(Dossier, par Jean Adoul). Les chiffres des saisies opérées révèlent que les autoroutes du trafic de drogue vers le Cameroun tirent leurs racines de l’Amérique du sud, l’Asie et le Nigéria, principalement. Sur le plan local, la région de l’Ouest est en passe de devenir le berceau de la culture du cannabis et du chanvre indien. Récit.
La ville de Douala et d’autres capitales régionales du Cameroun sont, au fil des années, devenues des plaques tournantes de la distribution et la consommation de divers drogues. Des statistiques disponibles au Ministère de la santé publique renseignent sur l’ampleur du phénomène. À l’occasion des activités marquant la célébration, le 26 juin 2024, de la Journée internationale de lutte contre le trafic et l’abus de la drogue, les derniers chiffres révèlent que le cannabis reste la substance la plus consommée au Cameroun. Suivie de l’alcool, du tabac, de la cocaïne, du tramadol, et des amphétamines.
Les circuits d’approvisionnement sont connus et existent, tant sur le plan international que local, et selon le type de drogues. D’après les responsables des douanes camerounaises, dans le cadre de l’opération Halcomi (Halte au commerce illicite), 80% des saisies proviennent du Nigeria, avec qui le Cameroun partage 2100 mètres de frontières. Ces drogues (Tramadol, cannabis, alcool etc…) pénètrent le territoire national par voie fluviale ou maritime, via les ports de Tiko, Limbé et Idenau, dans la région du sud-ouest. Et par voie terrestre par les localités de Mora (Extrême-nord), Kolofata (Extrême-nord), Darak (Extrême-nord), Mbondjanga (Adamaoua), Mogode (Nord), Ekok (sud-ouest), ou Fotokol (extrême-nord).
Récemment, le 24 décembre 2024, 33.800 comprimés de Tramadol ont été saisis par la brigade mobile des douanes camerounaises d’Ekok, transportés à bord d’un véhicule de tourisme, à destination de Bamenda et en provenance du Nigeria. Le 8 septembre 2024, la même brigade interceptait 18.000 comprimés de cette drogue, toujours en provenance du Nigeria. Dans le cadre de l’opération Halcomi lll, la brigade commerciale douanes de Bandarke a intercepté un stock de 17.000 comprimés de Tramadol. C’était dans la nuit du 11 au 12 janvier 2023. Le 9 mars 2023, les éléments de la brigade mobile des douanes de Limbe, poste de contrôle de Mudeka (Sud-ouest), ont intercepté un véhicule transportant plusieurs marchandises illicites, dont 7462 comprimés de Diazepam, un anti-douleur qui peut être utilisé comme substance psychotrope, au même titre que le Tramadol.
Toujours sur le plan international, le Cameroun ploie sous le joug d’un trafic extérieur intense, dont l’Amérique du sud, l’Asie et l’Europe sont les principales zones de ravitaillement. En révèlent ces importantes saisies effectuées par les douanes camerounaises (amphétamines, cannabis):
le 28 mai 2024, les éléments de la subdivision commerciale de Douala-aéroport (brigade commerciale des magasins), interceptaient une importante cargaison de colis de 24,5 kilogrammes de cocaïne habilement dissimulés dans des paquetages de chaussures. En provenance de Sao Paulo au Brésil, la valeur de la marchandise a été estimée à environ 1,2 milliards de FCFA, d’après les responsables des douanes camerounaises.
Il est important de relever que sur le plan local, plusieurs saisies de la police ou des douanes camerounaises ont révélé un circuit domestique clandestin d’approvisionnement en drogues diverses. Le chanvre indien, le cannabis particulièrement, ainsi que des alcools forts produits localement (whisky en sachet ou l’eau de vie fabriquée par des distilleries artisanales).
Par exemple, le 22 juin 2021, un champ de 5 hectares de cannabis dissimulée dans une plantation de maïs, avait été découvert
à Batcham, dans la région de l’ouest, par les éléments du groupement mobile d’intervention (Gmi N° 3) de Bafoussam. Cette découverte faisait suite à celle de 2017, dans la même localité par la police, et précède celle de 2022, le 21 juin, lorsque les éléments de la gendarmerie ont également découvert une plantation de chanvre indien, d’une superficie d’un hectare (Bamelu, village Baleghang, Arrondissement de Batcham). Autre exemple, en août 2023, la gendarmerie nationale découvrait dans la localité de Bangou, lieu dit « Bakassi », un vaste champ de cannabis, immédiatement détruit.
En conclusion, les sources d’approvisionnement des drogues et autres produits psychotropes qui inondent les villes camerounaises, proviennent aussi bien, de l’extérieur que de l’intérieur du pays, selon la nature du produit.