15 mai 2024

Cicam: Des retraités réclament 100 millions de FCFA de pension vieillesse

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Une trentaine de ces ex-employés ont entamé ce 24 septembre 2021, un mouvement de grève devant la Direction générale de cette entreprise à Bassa-Douala. Ils reprochent par ailleurs à la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), le non-versement de leurs divers droits sociaux auprès de la Caisse nationale de prévoyance sociale.

«La Cicam est sourde face  à nos revendications. Les discussions que nous avons entamé depuis des années n’ont abouti à rien. Nous sommes fatigués de cette situation». C’est par ces propos que s’est confié un sexagénaire, ex-employé de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), entreprise spécialisée dans la confection textile, la filature, le tissage, le blanchiment, la teinture et l’impression sur tissu. Une trentaine d’anciens techniciens ont investi la Direction générale de l’entreprise à Douala-Ndokoti le 24 septembre 2021 munis de pancartes expressives de leurs revendications. «Nous plaidons à son Excellence Paul Biya Président de la République du Cameroun de nous venir en aide», «Nous, retraités du groupe Cicam, réclamons le paiement de nos pensions vieillesse», pouvait-on lire sur lesdites pancartes positionnées devant l’enceinte de la Cicam Ndokoti.

Hormis le versement de leur pension-vieillesse, on apprendra de ces derniers que la Cotonnière industrielle du Cameroun ne s’acquittait d’aucune prestation sociale auprès de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). D’après un ancien teinturier de cette entreprise, également parmi les protestataires «c’est après avoir passé 30 ans au service de la Cicam, que je me suis rendu compte après ma retraite que l’entreprise ne reversait aucun droit à la Cnps. Nous arrivons pas à jouir de nos allocations alors qu’il avait été indiqué qu’elles ont régulièrement été versées», s’indigne le retraité. La trentaine d’ex-employés, documents à l’appui, évaluent leur dû à hauteur de 100 millions de FCFA. Ils accusent par ailleurs la Direction générale de la Cicam de se murer dans un silence improductif : «nous avons eu des réunions avec les responsables de l’entreprise qui nous ont rassuré que ce dossier allait connaître une suite favorable. Nous sommes fatigués d’attendre», s’est exprimé un agent retraité depuis près de 10 ans. 

Restructuration

Joint, la Direction générale de la Cicam a observé le même mutisme sur la situation sociale devant la Cicam Ndokoti. Pour justifier ses tensions de trésorerie, les responsables de cette entreprise pointent régulièrement un doigt accusateur sur «la concurrence déloyale, la contrebande, et les importations massives de produits textiles». Dans un exposé au Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), Nicolas Njoh, le Directeur commercial de la Cicam révélait la chute vertigineuse du chiffres d’affaires de la Cicam, passé de 13,2 milliards de FCFA en 2018, à moins de 9,9 milliards de FCFA en 2019. Il se situe actuellement, d’après un récent rapport sur les entreprises publiques et para-publiques, en dessous de 8 milliards de FCFA. Pis, les deux usines Cicam de Douala connaissent des arrêt d’activités récurrentes. La dernière en date est intervenu août 2021, provoquant une cassation de production. En attendant le lancement du plan de restructuration de la Cicam engagé le 23 juillet 2021 par le Bnm, le Bureau de mise à niveau des entreprises (reconstitution des capitaux propres, capitalisation des comptes courants actionnaires, restructuration des dettes, baisse de la masse salariale et des avantages financiers, exclusion du personnel improductif, modification de la gamme de produits, réorganisation des systèmes de production etc….), la Cotonnière industrielle du Cameroun se meurt lentement. 

De mémoire, la Cotonnière industrielle du Cameroun est régulièrement en proie à des crises sociales, concernant les conditions de travail, le paiement des salaires, ou des pensions vieillesse, mais également relatives aux incertitudes sur l’outil de production vieillissant et inadapté. La Cicam est d’ailleurs  cité parmi les entreprises camerounaises accumulant des pertes importantes. Des pertes cumulées estimées à près de 14 milliards de FCFA sur la période 2018-2020. 

Née de la coopération, entre l’Etat du Cameroun, la Banque Allemande de Développement (Deg) et le groupe Français du textile (Dmc), la Cotonnière Industrielle du Cameroun a été créée en 1965. Propriété de l’Etat du Cameroun depuis 2008, la Cicam dispose de 3 sites industriels de production à Douala et à Garoua: Cicam I à Ndokoti au siège, Cicam II, usine spécialisée dans le tissage et la confection des articles éponges, et Cicam Garoua, unité de transformation de coton fibres, en filés pour le tissage des tissus écrus devant servir à la fabrication des produits pagnes et éponges.

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