Inscrit parmi les projets pilotes de la Société métropolitaine et d’investissement de Douala, ce projet confié à l’homme d’affaires Emmanuel Neossi est au centre de la controverse. L’avance démarrage des travaux perçue par ce dernier a été convertie en un prêt. Une démarche contraire à la raison sociale de la Smid S.A, indique le commissaire aux comptes, le Cabinet Okalla Ahanda & Associés.
«Je dois surtout porter à votre connaissance que la situation apparence de la Smid S.A, à ce jour montre, qu’après deux ans de fonctionnement, l’intégralité des 4 milliard de fcfa levés lors de sa constitution, a été dépensé sans réalisation des ouvrages dont les contrats ont été signés avec les maîtres d’œuvre». Cette sortie explicative de Maurice François Njoh, l’administrateur provisoire de la Société métropolitaine et d’investissement de Douala (Smid S.A), effectuée par note d’information en novembre 2021, donne sommairement le ton de la gestion des fonds au sein de cette institution créée le 17 août 2018 par appel public à l’épargne.
Ce constat préoccupant est confirmé par le rapport d’audit du cabinet Okalla Ahanda & Associés, publié ce mois de juin 2022. Pourtant, le 7 octobre 2021, Jean Jacques Mpanjo Lobe, Management consulting audit et Jean Pierre Okalla Ahanda, responsable du Cabinet Okalla Ahanda & Associés, tiraient opportunément la sonnette d’alarme sur de graves faits relevant de la gestion la Smid S.A. Dans une correspondance adressée au Dr. Fritz Ntone Ntone, le président du conseil d’administration de la Smid S.A, avec porté en objet, «Alerte du Commissaire aux comptes», ces experts prévenaient des difficultés relevées conformément aux dispositions de l’Acte uniforme Ohada relatif au Droit des sociétés commerciales et des groupements d’intérêt économique, notamment dans ses articles 150 à 158.
Jean Jacques Mpanjo Lobe et Jean Pierre Okalla Ahanda justifient la procédure d’alerte lancée à l’endroit de la Smid S.A: «sur un capital effectivement mobilisé de 3.495.680.000 fcfa au terme de l’opération de souscription de son capital, la Smid a signé avec la société Neo Industry S.A, un marché de construction du «Marché New Déido» à Douala, d’un montant de 9.112.474.901 fcfa ttc. L’entrepreneur Neo Industry S.A a perçu (….), un montant global de 1.528.298.870 fcfa. À ce jour, les travaux de construction du marché «New Deido, n’ont pas démarré, et il n’existe pas de perspective réelle de démarrage de ces travaux à brève échéance, alors que le délai d’exécution des travaux prévu était de 25 mois. La récupération des sommes avancées par la Smid à Neo Industry S.A, et qui représente environ la moitié du capital social, semble incertaine», relèvent ces deux spécialistes.
Autre justification de la procédure d’alerte lancée, c’est l’indisponibilité pour la Smid de poursuivre ses activités prévues dans la notice d’information. Toujours d’après ces derniers, aucun poste de directeur n’est pourvu depuis le mois de février 2020 à savoir: celui de directeur administratif et financier, de directeur de production et d’exploitation, de directeur Promotion, marketing et relations publiques. «Dans ce contexte, le directeur Audit et Contrôle interne cumule les fonctions incompatibles», constatent-ils. Sollicitant du président du Conseil d’administration de la Smid S.A, des clarifications sur «les mesures envisagées pour éviter une cessation de paiements de la Smid S.A», conformément aux dispositions pertinentes de l’article 54 de l’Acte uniforme Ohada sur le Droit des sociétés commerciales et des groupements d’intérêt économique.
En plus de la correspondance du 7 octobre 2020, Jean Pierre Okalla Ahanda a saisi le 11 décembre 2020, Emmanuel Neossi, le président directeur général de Neo Industry S.A, sur l’objet portant «convention de placement financier signée entre Neo Industry et la Smid». Réitérant les réserves sur le projet de construction du marché «New Deido». Mais relevant surtout que «la convention signée le 30 septembre 2019 entre la Smid et Neo Industry S.A, a transformé l’avance de démarrage des travaux relatifs au projet de rénovation du marché New Deido dont Neo Industry est attributaire est un prêt rémunéré au taux de 2,6%. La Smid vous a adressé une correspondance en date du 29 septembre 2020 dénonçant la clause de tacite reconduction et réclamant le remboursement de ce placement d’un montant de 1.928.297.677 fcfa», mentionne l’expert Okalla Ahanda.
Au regard des faits sus-évoqués, l’homme d’affaires Emmanuel Neossi manifestera à son tour, le 26 octobre 2020, son adhésion pour une résolution à l’amiable du différend, si «la Smid lui adressait des propositions sérieuses et raisonnables». Malgré les relances du Commissaire aux comptes de la Smid S.A sur les voies et moyens envisagés par le promoteur pour remédier à cette situation, Emmanuel Neossi n’a daigné clarifier sa position. Avec pour risque de considérer ladite somme comme «créance douteuse». Dans son rapport d’audit des comptes annuels de la Smid S. A, exercice clos au 31 décembre 2019, le Cabinet Okalla Ahanda & Associés a affirmer que la convention de prêt n’était pas conforme à la raison sociale de la Smid S.A. À suivre.
Arthur Nsomoto