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TotalEnergies: la cession de 2000 stations-services au Canadien Couche-Tard en Europe, inquiète les filiales Africaines 

(Ripostes,Georges Semey). Contesté dans certains pays et marqué par la volonté de migrer vers de nouvelles formes d’énergies, le groupe Français cède progressivement ses actifs. Présente dans une quarantaine d’États Africains, le géant hexagonal a récemment initié une mission d’évaluation du programme d’acquisitions foncières de ses projets sur le continent. Confirmant la volonté de son top management de se reconvertir. Toutefois, cette nouvelle vision fait déjà grincer des dents compte tenu de son potentiel impact social, notamment la stabilité des emplois.

À la recherche de débouchés en Europe, le Canadien Couche-Tard (groupe de distribution, d’alimentation et de carburants) vient de racheter plus de 2000 stations-services de TotalEnergies en Allemagne, en Belgique, ainsi qu’au Luxembourg et aux Pays-Bas. Montant de l’opération: 3,4 milliards d’euros (environ 2227 milliards de FCFA). Le géant Français de la distribution et la commercialisation des produits des hydrocarbures a finalisé cette cession le 3 janvier 2024, et a reçu en échange «un montant cash global après ajustements et avant impôts», mentionne un communiqué du groupe.

De façon plus détaillée, ce rachat comprend 100% des actifs en lien avec le commerce de détail de TotalEnergies en Allemagne et aux Pays-Bas. Soit respectivement  un nombre de 1191 stations-services en Allemagne, et 378 aux Pays-Bas. Toutefois, en Belgique et au Luxembourg, cet accord prend la forme d’un partenariat. Une co-entreprise entre TotalEnergies (40%) et Couche-Tard (60%), qui exploiteront 606 stations-services. « Les sites de ces quatre pays continueront toutefois d’être approvisionnés par TotalEnergies durant au moins cinq ans, notamment grâce à ses raffineries d’Anvers (Belgique) et de Leuna en Allemagne », précise le communiqué publié par le groupe Français.

TotalEnergies justifie la cession de cet important nombre de stations-services par le vote au Parlement Européen, mi-février, d’un règlement prévoyant l’interdiction des ventes de véhicules thermiques neufs en Europe en 2035, au profit notamment des véhicules électriques. Ce qui a contraint TotalEnergies à prendre des mesures sur le sort de ses réseaux en Europe, sous la menace d’une perte de leurs revenus liés aux carburants, alors que les véhicules électriques se rechargeront surtout au domicile ou au travail et moins en stations.

De bonnes sources indiquent par ailleurs que le projet de se départir de la vente de carburant date de depuis 2015. TotalEnergies avait alors cédé ses réseaux de stations-services en Italie, en Suisse et au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas. Le groupe Français entend explorer le développement des nouvelles mobilités, telles, les énergies électriques et par hydrogène. Il s’agit de la transformation de ces deux réseaux en maximisant leurs ventes hors carburants pétroliers.

En Afrique où TotalEnergies dispose de près de 4000 stations-services dans une quarantaine de pays, la cession des actifs en Europe sonne comme une mise en garde, au moment où cette compagnie est contestée dans plusieurs pays. Ce qui provoquerait un effet domino dans son réseau Africain, en plus de la volonté du groupe de migrer vers les nouvelles formes d’énergies. En effet, le groupe francais TotalEnergies a récemment annoncé le lancement d’une «mission d’évaluation» sur le volet foncier de ses projets pétroliers contestés en Ouganda et Tanzanie, Eacop (East African Crude Oil Pipeline) et Tilenga, dans une tentative pour soigner son image mise à mal par une plainte au pénal d’associations environnementales.

Cette mission d’évaluation du programme d’acquisitions foncières mené en Ouganda et en Tanzanie dans le cadre des projets Tilenga et Eacop a été confiée à Lionel Zinsou, personnalité reconnue pour son expertise en matière de développement économique de l’Afrique. L’entrée en scène du Canadien Couche-Tard relance les craintes des employés des filiales Africaines, qui redoutent la cession de certaines filiales à de nouveaux actionnaires, par conséquent des mesures sociales préjudiciables à leurs emplois. Notons qu’au Cameroun, TotalEnergies dispose de 190 stations-services et emploie 240 personnes.

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