(Ripostes,Jean Marie Dim Dim). Au moment où le Gabon engage un dialogue national depuis ce 2 avril 2024, une forte délégation de hauts responsables de ce pays, conduite par Charles M’Ba, le Ministre des comptes publics, parcourt la sous-région Afrique centrale, à l’effet de mobiliser les financements nécessaires pour concrétiser cet ambitieux programme. Douala, la capitale économique du Cameroun, a constitué la deuxième étape de ce round up, ce 28 mars 2024. Tour consacré à la présentation de la stratégie annuelle d’émission des valeurs du trésor du Gabon, pour l’année 2024.
Initiée à l’intention des spécialistes en valeur du trésor (Svt), de divers investisseurs, des établissements de microfinance, compagnies d’assurance, courtiers en assurance, des organismes internationaux, des sociétés de bourse etc…, la communication de Douala, s’inscrivait dans la continuité de la campagne de promotion des valeurs du trésor du Gabon dans la sous-région Cemac, et qui vise à mobiliser, à terme, des financements importants pour la réalisation des projets contenus dans le Plan national de développement pour la transition (Pndt), de ce pays voisin.
Ainsi, pour l’année 2024, c’est une somme globale de 854 milliards de FCFA que le Gabon compte mobiliser au titre des bons du trésor assimilables (Bta) et des obligations assimilables du trésor (Ota). Pour atteindre cet objectif, Libreville compte sur l’ensemble des acteurs du marché financier de la sous-région Afrique centrale, dont ceux du Cameroun, première place financière de la zone Cemac.
À en croire le Ministre, « la stratégie 2024 est répartie en 425 milliards de FCFA en Bta et 430 milliards de FCFA en Ota », explique le membre du gouvernement. Pour ce qui est des Bons du trésor assimilables (Bta), ils sont dotés d’une maturité de 13 semaines, 26 semaines et 52 semaines pour une enveloppe globale de 424 milliards de FCFA entièrement dédiées à la gestion active de la trésorerie du Gabon.
En revanche, les Obligations du trésor assimilables (Ota), d’un montant de 430 milliards de FCFA, sont composées principalement des instruments ci-après: Ota d’une maturité de 3 ans à un taux d’intérêt de 5,50%, sur la période 2023-2026, Ota de 4 ans à un taux d’intérêt de 6,25% sur la période 2023-2027, Ota de 5 ans d’un taux d’intérêt de 6,50%, sur la période 2023-2028, Ota à 7 ans pour un taux d’intérêt de 7,50%, sur la période 2023-2030, et un Ota de 10 ans à 8,25%, sur la période 2023-2033.
Notons que l’étape de Douala intervient après celle du Gabon. Or, il se trouve que de grosses interrogations planent sur la capacité de cet État à tenir ses engagements auprès de ses créanciers. Ce, après le coup de force qui a porté le Général Brice Oligui Nguema, au pouvoir. La signature du Gabon est-elle encore crédible depuis le coup d’État, quand on sait que l’incertitude liée à la transition politique reste perceptible? D’ailleurs le Fonds monétaire international (Fmi) a suspendu le Gabon a la suite de l’accord triennal qui n’a pas aboutit pour mauvais résultats. Le fait que la transition politique se prolonge ne présente-t-elle pas de risques quant à stabilité sociale du pays ? Des questions essentielles qui trottent dans l’esprit des investisseurs.
Certes, le Ministre Charles M’Ba s’appuie sur le discours rassurant du Président de la Transition du Gabon, le Général de Brigade, qui a clairement marqué, dès le début de la transition, sa ferme volonté de maintenir les engagements pris par le Gabon, et de respecter les principes de transparence et de bonne gouvernance. Il est indéniable que l’État du Gabon au-delà de sa volonté de mettre en oeuvre le Pndt, puisse apporter des assurances fermes aux investisseurs, dans le cadre de ses opérations d’intervention sur le marché financier ou monétaire de la Cemac.