Produits pharmaceutiques: les acteurs Africains font l’autopsie des maux qui minent le secteur
(Ripostes,Jean Marie Dim Dim). Mauvaise qualité des médicaments, vente de produits non-conformes, concurrence déloyale de faux pharmaciens, distribution désorganisée des produits, accès inéquitable aux médicaments etc…les pharmaciens et distributeurs du continent ont exploré les voies et moyens pour lutter contre ces manquements.
Cette rencontre a réuni des acteurs de la distribution pharmaceutique d’Afrique, déterminés à renforcer la disponibilité et la qualité des médicaments dans le continent. Organisée sous l’égide du Ministère de la santé publique du Cameroun, le Dr Manaouda Malachie, a procédé le 22 octobre 2024, à Douala, au lancement de la 3ème édition de l’Assemblée thématique de l’Association de Distribution Pharmaceutique Africaine (Adpa)
Selon l’Organisation des nations unies (Onu), plus de 2 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès aux médicaments essentiels. Malgré l’absence des données statistiques globale et fiables, l’Oms quant à elle, estime que sur ce tiers de la population mondiale, 50% se trouve en Afrique. En effet, 50% seulement de la population Africaine a accès aux médicaments essentiels ( Cf liste officielle de 433 médicaments jugés indispensables pr l’Oms pour répondre aux questions besoins de santé publique les plus importants. L’objectif général visé par cette Assemblée générale de l’Adpa, est celui de faire le bilan de l’année, et d’échanger sur les moyens d’améliorer l’accès aux médicaments pour les populations africaines. Il s’agit d’un échange ouvert sur la distribution pharmaceutique. Aussi, sur les risques et les opportunités auxquels sont confrontés la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique.
De manière spécifique l’Adpa devrait à travers de cette assemblée générale thématique: dresser le bilan annuel en terme d’innovation pharmaceutique, sensibiliser sur l’importance de la qualité des médicaments, identifier les obstacles à la disponibilité de la distribution des médicaments en Afrique, formuler des recommandations pour que les distributeurs pharmaceutiques puissent toujours bien jouer leur rôle, renforcer les partenariats, attirer des investisseurs, défendre et promouvoir les intérêts matériels et moraux des membres, attirer des investisseurs, développer et partager les meilleures pratiques de bonne distribution pharmaceutique, les normes éthiques et les objectifs de qualité dans le stockage et la distribution des produits de santé, accroître sa participation à la promotion et au développement, chez les populations Africaines des normes universelles en vigueur dans le secteur de la distribution pharmaceutique, en particulier et celles du secteur de la santé en général, acquérir, interpréter et diffuser à l’usage de ses membres et autres personnes concernées par les informations sur l’évolution des systèmes liés à la santé, et aider au développement de moyens plus efficaces et efficients de distribution des produits pharmaceutiques et produits des populations Africaines.
Il s’agit également pour cette organisation, de défendre le respect du circuit légal de distribution pharmaceutique auprès des gouvernements, des fabricants, des fournisseurs de médicaments et articles de santé ainsi qu’au niveau des autres opérateurs, coopérer et apporter son expertise aux organisations nationales et multinationales tant publiques que privées, mener des initiatives pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement de la santé et empêcher l’infiltration de produits falsifiés ou contrefaits, soutenir la création des associations nationales de grossistes et de distributeurs pharmaceutiques en Afrique.
Le Dr Manaouda Malachie, Ministre de la santé publique n’a pas manqué d’exprimer son plaisir à présider cette réunion déterminante, tout en soulignant le choix symbolique du Cameroun pour accueillir cette réflexion collective sur la santé publique, au regard de l’urgence continentale que constitue la nécessité d’une disponibilité des médicaments.
À cet effet, la problématique centrale de cette assemblée qui a été «la distribution pharmaceutique : disponibilité et amélioration de l’accès aux médicaments de qualité en Afrique», met en exergue un enjeu fondamental: celui de garantir à chaque Africain, l’accès aux soins. Ceci passe inévitablement par une distribution efficace et une qualité irréprochable des produits pharmaceutiques. Car, pour le membre du gouvernement, «il est inacceptable que des millions d’Africains soient privés de soins en raison de la pénurie ou de la mauvaise qualité des médicaments».
Avec la mise en œuvre au Cameroun de la phase 1 de la Couverture Santé Universelle (Csu), qui vise à offrir des soins de qualité, accessibles à tous, sans discrimination sociale, économique ou politique, la démocratisation de l’accès au médicament de qualité, est un défi que les distributeurs pharmaceutiques, au cœur de la chaîne d’approvisionnement, sont appelés à relever.
Malgré les progrès accomplis, le secteur pharmaceutique en Afrique reste confronté à de grands défis: « il s’agit entre autres de la vente illicite de médicaments et le non-respect des normes de distribution, qui constituent autant de freins à une distribution efficace des médicaments de qualité sur le continent. Ces défis sont amplifiés par un manque de contrôle sur les importations et des pratiques parfois peu rigoureuses, compromettant ainsi l’accessibilité universelle aux soins », a relevé le Dr Franck Nana, président de l’ordre national des pharmaciens du Cameroun (Onpc).
La récente Journée Africaine de Lutte contre les faux médicaments, célébrée le 12 octobre dernier, a rappelé l’urgence d’une mobilisation collective contre ce fléau. «Il n’existe aucune possibilité de lutte contre les faux médicaments sans une mise en commun des efforts de tous les acteurs », à rajouté le président de l’Opc. Trois principales pistes de solutions susceptibles de guider les actions en matière de distribution pharmaceutique en Afrique, sont évoquées pour relever les défis du secteur. Des pistes esquissées au cours de cette assemblée.
D’abord, a souligné le Dr Manaouda Malachie, il est nécessaire de renforcer la réglementation et la lutte contre les médicaments falsifiés ou médicaments de la rue, qui aggravent les maladies et entraînent des résistances. Ce qui passe par une coopération régionale et internationale pour venir à bout du mal. Aussi, il faudrait adopter des politiques communes, ainsi que la mutualisation des ressources pour les contrôles de qualité, et la mise en place des systèmes d’informations performants, pour aider à mieux sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
Ensuite, la production locale de médicaments et de produits pharmaceutiques, est à encourager. Un enjeu-clé pour réduire la dépendance excessive aux importations qui exposent les pays Africains, à de fortes perturbations d’approvisionnement.
Enfin, il faudrait assurer la distribution et l’accessibilité équitable aux médicaments, indépendamment de la localisation géographique, ou du statut économique, sur l’ensemble des territoires Africains. Plus que jamais, il y’a nécessité d’investir dans les infrastructures de santé, de développer la logistique, pour que chaque citoyen, où qu’il se trouve, ait accès au médicament.
Ainsi donc, pour des résultats concrets avec un impact durable, le Dr Manaouda Malachie a appelé à une action collective, pour assurer la distribution équitable des médicaments essentiels, en conformité avec les standards de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). «Nous avons l’opportunité, grâce à nos discussions, de poser des bases solides pour l’avenir de notre secteur », a-t-il déclaré, exhortant ainsi les participants, à faire preuve de détermination pour transformer les réflexions, en actions concrètes et tangibles, pour le renforcement des systèmes de santé Africains.
Au terme des assises, de Douala, l’Adpa a salué la forte participation des membres, les échanges constructifs et porteurs, sur les moyens d’améliorer la disponibilité et la distribution des médicaments en Afrique. Désormais, ce regroupement panafricain souhaite une meilleure sensibilisation des acteurs, sur l’importance de fournir des médicaments de qualités aux populations, mais également, la mise en place d’une meilleure stratégie de distribution des médicaments. Il importe par ailleurs, d’attirer de nouveaux investisseurs, renforcer les relations avec les différents partenaires, et oeuvrer pour l’accroissement de la visibilité de l’Adpa.