Compétitivité: les Tpe et Pme camerounaises en attente des retombées du DACC
Ce sont au total 200 très petites, petites, moyennes entreprises, et 14 organisations intermédiaires qui bénéficieront en 2022 d’un accompagnement technique et financier du Dispositif d’appui à la compétitivité du Cameroun (DACC), outil de renforcement des capacités des opérateurs économiques camerounais en vue de rendre plus compétitif le secteur privé local et stimuler sa croissance.
Lancé officiellement le 20 janvier 2020, le DACC entre, en effet, dans une phase décisive dans la mise en oeuvre de ses trois composante. La 5ème session de son Comité de pilotage, tenue le 18 mai 2022 à Douala, examinait opportunément les recommandations de la 4ème session du Copil, les avancées enregistrées depuis janvier 2022, et les aspects du plan d’action du deuxième semestre 2022. Aux côtés de Pierre Kam, Administrateur du Gicam, et Co-président alternatif du Comité de pilotage du DACC,
Vitesse de croisière
Protais Ayangma, le Président du groupement patronal Entreprises du Cameroun (ECAM) et Co-président alternatif du Copil du DACC apporte des éclairages sur le niveau d’avancement de ce dispositif de promotion de la compétitivité: «la mise en oeuvre d’un projet de ce type est lourd à démarrer. Il a débuté au plus fort de la crise du covid, mais le projet a déjà atteint sa vitesse de croisière car tous les experts sont disponibles. Sur les enjeux, plus précisément il est intéressant de savoir que le projet s’adresse aux petites et moyennes entreprises et aux organismes intermédiaires. La plupart des projets de cette nature s’adressent souvent aux grandes entreprises, mais cette fois ce sont les petites et moyennes entreprises camerounaises, et le Comité de pilotage est essentiellement constitués de camerounais».
D’un montant de 10 millions d’euros (6,5 milliards de FCFA), le projet DACC concerne trois composantes: l’appui direct aux entreprises et organisations intermédiaires (diagnostic rapide, assistance technique et commerciale, appui à la réalisation de business plans), le climat des affaires et appel au dialogue public-privé (appui au plaidoyer pour l’amélioration du climat des affaires, appui technique au dialogue public-privé), et la normalisation et l’efficacité énergétique (appui technique à la définition et au suivi d’instruments relatifs aux normes et à la qualité, audit énergétique des entreprises).
Mise en oeuvre opérationnelle
«Une accélération opérationnelle des travaux après la phase préparatoire. Cadre institutionnel clarifié, termes de références adoptés, nous mobiisons les experts pur cela. Il y’a 3 composantes et des secteurs clé ciblés: riz, manioc, tomate, et d’autres secteurs de transformation. L’autre axe, c’est le norme et l’efficacité énergétique des entreprises. Le 3ème volet, c’est le renforcement des plateformes entre le secteur privé et les autorités. Il faut savoir que les projets d’investissement par nature prennent du temps et les procédures sont longues. Les facteurs exogènes sont à l’origine de ce retard. Les experts qui sont majoritairement des experts locaux», a indiqué Jean Claude Van Damme, l’Ambassadeur de l’Union Européenne au Cameroun.
Le 20 janvier 2022, le DACC est entré dans sa troisième année de mise en oeuvre opérationnelle. 50 actions d’appui aux entreprises, d’appui à la normalisation et à l’efficacité énergétique des entreprises sont prévues. Concrètement ce programme apportera un appui à l’Anor dans la préparation de la loi cadre sur la normalisation et préparation de ses décrets d’application, la normalisation et l’efficacité énergétique, la sensibilisation des entreprises sur les économies d’énergie. Pourtant, des parties prenantes évoquent des lenteurs opérationnelles dans la mise en oeuvre du DACC.
«Une accélération technique des travaux est prévue après la phase préparatoire. Le cadre institutionnel desormais clarifié, les termes de références adoptés, nous mobiisons les experts pour que le processus s’accélère», a rassuré Protais Ayangma.
80% des objectifs atteints
Raouf Jaoua, Chef de mission DACC, Expert principal d’appui direct aux entreprises et organismes intermédiaires, apporte d’autres précisions sur le projet: «Concernant les résolutions de la 4ème session, 9 au total, 7 ont été totalement réalisées, 2 ont été partiellement été achevées, et 600 acteurs ont été mobilisés. 80% des objectifs ont été atteints. En ce qui concerne la centrale d’expertise, pour avoir une base d’experts à mobiliser auprès des entreprises, tous les travaux sont effectués, sauf la partie informatique de la centrale pour que les entreprises puissent y accéder. Les difficultés ont été sur la composante n°3, des actions qui ont été retardés du fait de la non-mobilisation des acteurs bénéficiaires de ces actions, ainsi que des ressources qu’ils devaient mobiliser», explique-t-il.
Le Comité de suivi opérationnel du DACC fait état de 200 candidats sélectionnés pour la validation de la base des données du projet, articulée autour de 54 chaînes de valeurs. On annonce la poursuite du processus de renforcement des capacités d’action de l’Agence des petites et moyennes entreprises (APME), un appui de la feuille de route du CONAFE, le Comité national de facilitation des échanges dans le cadre de l’adaptation du Cameroun à la mise en place de la zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Également en cours, la préparation de la loi-cadre sur la normalisation et ses décrets d’application, l’appui des entreprises en matière d’efficacité énergétique etc….
Éligibilité
Notons qu’entre 2020 et 2021, plus de 80 très petites et moyennes entreprises ont bénéficié de séances de renforcement de capacités, d’élaboration de business plan. Dans le même ordre d’idée plus de 23 très petites et moyennes entreprises (90% appartenant à des femmes et 25% à des jeunes) ont été formés sur la maîtrise du packaging et l’étiquetage des denrées alimentaires.
Au 31 décembre 2021, 14 organismes intermédiaires sont éligibles au DACC, dont le Gicam, Ecam, la Bstp, Anemcam, Madika, Cwbla, le Gfac ou Cwen. Rappelons que le DACC tire sa mise en oeuvre de la signature d’un accord de financement entre l’Union Européenne et le gouvernement camerounais dans le cadre du 11ème Fonds Européen de Développement (FED). La fin de l’assistance technique de l’Union Européenne est prévue pour le 18 janvier 2024.
Gad Thy