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Titres du trésor: d’après Sylvester Moh Tangongho: « le Cameroun doit élargir sa base d’investisseurs, s’il veut continuer à émettre des titres de manière durable sur le marché ». 

Le Directeur général du tresor, de la coopération financière et monétaire du Cameroun a effectué cette sortie à l’occasion de la cérémonie de présentation du « Plan d’investissement de l’État du Cameroun, exercice 2023 », tenue le 17 février 2023 à Douala. Sylvester Moh Tangongho a présenté aux spécialistes en valeurs du trésor et aux opérateurs économiques, les avantages de saisir les opportunités offertes par les titres émis par le Cameroun, dont la signature demeure largement crédible, avec taux d’endettement en dessous du seuil communautaire. Lire l’interview accordée à votre site ripostescm.net.

Qu’est-ce ce qui justifie les assises de ce jour?

Nous avons invité le public et les acteurs opérationnels d’assister à l’émission des titres du trésor. Nous avons constaté que la base des investisseurs est très limité, si l’on s’appui sur les chiffres du Directeur général de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale de l’Afrique centrale, qui  parle de 8500 investisseurs dans la Cemac, pour une population estimée à 55 millions. Il faut donc absolument élargir cette base, si nous voulons continuer à émettre des titres de manière durable sur le marché.

– Avez-vous l’impression que le marché est réceptif?

Jusqu’ici, le marché est réceptif. Le seul problème auquel nous faisons face est celui des titres à  court terme, où les investisseurs vont pour la rentabilité, des titres de 3 à 6 mois pour les bons de trésors. Si non pour les moyens termes, et les longs termes qui vont de 5 à 7 ans, la demande est très forte. La preuve est qu’en mai 2022, nous avons levé 235 milliards de FCFA à 6,25%. La souscription est allée jusqu’à 239 milliards de FCFA, l’Etat a dû refuser 4 milliard de FCFA supplémentaires. Donc, les performances sont bonnes. Notre véritable problème est celui des courts terme et nous essayons de faire comprendre aux Spécialistes en valeurs du trésor (SVT) et aux banques, que l’essentiel n’est pas d’aller chercher les 7% dans les autres pays, mais il faut regarder les risques de cette concentration de leur portefeuille sur un pays. Nos titres de courts terme sont rémunérés autour de 4%, mais il y’a les pays  à la Cemac qui offrent jusqu’à 7%. 

Ce n’est est pas un taux que nous allons fixer par décret ou par  adjudication, c’est le marché qui décide, compte tenu de la signature de l’État qui fait que le taux soit autour de 4% pour le Cameroun. J’ai été très impressionné par la réaction du représentant de la Beac, qui dit que des travaux sont en cours  pour éviter que les pays proposent des taux exagérés. Le même phénomène se retrouve dans les longs termes, où il y’a des côtes élevées de 7% , mais derrière ils font des côtes très élevées, et qui viennent dénaturer tout le système, puisse qu’on parle de transparence.

Vous souhaitez lever 450 milliards de FCFA sur le marché. Au regard de l’environnement êtes-vous optimistes par rapport aux années antérieures?

Nous sommes optimistes, parce qu’au regard des souscriptions que nous faisons sur les longs termes, les 450 milliards de FCFA, c’est  pour  les financements des projets. Le marché peut absorber ces titres et donc il y’a pas de problème. Sur les bons de trésors, le Cameroun est l’un des rares pays qui s’endette à hauteur de moins de 3%. Or, en janvier 2023, nous sommes à un taux de 4,30%; et 4,11% en décembre 2022. 

Quelle est l’incidence de cette augmentation des taux d’intérêt sur  les BTA, sur la trésorerie publique ?

Au niveau de la trésorerie, nous payons plus des intérêts pour les bons de trésors de 3, 4, 6 mois, de 52 semaines. Mais, c’est quelque chose que nous observons depuis janvier 2022 et nous étions obligés de financer le remboursement de Bons du trésor assimilables (Bta) par nos ressources propres. Cela participe aussi à la résilience de notre économie. C’est vrai qu’il y’a eu des craintes chez certains qui croyaient qu’on devait faire des défauts de paiement. Faux ! parcequ’il est arrivé qu’on soit sur le marché en utilisant les BTA pour financer. Face à la non-réaction des souscripteurs, nous étions obligés d’utiliser nos ressources propres pour rembourser les BTA. 

Nous essayons d’expliquer aux SVT, qu’ils ont un devoir d’accompagner les États, parceque pour la plupart sont installés au Cameroun. Donc, c’est mal perçu de laisser les titres du Cameroun pour aller les chercher à des taux surréalistes dans d’autres pays. Quand on sait que vous bénéficiez d’un environnement favorable pour votre croissance sur place. C’est également le cas pour la soutenabilité du marché des titres publics que nous sommes entrain de construire depuis 2010, date de son lancement. C’est pas encore un grand marché comme à l’Uemoa. Il est donc nécessaire que ces BTA réussissent quand y’a une émission. D’autant plus que nous ne demandons pas grand chose, soit 10 à 15 milliards de FCFA demandés, parfois c’est pour répondre au gap de trésorerie.

Il faudrait que les SVT puissent répondre à cette demande, car il se trouve souvent que cela peut être demandé pour le refinancement. Si nous assistons à un défaut, ce sera l’échec du marché et  cela ne va pas seulement concerner l’Etat, même les banques auront des problèmes. Parce qu’elles n’auront pas la possibilité de pouvoir placer des liquidités oisives à court terme pour bénéficier de ses intérêts.

Avez-vous l’impression d’être écouté, et que comptez- vous faire  au sujet du marché secondaire?

À notre niveau je crois que c’est la deuxième fois que nous discutions sur le développement du marché secondaire. Chacun à son rôle. Au niveau de la Beac, il y’a la plate forme technique, qui est entrain d’être finalisée. Il faut veiller à la réglementation, s’assurer dans un cadre légal que les banques soient obligées à pouvoir céder ses titres au marché secondaire. Les SVT ont leur rôle à jouer, et au niveau du trésor, nous essayons de sensibiliser comme c’est le cas ce jour.  Il y’a des gens qui ne savent pas qu’ils peuvent participer aux émissions de titres. Parfois, ils ont l’impression qu’on leur cache l’information.  Par exemple, les titres publics sont plus rentables que les dépôts à terme, quand on sait qu’il y’a les dépôts de 3%; les Obligations du trésor assimilables (Ota) de 7%.

Propos recueillis par Dim Dim

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