1 novembre 2024

Produits pétroliers: le Fmi veut obtenir du Cameroun, la suppression de 640 milliards de FCFA de subventions annuelles

(Ripostes,Felix Beda). Selon le chef de délégation du Fonds monétaire international, en séjour au Cameroun depuis ce 3 octobre 2024, Yaoundé doit supprimer purement et simplement cette enveloppe de soutien qui a déjà diminué en l’espace d’un an, de 260 milliards. Cette somme, insiste Cemile Sancak, peut être orientée vers des secteurs tels que l’éducation, la santé ou la recherche scientifique.

Une délégation du fonds monétaire international (Fmi) séjourne depuis ce 3 octobre 2024, au Cameroun. La visite de travail de l’équipe conduite par Cemile Sancak entre dans le cadre des 7èmes revues des programmes des autorités appuyés par la facilité élargie de crédit (Fec) et le mécanisme élargi de crédit (Medc) et la 2ème revue du programme appuyé par la facilité pour la résilience et la durabilité (Frd).

C’est par le ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) que les représentants de l’institution de Bretton Woods a démarré ses premiers contacts avec les autorités camerounaises. Les échanges entre Alamine Ousmane Mey, le chef de ce département ministériel et ses hôtes, ont principalement porté sur la présentation des objectifs de la mission, les performances du programme de facilité élargie de crédit, celles du mécanisme élargi de crédit et la facilité pour la résilience et la durabilité.

De bonnes sources au Minepat, il était également question, entre la partie camerounaise et le bailleur de fonds, « d’apprécier l’évolution récente et les perspectives de l’économie camerounaise, la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement 2020-2030 (Snd30), la politique budgétaire et la stratégie d’endettement à moyen terme, la priorisation, la maturation, la mise en œuvre, le suivi et évaluation des projets d’investissement public, et l’engagement avec le Fmi », apprend-on.

Parmi les dossiers épineux échangés, figure en bonne place celui de la subvention du Cameroun aux produits pétroliers. Une problématique qui crée des tensions entre les autorités camerounaises et celles de l’institution de Bretton Woods. La délégation conduite par Cemile Sancak a insisté sur cet aspect de la coopération entre les deux parties, face à Alamine Ousmane Mey. « Nous sommes à neuf mois de la fin du programme. Les autorités ont beaucoup avancé dans plusieurs domaines. Il y’a plusieurs réussites, mais aussi, des réformes dont la mise en oeuvre reste attendue », selon le chef de délégation du Fmi. Allusion faite au soutien financier de l’État du Cameroun à l’endroit du secteur des produits pétroliers.

Plus clairement, le Fmi souhaite du Cameroun, un arrêt pure et simple de ces subventions, fortement contestées par le Fmi. « Les autorités ont diminué la majorité de la subvention sur les prix à la pompe. On a déjà enregistré deux augmentations des prix. La partie restante est maigre. Dans le programme, on a défini comme objectif l’élimination de la subvention, parce que les ressources utilisées pour ces subventions peuvent servir à la santé, à l’éducation qui contribuent à la croissance du pays », a-t-il réitéré.

Nous nous souvenons que dans son allocution de fin d’année à la nation (31 décembre 2023), le Président de la République, ramait lui aussi en faveur de la position du bailleur de fonds: «Vous devez savoir que dans le but de maintenir les prix à la pompe à leur niveau actuel, qui est largement inférieur à celui pratiqué dans les pays voisins, l’État doit, au prix d’importants efforts financiers, fortement subventionner les importations de produits pétroliers. Le poids de ces subventions pèse lourdement sur notre budget et rétrécit considérablement les ressources, dont nous avons le plus grand besoin, pour apporter des réponses aux autres problèmes auxquels nos populations sont confrontées. L’année dernière, le Gouvernement a été amené à procéder à un léger relèvement des prix des carburants à la pompe. (…) Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix, que de la réduire de nouveau. Nous veillerons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires n’impactent pas substantiellement le pouvoir d’achat des ménages », informait S.E Paul Biya.

Après cette annonce, l’État du Cameroun a procédé à une augmentation des prix de certains produits pétroliers. Un communiqué de Séraphin Magloire Fouda apportait des précisions à propos: «en raison de la nécessité de résorber les contraintes budgétaires croissantes auxquelles l’État est confronté, et d’éviter les tensions dans l’approvisionnement du marché national, en produits pétroliers, le gouvernement a entrepris des concertations avec les partenaires sociaux, au terme desquelles, les prix des carburants sont réajustés…. », informe le secrétaire général des services du premier ministre, le 2 février 2024.

Désormais, les usagers et consommateurs de ces produits debourse depuis ce 3 février 2024, un montant de 840 FCFA pour 1 litre de super (730 FCFA avant), et 828 FCFA le litre pour le Gasoil (720 FCFa avant). Soit des hausses respectives de 110 FCFA et 108 FCFA. Rappelons qu’il s’agit de la seconde hausse en 1 an. Les prix du carburant à la pompe au Cameroun avaient déjà augmenté de 100 FCFA pour l’essence, et 145 FCFa pour le gasoil, le 1er février 2023. Une hausse de plus de 15% .

Rappelons que c’était déjà sous la pression des bailleurs de fonds (Fmi et Banque mondiale), que le gouvernement camerounais avait décidé de réduire progressivement l’enveloppe affectée en soutien aux prix des produits pétroliers: «grâce à cette mesure, la subvention des produits pétroliers, qui était de plus de 1000 milliards de FCFA en 2022, a été réduite à environ 640 milliards de FCFA en 2023 », indiquait par ailleurs S.E Paul Biya, le 31 décembre 2023.

Les bailleurs de fonds de Bretton Woods ne sont visiblement pas satisfaits par ces efforts fournis par Yaoundé. Et remettent la pression pour une annulation totale de cette subvention, qui s’est accompagné d’une
revalorisation des revenus des agents publics, à hauteur de 5 % de leur salaire de base.

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