Sosucam: L’usine de Mbandjock cesse toute activité faute de carburant
Malgré les instructions du gouvernement à l’endroit de la Scdp, la Sonara et la Camrail, la pénurie des produits pétroliers persiste. La principale entreprise de production et commercialisation de sucre met provisoirement fin à ses opérations de production en attendant un retour à la normale des approvisionnements.
La note d’information a été signée, ce 22 avril 2022, par Emmanuel Castells, le Directeur général adjoint de la Sosucam (Société sucrière du Cameroun). Elle porte suspension temporaire des activités de son usine de Mbandjock, dans la Région du Centre. D’après ce dernier, «depuis le début de la semaine en cours, nous vivons des restrictions dans les livraisons de carburant qui nous ont amené aujourd’hui à un niveau critique». Comme dans la plupart des entreprises fonctionnant avec les produits pétroliers, la Sosucam est en effet confrontée à la crise ambiante de ces produits inflammables, cruciaux pour leur activités de production.
La situation décriée par le responsable de la Sosucam débute dès le 21 avril 2022: «Depuis hier, notre fournisseur de carburant ne parvient pas à honorer les livraisons journalières de carburant nécessaires pour notre exploitation», explique Emmanuel Castells, sans apporter des détails sur le volume de carburant utilisé quotidiennement par la Sosucam pour faire fonctionner son outil de production. Conséquence, la principale entreprise de production et commercialisation de sucre au Cameroun et en Afrique centrale est contrainte à une suspension d’activités. «Pour faire face à cette situation et en attendant d’avoir une meilleure visibilité, l’usine de Mbandjock va temporairement suspendre son fonctionnement… Cette mesure conservatoire sera levée dès la reconstitution d’un stock et la reprise régulière des livraisons par le fournisseur», a ajouté le Directeur général adjoint de la Sosucam.
Instructions
Pourtant, dans un communique du 20 avril 2022, Gaston Eloundou Essomba, le Ministre de l’eau et de l’énergie donnait des instructions pour faciliter la fluidité dans l’acheminement des approvisionnements en produits pétroliers : «la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), la Société nationale de raffinage (Sonara), devront travailler de concert avec la Camrail et les marketers, en vue d’accélérer le transfert desdits produits, sans délais, vers les différents dépôts de l’intérieur qui ont pour vocation à approvisionner les stations services du pays».
Le Ministre révélait également les causes de la pénurie : «il convient de faire observer que la plupart des pays du Golfe de Guinée, connaissent actuellement d’énormes difficultés d’approvisionnement du fait de la crise Ukrainienne, étant entendu que leurs principaux fournisseurs s’approvisionnaient en Russie. En outre, les restrictions d’accès au marché imposées aux produits d’origine russe, ont entraîné une rareté desdits produits au niveau des différents points d’approvisionnement, ce qui les rend par ailleurs plus chers», explique le Ministre.
Assurances
En rassurant, in fine, divers consommateurs: «À la faveur des cargaisons qui viennent d’être livrées, le pays dispose d’un stock confortable de produits à même de satisfaire la demande nationale….Les stocks confortables de produits sont effectivement disponibles dans le dépôt primaire de la Scpd à Douala et dans celui de la Sonara à Limbe», selon Gaston Eloundou Essomba. Des assurances qui contrastent malheureusement avec la suspension d’activités de l’usine Sosucam de Mbandjock.
Créée en 1964, la Sosucam est détenue à 72,7% par le groupe français Somdiaa, et 27,3% du capital est réparti entre l’État du Cameroun, des investisseurs privés et le personnel. L’entreprise cultive 18.700 hectares de plantations de cannes à sucre à Mbandjock et Nkoteng. Elle produit en moyenne 130.000 tonnes de sucre annuellement. Relevons in fine également que la Sosucam, c’est 8000 employés, une masse salariale d’environ 14 milliards de FCFA, avant la signature de l’accord du 3 mars 2022, un chiffre d’affaires annuel d’environ 60 milliards de FCFA, pour un capital de 21,2 milliards de FCFA.
Jean Adoul