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Socapalm: les riverains dénoncent l’enfouissement sous terre de leurs sites sacrés

À l’issue d’une conférence de presse tenue le vendredi 4 novembre 2022 à Douala,  les plaignants et propriétaires des terres occupées par la Société camerounaise des palmeraies (Socapalm), ont également sollicité le retrait de la certification Rspo accordée au géant agroalimentaire.

La Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam), a porté très haut les cris de détresse des populations des villages où la Socapalm a érigé son empire industriel. En déplorant le fait que depuis le rachat de Socapalm par l’entreprise Socfin en 2000, les conflits avec les communautés locales sont nombreux et n’ont cessé de  s’amplifier avec l’accaparement des terres, violant au passage les droits desdites communautés villageoises sur leurs terres.  Emmanuel Elong, le président national de Synaparcam et les autres riverains des plantations de Socapalm, font remarquer que cette occupation abusive, pose le problème des sites sacrés enfouis sous les palmiers.

Aussi, «les communautés de Mbonjo et Souza par exemple, ont fait part à la Socapalm, encore une fois en fin 2020, de leurs profonds sentiments de désespoir face à la production industrielle de l’agro-industrie du palmier et autres hévéas,  qui, au-delà de la destruction de moyens de subsistance locaux, profane également les sites sacrés et le patrimoine culturel des populations locales, étouffant les pratiques ancestrales d’adoration, libertés et droits fondamentaux, s’il en est», affirment à l’unanimité Honoré Ndoumbe Nkotto, ingénieur, agronome, environnementaliste, et consultant externe, Michel Linge Essonga, coordonateur Synergie nationale des paysans et riverains du cameroun (Synaparcam) à Dizangue, Ferdinand Njoh Koum, riverain plantation Socapalm  de Dibombari et Zachée Nsohol, riverain plantation Socapalm d’Eseka.  

Pourtant, en début d’année 2021, les dirigeants de la plantation Socapalm de Dibombari ont effectué une visite d’inspection et de travail, en compagnie de diverses forces vives locales y compris les chefs traditionnels. Ce, pour prendre connaissance du quotidien des riverains, et de s’assurer si les promesses d’actions de  rectifications ont été faites dans cette partie du Moungo. Rappelons que la Société camerounaise des palmeraies, Socapalm est créée par l’Etat du Cameroun en 1968. Elle a fait suite à la Société coloniale, Socfin, qui recueillait les palmiers naturels dans la zone de Dibombari. 

Socapalm a été privatisée en 2000, suite à un bail emphytéotique sur une superficie de 78 529 ha pour une durée de 60 ans. En 2005, un avenant de ce bail a été effectué, ramenant la contenance superficielle des terres rurales de Socapalm à 58 063 ha. Par contre, le village de Mbonjo dans le Moungo par exemple, les terrains maintenus dans le bail passaient de 1190 ha à 1025 ha, ce qui correspond à une libération de 165 ha de terres.  Or,  la Socapalm privatisée, de la Socfin-Bolloré, comporte aujourd’hui 7 plantations: Dibombari, Mbongo, Mbambou, Dizangue, Edéa, Kribi et Eséka, dont les activités commerciales sont une véritable calamité pour ses les populations riveraines        

Au regard, du désespoir qui se dégage du quotidien des populations riveraines du fait des activités commerciales de la Socapalm, les plaignants réclament sur la base des résultats de la mission de vérification, que les certifications de Socfin soient annulées au Cameroun, mais aussi en Sierra Leone, au Nigéria et en Côte d’Ivoire. Car, soutiennent-ils, la Socfin viole les exigences minimales. Que les rapports d’avancement trimestriels de la Socfin pour la Rspo (Round Table for Sustainable Palm Oil) soient rendus publics et les rapports soient transmis aux communautés affectées et à la société civile pour vérification, l’ensemble des preuves envoyées aux organismes de certification par la société civile soient vérifiées de manière indépendante. 

Par ailleurs, les riverains estiment  qu’il est indispensable d’avoir une présence militaire sur les lieux, plutôt que de suivre uniquement la recommandation de la Rspo, ou de sensibiliser le personnel et les communautés. En outre, «nous appelons la Table ronde sur l’huile de palme durable (Rspo) à annuler les certifications de Socfin, la plus grande entreprise de plantation d’Afrique. Nous demandons également d’améliorer la transparence de son processus, de reconnaître le climat de peur et d’enquêter également sur d’autres allégations», exigent-ils in fine.

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