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Taxe syndicale, pression fiscale, arnaques: Pourquoi les mototaximen se rebellent à Douala

La capitale économique est secouée depuis deux semaines par des affrontements entre mototaximen, et contre les forces du maintien de l’ordre. De graves incidents ont été enregistrés aux Carrefours «Mobil Bonakouamouang», «Salle des fêtes», ou «Akwa Avenue Ahmadou Ahidjo», les 8 et 13 avril 2022. Faisant des blessés, destruction de biens, et des arrestations. Les interrogations fusent de part et d’autres sur cette nouvelle escalade de violence impliquant des conducteurs de mototaxis. 

Tout part d’un mouvement de protestation contre des responsables syndicaux accusés de prélever de façon hebdomadaire la somme de 500 FCFA en soutien au mouvement syndical. Des conducteurs de mototaxis se sont indignés contre ce qu’ils qualifient «d’arnaques». Ces derniers estiment en effet que cette taxe syndicale ne sert plus à défendre les causes syndicales, plutôt à enrichir leurs représentants. Un nom revient sans cesse: celui de Willy Kegne, représentant des leaders des moto-taxis du Wouri, l’une des plus importante figure syndicale de mototaxis de Douala: «cet argent va dans leurs poches et celles de leurs familles. Nous ne voyons pas les retombées car nous ne sommes pas toujours écoutés par les autorités». Le rejet des responsables syndicaux se traduira par une campagne de tombée de chasubles d’identification. 

Malheureusement, les divergences entre pro-chasubles et anti-chasubles vont rapidement dégénérées, le 8 avril 2022, en rixes géantes dans plusieurs carrefours des Arrondissements de Douala 1er, 2ème et 4ème. L’intervention de la police anti-émeute permettra de ramener un calme relatif dans la capitale économique. Pour les mêmes causes, ces points névralgiques produiront les mêmes effets le 13 avril 2022. Cette fois, les mototaxis ajouteront à la colère syndicale, celle contre les pouvoirs publics: «nous n’en pouvons plus des multiples contrôles lancés dans tous les arrondissements pour nous empêcher de travailler. Avec des revenus de moins de 5000 par jour, comment peut-on respecter la loi?», s’interroge Wilfried Fongang, mototaximan positionné au lieu-dit «Ancien Dalip».  

Se conformer aux textes

Plus précisément, ces acteurs du transport urbain s’insurgent contre la pression fiscale (impôt libératoire, assurance taxe de stationnement…), l’exigence du permis de conduire de catégorie A, les casques de sécurité etc…L’intensification des contrôles de pièces administratives auprès des conducteurs de mototaxis a, par conséquent, fortement contribué à raviver la tension. À la Communauté urbaine de Douala (CUD), le Dr. Roger Mbassa Ndine, le Maire de Douala insiste sur «l’impérieuse nécessité pour ces acteurs à se conformer aux textes qui régissent leur activité». Ce dernier, tout comme le Préfet du Wouri, a récemment réitéré sa volonté de mener la répression à tout contrevenant aux dispositions en vigueur, après une longue période de sensibilisation et d’éducation.

À travers le projet baptisé «Moto Afrique», 17.859 mototaximen de Douala ont pu obtenir leur permis de catégorie A, l’impôt libératoire, des chasubles holologuées, et l’assurance, depuis 2016. Lobjectif de ce projet conduit par Samuel Mvondo Mvondo, étant d’atteindre un pic de formalisation de  20.000 mototaximen, fin 2022. On estime à 100.000 le nombre de motos exeçant l’activité de transport urbain à Douala. Malheuresement, la plupart évolue en marge de la règlementation, bien que le secteur soit ouvert à des entreprises privées mieux structurées à l’instar de Bee Moto.

Georges Milango

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