21 novembre 2024

Produits pétroliers: Surcoût de production de 185 milliards de FCFA au premier trimestre 2022

D’après une évaluation faite par le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), le prix de la tonne métrique de pétrole a atteint la barre de 139% de surenchérissement du fait de la crise Russo-Ukrainienne. Cette conjoncture entraîne une charge supplémentaire de 16 milliards de FCFA par mois pour l’État du Cameroun, en termes de subvention pour la stabilisation du prix du carburant à la pompe. Les marketers redoutent une augmentation des prix des produits pétroliers.

Une source au sein de l’un des plus grands marketers du Cameroun est formelle: «tout est réunit pour une hausse imminente d’au moins 50 FCFA/litre de carburant. On s’avance vers une revalorisation du prix du litre à la pompe». Cette annonce confirme, en effet, les tensions observées sur le marché international des hydrocarbures, depuis le déclenchement de la covid-19 en 2020, et la persistance de la crise Russo-ukrainienne. Pays importateur de pétrole, le Cameroun est frappé de plein fouet, par cette conjoncture. D’après une étude du Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun), détaillée par Emmanuel Wafo, le Président de la Commission économique et développement de l’entreprise de ce groupe patronal, «les surcoûts d’importations supportés par les entreprises étaient en décembre 2021, à plus de 213 milliards de FCFA, pour les filières minoterie, cimenterie, brasserie, plastique, métallurgie», fait-il observer. Il ressort du rapport du Gicam que le secteur pétrolier a supporté un surcoût évalué à environ 185 milliards de FCFA, sur le premier trimestre 2022. Provoquant une hausse des coûts de production des entreprises variant en moyenne entre 20 et 30%. Dans les détails, le Gicam relève une hausse de près de 139% du prix de la tonne métrique de pétrole.

Au Ministère des finances, on indique que la loi de finances 2022 a été élaborée avec une prévision de 61 dollars le baril de pétrole. Sauf qu’avec les effets conjugués de la covid 19 et de la crise Russo-ukrainienne, les cours du pétrole ont connu une hausse inédite sur le marché international. Passés à 106 dollars la tonne métrique, entraînant pour l’État, un surcoût en termes de support du prix du carburant à la pompe, d’environ 16 milliards de FCFA par mois. À titre de rappel, pour le compte des mois de mars, avril, mai et juin 2022, il était attendu des différents traders, la fourniture de 200.000 tonnes métriques de gasoline, 280.000 tonnes métrique de gasoil, 80.000 tonnes métriques de Jet A1, fuel oil 150.020.000 tonnes métriques de fuel oil, 350.040.000 tonnes métriques de fuel oil.

Fluctuations

Pour lutter contre une éventualité de la hausse des prix des produits pétroliers à la pompe, le gouvernement a pris quelques mesures sectorielles. Dans une lettre-circulaire du 21 avril 2022, Gaston Eloundou Essomba, le Ministre de l’eau et de l’énergie, indiquait que les exportations des produits pétroliers sont désormais exclusivement effectuées par les sociétés agréées,  sur autorisation exclusive du Ministre de l’eau et de l’énergie. Dans le même ordre, la vente des produits pétroliers dans les bidons ou tout autre contenant pour des destinations hors du territoire national est desormais strictement interdite. 

Le membre du gouvernement apportait également des précisions sur les effets de la fluctuation internationale des cours du pétrole sur le Cameroun. Avec la conjoncture internationale actuelle, son estimation est évaluée à environ 377,5 FCFA/litre sur le super et 450,5 FCFA sur le gasoil à Douala. À Limbé, dans la Région du Sud-ouest, autre pôle des hydrocarbures du Cameroun, ladite subvention est estimée à 395,75 FCFA/litre sur le super, et 452,52 FCFA/litre sur le gasoil. «La subvention sur les produits pétroliers est destinée au marché intérieur. La vente des produits pétroliers destinés à la consommation locale hors du territoire national participe au surenchérissement de la subvention de l’État», ajoutait le Ministre de l’eau et de l’énergie. 

Appuis aux entreprises

Dans la même lancée, le Ministre Louis Paul Motaze des finances a fixé, le 29 avril 2022, les valeurs imposables (Coût-Assurances-Fret), applicables à l’imposition des produits pétroliers raffinés. En termes de droits et taxes des douanes, les tarifs du super-carburant sont désormais fixés, pour un délai de 6 mois, renouvelables le cas échéant, à 327.169 FCFA par tonne métrique, 314.591 FCFA par tonne métrique pour le gazole, et 342.933 FCFA pour le pétrole lampant, le carburéacteur, et l’essence destinée aux avions. «Dans ce contexte, la hausse des cours a une incidence sur les taxes des douanes. Si elle permet à la douane d’engranger plus de recettes, elle augmente le manque à gagner que supporte l’État sur le subvention à l’importation des produits pétroliers. N’oublions pas que depuis 2019, le Cameroun n’est plus pays producteur de pétrole raffiné avec l’incendie de la Sonara. Comme pour le fret maritime, la mesure du Ministre des finances vise à annihiler les effets de la hausse des produits pétroliers sur les entreprises», indique un haut cadre des Douanes camerounaises.

Fort de ce que les entreprises camerounaises ont enregistré d’importantes pertes financières, et dans le souci de sauvegarder le pouvoir d’achat des populations, éviter la faillite des entreprises et préserver les marges budgétaires de l’État, le Gicam propose des appuis à la trésorerie des entreprises, une flexibilité dans le système de contrôle des prix, lever les contraintes opérationnelles sur les entreprises, un soutien du pouvoir d’achat et l’accès des ménages aux produits de grande consommation, la redéfinition de certaines priorités en matière de production et de consommation, la transformation de l’économie camerounaise etc….

Félix Beda

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