SCANDALE DOING BUSINESS DE LA BANQUE MONDIALE: ITIE, TRANSPARENCY INTERNATIONAL, AGENCES DE NOTATION, DES INSTRUMENTS DE MANIPULATION À DISSOUDRE
Dans une publication en date du 30 septembre 2021, intitulée «Adieu le Doing Business et peut-être le début de la fin de tricherie et la fraude internationale », l’expert comptable s’interroge sur la sincérité des 17 rapports publiés par l’institution de Bretton Wood. Émile Bekolo, le patron du Cabinet d’audit et de conseils Bekolo & partners, propose par ailleurs une réforme en profondeur et une surveillance permanente desdites institutions, voire leur disparition pure et simple. Lire la sortie vérité.
Après la révélation par des audits internes et externes de graves irrégularités dans les rapports 2018 et 2020, consistant à de flagrants cas de manipulation de données de certains pays, résultant principalement de pressions politiques, d’intérêts personnels et de corruption, la Banque Mondiale a enfin décidé en septembre 2021 de mettre un terme à sa très controversée publication phare «Doing Business». Cette dernière était dénoncée depuis de nombreuses années par plusieurs pays africains particulièrement maltraités par cette publication.
Doing Business est une publication créée par la Banque Mondiale en 2003 qui présente l’indice de la facilité de faire des affaires, en mesurant les indicateurs sur la réglementation des affaires et son application effective dans 190 économies. L’indice classe les économies de 1 à 190, la première place étant la meilleure. Un classement élevé signifie que l’environnement réglementaire du pays est favorable aux activités commerciales.
L’indice correspond à la moyenne des classements sur 11 sujets couverts par l’enquête Doing Business. Dans le rapport Doing Business 2020 paru en 2021, L’ile Maurice classée (13ème/190) est le 1er pays africain, suivi du Rwanda (38ème/190), du Maroc (53ème/190), du Kenya (56ème/190), de la Tunisie (78ème/190), de L’Afrique du Sud (84ème/190), de la Zambie (85ème/190), du Botswana (87ème/190). Le Togo (97ème/190) est le premier pays en Afrique de l’Ouest, tandis que le Cameroun (167ème/190) est le 1er pays en Afrique Centrale.
Les enquêtes ont révélé que les responsables de la publication du rapport Doing Business 2018 ont été manipulés et manifestement corrompus pour améliorer le classement de la Chine, ils ont même poussé le comble de la fraude en changeant la méthodologie d’évaluation pour le calcul de la note de la Chine! Dans le rapport Doing Business 2020, les notes attribuées l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis ont été manipulées afin que ces pays soient mieux classés que la Jordanie. Dans le même rapport, l’Azerbaïdjan a été mal notée pour des raisons d’animosité personnelle d’un responsable d’un responsable chargé de la préparation du rapport envers ce pays. Un vrai scandale!
C’est une honte et un discrédit total pour une institution comme la Banque Mondiale, «Championne» de l’éthique qui donne à travers le monde et en Afrique en particulier, des leçons de bonne gouvernance en dénonçant la corruption et les pratiques non-éthiques des gouvernements. On se demande maintenant quelle est l’étendue des fraudes dans les 17 rapports Doing Business publiés par la Banque Mondiale, car on se doute bien que la manipulation des indices qui est révélée aujourd’hui est une pratique ancienne de l’institution. Quelle est l’étendue des dommages et des torts causés aux pays par les rapports Doing Business ?
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Ce qui nous amène à douter de l’indépendance et de l’objectivité d’autres organismes internationaux tels que les Agences de notation des dettes souveraines des pays, Transparency International, L’initiative relative à la transparency des industries extractives (ITIE) etc…qui ne sont exempts de tout reproche, et qui ne sont pas à l’abri des scandales du même type.
Une réforme en profondeur et une surveillance permanente et accrue de ces instruments d’évaluation ou plutôt «instruments de manipulation » des économies de pays souverains qui ne rendent compte à personne, sinon à eux-mêmes, et qui sont devenus des outils de lutte géostratégiques des puissants pour le contrôle des ressources et des économies des pays les plus faibles. A défaut, ces systèmes doivent tout simplement disparaître comme c’est le cas aujourd’hui du Doing Business. Le monde ne s’en portera pas plus mal.