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Chapitres budgétaires 65 et 94: Le SED enquête et le Consupe audite

Deux correspondances adressées par Ferdinand Ngoh Ngoh, le Secrétaire général de la Présidence de la République, adressées respectivement le 18 janvier 2022 à Rose Mbah Acha, la Ministre déléguée à la Présidence de la République, chargée du Contrôle supérieur de l’État, et le 26 janvier 2022 à Galax Etoga, le Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Défense chargé de la Gendarmerie nationale, laissent présumer d’éventuelles malversations et détournements de fonds publics dans la gestion de ces deux lignes intitulées «Intervention et Investissement».

«Le gouvernement n’a rien à cacher. Cependant, il peut arriver que ces chapitres de dépenses communes financent des opérations qui ont trait à la sécurité nationale. Ces bénéficiaires-là, je n’ai pas forcément envie que tout le monde sache que tel bénéficiaire a eu ceci. Dans ce sens, pour la sécurité du bénéficiaire et celle de la Nation. Il nous sera très difficile de donner certaines informations surtout celles qui revêtent un caractère extrêmement confidentiel. Dans les notes qui nous arrivent, on nous le dit, c’est extrêmement confidentiel parce que c’est la défense nationale», indiquait Louis Paul Motaze, le Ministre des finances, le 5 décembre 2021, lors du débat général sur la Loi de finances 2022 devant l’Assemblée nationale.

Le membre du gouvernement s’exprimait sur la polémique naissante relative à l’usage des fonds issus de la ligne 94 du Ministère de l’économie, du plan et de l’aménagement du territoire (Minepat). Ligne intitulée «Intervention et Investissement». «On ne peut pas toujours contenter tout le monde car lorsque le gouvernement estime qu’une opération est importante pour le pays, quand bien même cette opération est menée par un privé, le gouvernement a le droit d’estimer que ce privé a le droit d’être appuyé», avait justifié Louis Paul Motaze. La polémique s’est toutefois poursuivie, malgré ces assurances, après publication d’une correspondance anonyne destinée au Président de la République. Dans laquelle l’expéditeur accusait le nommé Jean Sylvain Mvondo, Directeur de l’investissement et de la programmation public au Minepat, de «ponctionner les caisses de l’Etat à travers la ligne 94».

Ce, en complicité, indique la correspondance anonyme, avec Séraphin Magloire Fouda, le Secrétaire général des Services du Premier Ministre, Louis Paul Motaze, le Ministre des finances. «Il est à noter que Monsieur Mvondo Jean Sylvain est parfois présenté comme étant l’un de vos neveux et a le soutien d’un responsable de la Sécurité présidentielle (DSP), à travers lequel ils ont passé la plupart des marchés fictifs, liquidé et soldé par la ligne 94. Les mêmes détracteurs sont ceux qui ont soutenu et accompagné Monsieur Lebou. Et ils sont prompts à réagir sur des marchés fictifs et des financements fictifs de la maintenance des pistes agricoles dans le Sud, au détriment des véritables actions de la promotion industrielle et économique….», mentionne la lettre anonyme du 26 janvier 2022, et intitulée «Nomination au Minepat, le cas Jean Sylvain Mvondo».

Le 16 février 2022, et en réaction à la correspondance anonyme du 27 janvier 2022, Ferdinand Ngoh Ngoh, le Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, adressait sur ce cas précis, une correspondance au Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Défense chargé de la Gendarmerie nationale. «J’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint, pour exploitation, thermocopie d’une note d’information parvenue à la Présidence de la République….», mentionne la lettre de Ferdinand Ngoh Ngoh. Auparavant, le 18 janvier 2022, le Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, avait saisi Rose Mbah Acha, la Ministre déléguée à la Présidence de la République, chargée du Contrôle supérieur de l’État, pour, «un audit de la gestion des ressources issues des chapitres budgétaires 65 et 94 sur la période allant de 2010 à 2021».

Une suite logique de la polémique devenue enflante sur ce qui semble être une nébuleuse. «Dans le prolongement de ma correspondance visée en référence, par laquelle je vous répercutais les très hautes instructions de Monsieur le Président de la République, vous prescrivant d’ouvrir une enquête sur le financement par le Trésor public, des projets appartenant à des promoteurs privés. J’ai l’honneur de vous demander , d’ordre du Chef de l’État, de procéder à l’audit de la gestion des ressources issues des chapitres budgétaires 65 et 94, sur la période allant de 2010 à 2021», précise Ferdinand Ngoh Ngoh.

Au regard de la tournure des événements, la navette des correspondances et les autorités saisies, il apparaît désormais incontestable, l’existence de malversations dans la gestion des lignes budgétaires évoquées. Plusieurs investissements bien visibles dans les grandes villes du Cameroun ont, sans doute, été réalisés par leurs financements. Des opérateurs économiques également bien connus de la place, sont également sur le chaudron de présumés malversations, blanchiment d’argent ou de détournements de fonds publics. À suivre.

Sherlock Holmes

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