Initiative Farm: les secteurs prioritaires identifiés par le Cameroun et la France
Tenue le 26 juillet 2022 à la Résidence de France, la rencontre entre les représentants de la France et ceux du Cameroun portait sur les besoins du Cameroun en matière de financements, assistance technique, mécanisation, et facilités d’importation de blé, engrais et divers intrants.
«Nous sommes à vos côtés pour la mise en œuvre de manière structurée et définitive. Nous voulons être des copropriétaires de cette initiative. Nous vous sommes gré d’avoir mis l’économie au cœur de votre visite. Nous sommes indépendants, mais nous ne sommes pas souverains….». C’est en ces termes que Célestin Tawamba, le Président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), a accueilli l’initiative «Farm», Food and Agriculture Resilience Mission, en discussions lors de la visite d’Emmanuel Macron au Cameroun. Le Président français a rencontré la partie camerounaise (secteur public, secteur privé) dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet au Cameroun.
Sanctions financières
Le Projet Farm soutenu par l’Union Européenne, l’Union Africaine, et le G7 repose sur trois piliers. Celui du «commerce», mis en oeuvre par l’Organisation mondiale du commerce (OMD), et qui vise à garantir la transparence sur les marchés agricoles et à encourager des comportements responsables, le pilier «solidarité», développé par le PAM (Programme alimentaire mondiale), qui prévoit de soutenir les pays et les populations les plus touchées par les effets de la guerre en Ukraine, et le pilier «production», développé et mis en oeuvre par le Fonds international de développement agricole (FIDA), qui vise à aider les pays à investir dans leur propre agriculture et à développer des modes de production durables pour renforcer à long terme leur souveraineté alimentaire et leur résilience face au réchauffement climatique et aux déstabilisations extérieures.
La réunion de Yaoundé a ainsi permis à la France, au gouvernement camerounais et au secteur privé local de poser les jalons d’une initiative coordonnée et solidaire. À cet effet, la France a annoncé le renforcement de ses outils pour appuyer l’investissement d’entreprises engagées pour le développement du secteur agricole dans les pays vulnérables.
Pour Célestin Tawamba, «Il y’a des choses qui sont faites au Cameroun avec l’Agence Française de Développement, à travers les centres de formation spécialisé, il faut poursuivre et les orienter vers l’agriculture. Il y’a des besoins en matière d’engrais, des besoins en matière de partenariat technique, et d’équipements agricoles etc…..». Le Président du Gicam a également plaidé pour une levée des sanctions financières contre la Russie. Sanctions ayant un effet dissuasif sur les banques africaines, précise-t-il.
Accords
La rencontre de Yaounde intervient au lendemain du déblocage au profit de l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) par l’État du Cameroun d’une enveloppe de 10,3 miliards de FCFA en 3 ans, pour le développement de la production et de la transformation du blé au Cameroun. À ce sujet, le Président Emmanuel Macron a tenu à rappeler à la partie camerounaise que la France est le 5ème producteur de blé dans le monde, mais également, dispose d’unités de fabrication d’outils mécaniques indispensables pour une agriculture intensive
Le blé, les engrais et intrants, ou la mécanisation et l’assistance technique ont ainsi constitué l’essentiel des discussions entre la France et le Cameroun.
Concernant le blé spécifiquement, le pays a importé en 2020, un volume de 860.000 tonnes pour un montant de 156 milliards de FCFA. Ces importations devraient atteindre 900.000 tonnes en 2022. La Russie, en guerre contre l’Ukraine est le première fournisseur du Cameroun en blé (65% des importations), et des engrais (17% des importations). Alors que l’Ukraine occupe le 3ème rang des fournisseurs de cette céréale au Cameroun.
Au terme de la rencontre, plusieurs accords ont été signés entre les parties française et camerounaise sous l’égide du Ministre de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire, celui de l’agriculture et du développement rural, ainsi que celui de l’élevage, des pêches et des industries animales. Des petites et moyennes entreprises locales bénéficieront des facilités de financements en agriculture.
Félix Beda