliards de FCFA, l’industrie nationale ne participe que pour 2 milliards de FCFA, révèlent les mêmes chiffres.

Hippocrate

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