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Suspension de contrat de Tollcam Egis Road: après l’annonce du licenciement de 200 personnes, le groupement Français met la pression sur l’État du Cameroun

(Ripostes,Auguste Domo). Alors que l’on attendait la réception officielle des 7 premiers péages automatiques depuis septembre 2023, ce consortium d’entreprises hexagonales ouvre un autre front. Obligeant le Gouvernement Camerounais à réagir afin de préserver la paix sociale ou d’éviter une querelle diplomatique avec Paris.

Plus de 4 mois après cette décision de mutation d’un contrat Ppp en marché public, les groupes Fayat et Egis, actionnaires de Tollcam, se trouvent dans l’incapacité de continuer à maintenir les emplois au sein des structures partenaires du projet sus-mentionné. Les nombreuses tentatives de conciliation effectuées auprès de l’Etat du Cameroun, afin de l’amener à revoir sa position et à trouver des solutions pour maintenir le personnel enrôlé dans le projet de construction et d’exploitation des péages suscité, sont jusqu’ici restées sans suite.

Par conséquent, le groupe Egis, présent au Cameroun depuis 1979, se trouve dans l’obligation de se séparer de sa ressource humaine composée de 160 collaborateurs, en plus des quelques 40 employés dont les contrats étaient déjà parvenus à terme. Soit un total de 200 personnes qui se retrouvent désormais sans emploi.

«Face à cette situation, ERO Cam se voit contrainte de procéder au licenciement de ses employés. Les démarches administratives nécessaires ont été engagées ce jour, impactant près de 160 collaborateurs en plus des quelques 40 employés dont les contrats étaient déjà parvenus à terme. Ce sont donc au total plus de 200 personnes qui auront été démobilisées de ce projet», peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise rendu public ce 18 juin 2024 par l’agence Poinciana.

Tout part du 2 février 2024, date à laquelle Emmanuel Nganou Djoumessi adressait unecorrespondance inattendue au Président de Tollcam partenariat, Philippe Serain: « j’ai l’honneur de vous faire connaître que le Gouvernement du Cameroun a décidé de suspendre l’exécution dudit projet en mode partenariat public privé, en vue de sa mutation en un marché public pour son transfert en pleine propriété à l’État », mentionne le document signé du Ministre des travaux publics du Cameroun.

Difficultés de mise en oeuvre du projet sous la forme initiale conclue en avril 2019, financement complexe, retards dans l’exécution des travaux, mais surtout, des relents de surenchère sur le projet marqués par de forts soupçons de surfacturation qui ont suscité l’intérêt des plus hautes autorités de la République dans ce projet.

Rappelons que les travaux sont exécutés dans le cadre d’un partenariat public-privé, par l’entreprise Tollcam, qui devait livrer en septembre 2023, les 7 premiers les postes: Mbankomo, Boumnyebel, Edéa, Tiko, Mbanga, Nkometou et Nsimalen. pour parachever plutard avec les 7 derniers: Mbanga, Manjo, Matazem, Bayangam, Bandja, Bafia et Tiko.

D’après cette convention signée le 18 mai 2020, le projet de construction des 14 péages routiers automatiques devrait générer 300 emplois, 7 milliards de recettes dès la première année d’exploitation, et 53,59 milliards de FCFA de recettes prévisionnelles jusqu’en 2039, sur la base d’un tarif unique de 500 FCFA. La quote-part à percevoir par l’Etat du Cameroun est évaluée à 5,482 milliards de FCFA, dès la première année d’exploitation, et environ 49 milliards de FCFA en 2039.

Le partenariat public-privé entre le Gouvernement Camerounais et Tollcam emane d’un accord direct de déblocage des fonds signé le 10 juin 2022, au même moment que la convention de collecte entre l’entreprise Tollcam, représentée par Philippe Serain, son Président, et Emmanuel Nganou Djoumessi, le Ministre des travaux publics, en présence du Ministre des finances et des responsables des Ministères des domaines, du cadastre et des affaires foncières, de l’administration territoriale, et ceux du Ministère des transports. Tollcam Partenariat, coentreprise de droit Camerounais a été créée par un Groupement français composé du groupe Fayat qui détient 50% des parts et Egis, également 50%.

Mais plusieurs interrogations fusent déjà au lendemain des décisions du 2 février 2024 et de ce 18 juin 2024, alors que Tollcam Partenariat escomptait sur des loyers annuels d’une enveloppe globale estimée à 195 milliards de FCFA, étalés sur 18 ans d’exploitation. Le groupement Français s’en tiendra-t-il seulement au licenciement de 200 de ses employés? Saisira-t-il les tribunaux compétents afin de faire valoir ses droits? Optera-t-il pour une mutation à l’amiable? Tollcam veut-il tout simplement faire pression sur l’État du Cameroun?

Seule certitude, le Gouvernement Camerounais se voit dans l’urgente obligation de clarifier sa position, tant sur le nouveau modèle de contrat décidé en février 2024, ainsi que sur le coup de théâtre émanant du groupe Français. À suivre.

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