Management: la leçon militaire du Colonel Jackson Kamgain aux managers d’entreprises
Le Directeur du Génie militaire a pris activemet part aux journées nationales du management organisées par le cabinet Paness, du 22 au 24 juin 2022 à Douala.
«Il m’a été demandé de déterminer quelles sont les stratégies qui peuvent être utiliser pour permettre au manager d’avoir un courage de dépassement pour prendre la décision. Après deux années de crise, le manager doit pour cela avoir des éléments qui puissent leur permettre de s’adapter et pouvoir décider rapidement. Dans le cadre de ma présentation, je leur ai montré d’abord ce que c’est que le pouvoir, qu’est ce que les militaires pouvaient leur apporter en terme de types de management (le courage de la vérité, celui de collaborer, d’innover et de décider). Et pour décider, on sait qu’il ne peut pas avoir de décision sans peur mais il faut être en mesure de dépasser cette peur. Donc il était question de montrer comment dépasser ses peurs, en ayant une peur plus grande ou en ayant le sens du devoir».
C’est partiellement la substance de l’intervention du Colonel Jackson Kamgain, le Directeur du Génie militaire à l’occasion de la 13ème édition des «Journées nationales du management», organisées par Paness Informatique.
L’intervention de l’officier supérieur intervenue le 24 juin 2022, pendant près d’une trentaine de minutes, devant un panel de participants avertis, portait sur le thème «stratégies militaires appliquées au courage managérial et à la prise de décision». Thème d’actualité au regard des différentes crises mondiales, causes d’un monde «Vica», Volatile, Incertain, Complexe, et Ambiguë,a indiqué d’entrée, le manager militaire.
Le manager doit se militariser
Au regard de ces enjeux nouveaux, ce dernier pense fermement que le manager civil comme le militaire devrait «dépasser sa peur» et «prendre des risques»: «face à cet environnement presque chaotique qui s’apparente à la guerre, les leaders d’entreprises et managers doivent se réajuster, se réinventer, s’armer de courage pour mieux prendre des décisions. Ils doivent « se militariser »», pense-t-il. Pour se faire, l’exposant a structuré son exposé sur «le courage chez les soldats», «les types de courage managérial», et «comment favoriser le courage managérial dans une organisation». Des thématiques pertinentes qui n’ont pas laissé de marbre la centaine d’auditeurs.
Pour planter le décor, le Colonel Jackson Kamgain relève que «dans le cadre de leur métier, les officiers, les chefs militaires doivent presque toujours posséder les mêmes aptitudes pour commander. Ils sont formés pour agir et prendre des décisions qui engagent directement des vies dans le cadre de la guerre. Ils doivent discerner malgré la complexité, décider dans l’incertitude, faire Face dans l’adversité car « penser et maitriser l’incertain » et « agir dans le brouillard de la guerre », sont, en effet, depuis toujours des caractéristiques de l’action militaire». Exhortant le manager civil à cultiver «le courage de la vérité, de collaborer, d’innover, et de s’affirmer pour décider»
Personal courage
Sur la base de la définition étymologique du courage (qualité qui désigne l’attitude du guerrier, du soldat, et qui s’oppose à la lâcheté), il ressort que le chef militaire est formé pour fédérer ses équipes, responsabiliser ses hommes, cultiver la force du collectif, prendre en compte l’importance de la communication, et lutter contre l’indécision en se focalisant sur un objectif majeur. Pourtant, une peur peut en cacher une autre. Ainsi, le manager d’entreprise pourrait se fonder sur une peur plus grande pour se projeter. Ce, autour de 3 piliers: une autre peur, un sens du devoir, une conviction forte: «….La peur provoquée par des coups de feu est supérieure à celle de traverser une ruelle obscure, car si vous avez peur de traverser une ruelle obscure et que subitement vous entendez des coups de feu derrière vous, vous prendrez vos jambes à votre cou pour traverser ladite ruelle», ajoute l’homme en tenue.
Qui s’appuiera, pour convaincre davantage, sur la métaphore de la «Vigie d’un navire de guerre»: (quand la météo est bonne, pas de nuage, bon soleil, la vigie, le point le plus haut du mat du bateau, permet lorsqu’on y est installé en haut du mat, de voir bien plus loin que tous les marins sur le pont). En clair, d’après cette métaphore, le Colonel Jackson Kamgain plaide pour
un sens de la vision, de l’anticipation, de hauteur et de décision stratégique afin d’arriver à bon port. C’est par une citation paraphrasée de Georges Bernard que l’officier-exposant concluera son speech démonstratif : «il y’a deux catégories de managers. Ceux qui voient certaines choses telles qu’elles sont et se contentent de les subir, et ceux qui créent l’histoire en imaginant les choses telles qu’elles devraient être et se disent: pourquoi pas». Invitant par ailleurs, le manager civil à faire preuve de «personal courage »
ou «courage du soldat», dans ses prises de décisions.
Georges Semey