Des propos tenus par le Chef de 3ème degré de Bonassama, en pleine célébration religieuse, suscitent le courroux du Sous-préfet de Douala 4, qui l’a fait savoir au Pasteur de la Paroisse située à Bonaberi.
«Il m’est revenu que dans la journée du 26 mai 2022, et à l’occasion de célébration de la fête de l’ascension, à la fin du culte, vous avez laissé cours à la revendication sociale, donnant ainsi l’occasion au Chef traditionnel de 3ème degré du village Bonassama, Sa Majesté Edjangue Théodore, de s’exprimer en appelant le peuple Sawa à se lever contre les pouvoirs publics, afin de manifester contre le déguerpissement des habitants de Dikolo du quartier Bali, sis dans l’Arrondissement de Douala 1er, et ce alors que le Gouverneur de la Région du Littoral avait déjà appelé au calme, en convoquant la tenue d’une séance de travail y relative dans ses services dans la journée du samedi 28 mai 2022». Ainsi démarre, la correspondance adressée le 30 mai 2022, par Daouda Issa, le Sous-préfet de Douala 4ème, au Révérend Pasteur Noé Etoa Ebengue, de l’Église Évangélique du Cameroun (EEC), Paroisse de Bonassama.
Avec en objet «révendication sociale en rapport avec les déguerpis de Dikolo- Bali», l’administrateur y dénonce clairement l’attitude passive du responsable de cette église à l’endroit de Sa Majesté Edjangue Théodore. Ravivant la polémique déjà enflée sur cet épineux dossier foncier. «En rapport avec cette attitude, j’ai l’honneur de vous rappeler que l’église doit être apolitique et s’abstenir de s’ingérer dans la gestion des affirme politiques, fût-elle par personne interposée. Aussi, vous saurais-je gré des dispositions que vous voudrez bien prendre à l’avenir pour éviter un tel incident, et de transformer votre église en un lieu de meeting politique», poursuit le Sous-préfet de Douala IV.
Par réponse parallélique du 31 mai 2022, le Pasteur Noé Etoa Ebengue a apporté des éclairages sur la situation évoquée par l’autorité administrative : «….J’ai l’honneur de porter à votre attention que la prise de parole de Sa Majesté Kingue Ejangue Théodore, qui est du reste une pratique coutumière dans notre communauté, n’est pas intervenue à la fin du culte, mais à l’espace réservé aux annonces et aux nouvelles diverses. De plus, le contenu de son intervention n’a pas été un appel à l’insurrection contre les pouvoirs publics… Il me plaît de porter à votre attention que l’église évangélique du Cameroun à laquelle je suis membre et ouvrier reconnaît que toute autorité vient de Dieu et est digne de respect», a réagi l’homme d’église.
Reprenant les propos du Chef traditionnel de Bonassama («Je vous invite à participer à une marche pacifique en date du 26 mai 2022 dès 13h. Vous voudrez bien nouer un foulard blanc à la main droite. Ce qui atteste le caractère pacifique de cette marche»), le Pasteur Noé Etoa Ebengue, précise, par la même qu’«au regard de la situation sociale dans notre pays et en ma qualité de Pasteur, je ne saurai encourager toute initiative d’incitation ou de trouble à l’ordre public». Affirmant, par ailleurs, ne pouvoir répondre à Daouda Issa, sur la séance de travail du Gouverneur de la Région du Littoral, arguant «n’avoir aucune information concernant la tenue de cette séance de travail», car les faits relatés datent du 26 mai 2022. Soit deux jours plutôt.
Rappelons que Sa Majesté Kingue Théodore Ejangue s’était déjà fermement illustré lors de la réunion d’information du 28 mai 2022, convoquée par Samuel Ivaha Diboua, le Gouverneur du Littoral. Réunion au cours de laquelle, la notabilité a indiqué que «le Chef de l’État a donné les orientations au Gouverneur du Littoral, et c’est dans le cadre de cette concertation que nous avons eu, que les décisions importantes ont été prises. Le site de Dikolo ne peut pas appartenir à l’État du Cameroun, car il est né à partir d’un Décret de 1957 signé par la France. Or, le Canton Bell existe depuis 400 ans. Ce Décret d’utilité publique est truqué tant dans la forme que dans le fonds. On ne peut prendre un Décret d’utilité publique pour attribuer l’actif en question à un privé. Et même plus que cela, l’article 2 du Décret de 1997 stipule qu’il n’ y a que l’État et les entités publiques qui peuvent solliciter de l’État, une expropriation pour réaliser une cause d’intérêt général. À cet effet, l’État prévoit les modalités d’indemnisation de toutes les personnes concernées par cette expropriation. C’est inscrit dans le budget de l’État. Ce Décret n’a pas été pris en compte dans les différents budgets de 2015 à 2020. Vous pouvez vérifier. Je suis un chef de la communauté Sawa c’est à ce titre que je suis venu».
Georges Semey