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Traité du 5 avril 2023: une faction du Gicam s’oppose à la fusion-création, et propose une fusion-absorption 

Ces poids lourds du plus grand patronat du Cameroun soupçonnent par ailleurs, Célestin Tawamba, l’actuel président de ce groupement patronal, de vouloir opérer un passage en force afin de conserver le pouvoir à la tête de cette institution. Ce que le principal concerné balaie d’un revers de la main, prétextant sa volonté, depuis 2017, d’asseoir un secteur privé fort et unifié.

Rebondissement après la signature du Traité de fusion entre lss groupes patronaux E.Cam (Entreprises du Cameroun) et Gicam (Groupement interpatronal du Cameroun). Une faction constituée des membres du Gicam, dénonce l’acte du 5 avril 2023, paraphé entre Protais Ayangma et Célestin Tawamba, les présidents respectifs de ces deux organisations patronales. 

D’après l’un des patrons d’entreprises opposés à ce traité, « les membres du Gicam n’ont jamais été informés en amont de ce projet de fusion-création d’une nouvelle organisation patronale à la suite de la dissolution du Gicam et d’Ecam. Ce projet n’a pas été soumis à un véritable débat au sein du Groupement. Ce qui est un mépris grave à l’égard de l’ensemble des membres du Groupement. Le Gicam, c’est  quand même, 66 années d’existence. Le Gicam a de gros acquis à préserver et l’on ne saurait se permettre de les balayer d’un revers sans la consultation de tous les membres. Ce qui n’a pas été fait « , a réagi un membre, dont l’entreprise est spécialisée dans le secteur de la métallurgie. 

Rappelons que le 31 mars 2023, dans un communiqué adressé aux adhérents du Gicam, Célestin Tawamba informait de la fusion E.Cam/Gicam:  « pour donner suite à l’approbation à l’unanimité de nos conseils d’administration respectifs, le Président Protais Ayangma et moi-même, procéderons-nous très prochainement, à la signature du traité de fusion y relatif », indiquait l’homme d’affaires. Qui motivait cette démarche par  la volonté de « densifier le plaidoyer au sein d’une centrale patronale unifiée », « renforcer la capacité de persuasion du secteur privé », « améliorer la compétitivité des entreprises Camerounaises », « obtenir des résultats plus significatifs au sein d’un patronat plus puissant et plus représentatif ». 

Ce que ne partagent malheureusement pas certains membres, réticents. Pour ces derniers, l’idée de créer une nouvelle organisation patronale dite « plus moderne », « plus forte », et « plus audible », n’est en réalité, qu’un stratagème savamment orchestré par l’actuel président de la principale organisation patronale du pays (son second mandat à la tête du Gicam expire en décembre 2023), pour confisquer le pouvoir, et se maintenir de manière prolongée à la tête de la plus puissante organisation patronale du pays.

Pourtant, Célestin Tawamba soutient fermement que le processus de fusion a été lancé en 2019, le 17 janvier, avec la mise sur pied de la « Coordination patronale », instance de concertation et de synergie d’actions entre les deux groupes. Soit deux ans après le démarrage de son premier mandat à la tête du Gicam.

« Il y’a 6 ans, et plus précisément le 29 juin 2017, jour de mon investiture au Gicam, je me faisais mendiant de l’unité lorsque je declarais déjà qur l’exigence de rassemblement nous imposera de ne ménager aucun effort pour réunir et fédérer tous les patrons au sein de la Maison Commune qu’est le Gicam. D’ores et déjà, nous tendons officiellement la main à ceux qui, pour une raison ou une autre, ont tourné le dos à notre Groupement », affirmait Célestin Tawamba, le Président du Gicam, le 5 avril 2023. 

La faction opposée redoute le processus de fusion-création enclenché le 5 avril 2023, au profit d’une fusion-absorption: « une fusion-absorption est préférable à la fusion-création. Les deux organisations patronales n’ayant pas le même poids, comment comprendre qu’au lieu de pencher pour l’absorption d’Ecam par le Gicam, l’on priorise finalement plutôt une fusion-création?  Il y a donc certainement anguille sous roche », ajoute l’industriel dans la fabrication métallurgique.

Rappelons qu’au moment de la signature du traité de fusion, le Gicam enregistrait environ 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles. Fin 2021, il cumulait un chiffre d’affaires de 8434 milliards de FCFA. Avec un taux de 74,9% pour les entreprises modernes. Totalisant  185.426 employés, les entreprises du Gicam représentent une masse salariale de 895 milliards de FCFA. En 2020, ces dernières se sont acquittées auprès de l’État, d’un volume de taxes et impôts équivalent à 1525 milliards de FCFA. Soit 73,8% des recettes fiscales de l’État, et 39,7% du budget national. 

Le mouvement Ecam quant à lui, compte environ 400 adhérents. Oganisation patronale dédiée aux petites et moyennes entreprises, petites et moyennes industries, très petites entreprises, et aux start-up, elle a été céée en 2009,  avec pour missions, la promotion du développement du secteur privé, la défense des droits et des intérêts des créateurs de richesse, promouvoir l’entrepreneuriat jeune et féminin, ou institutionnaliser le dialogue avec le secteur public etc….

« Personne n’est dupe. Le processus de fusion enclenché depuis le 06 février dernier vise tout simplement à servir les ambitions personnelles de l’actuel président du Gicam. Puisqu’il a l’avantage d’ouvrir la porte à son maintien à la tête du patronat. Lui, dont le mandat expire d’ici décembre 2023. C’est tout simplement une tentative de hold-up », fait observer un opérateur économique de poids, membre du Gicam depuis trente (30) ans. 

Relevons que la fusion E.cam/Gicam qui prend officiellement corps en janvier 2024, intervient 15 ans après le départ de Protais Ayangma et plusieurs membres du Gicam, puis 6 ans après l’élection de Célestin Tawamba à la tête du Gicam.

Joslain Yabada

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