Comeci: les ex-épargnants forment un collectif de révendications

Achille Azemba, le porte-parole de ce regroupement parle d’un ras-le-bol général face aux atermoiements constatés dans le processus de liquidation de cette microfinance qui devrait aboutir au paiement des droits financiers de centaines de clients. 

Déja 6 ans que l’attente se prolonge. Les ex-clients de la microfinance Comeci (Compagnie Équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement), restent dans l’expectative du règlement de leurs droits depuis la faillite de cet établissement de crédits en 2016. L’affaire vient de connaître un dernier rebondissement mené par un Collectif constitué d’anciens épargnants. « Trop c’est trop, nous réclamons le paiement de nos épargnes », affirment-ils, sans repères.

Mené par Achille Azemba, leur porte-parole le Collectif envisage interpeller les autorités administratives locales, monétaires sous-régionales, voire les politiques sur les lenteurs et les dysfonctionnements observés dans le processus de paiement de leurs droits.

« Cette microfinance sur laquelle nous avons fondé beaucoup d’espoir a fermé les portes engloutissant les milliards constitués de la petite épargne des milliers de camerounais pour qui a l’époque, l’accès aux banques classiques était un véritable. Que de  microprojets économiques personnels poussés vers la banqueroute. Et que dire des associations culturelles qui ont du voler en éclat, tout cela parce que n’ayant plus accès à  leur argent placé chez  Comeci », ajoute Achille Azemba.

Après sa faillite, et sa déclaration en cessation de paiement par le Tribunal de grande instance du Wouri, le 27 avril 2019, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) placera la Comeci sous administration provisoire,  dès le 16 janvier 2018. La Cobac désignera Bernard Mvogo, comme Administrateur provisoire, pour un mandat de 6 mois. Motif principal, « au regard de la situation financière et prudentielle critique de la Comeci et compte tenu de l’incapacité de ses dirigeants sociaux à restaurer la solvabilité de cet établissement », relevait l’instance prudentielle sous-régionale.

Bernard Mvogo avait précisément pour mission de procéder à l’augmentation du capital de la microfinance à hauteur de 3 milliards de FCFA par phases, en fonction de la situation et des besoins de la société . Les efforts de l’Administrateur provisoire seront vains du fait des réticences des administrateurs, le flou sur l’actionnariat, la complexité des comptes, l’opacité des transactions, ou le manque de traçabilité des opérations comptables. 

Après la calamiteuse phase d’administration provisoire, il sera décidé de la liquidation de la microfinance. Liquidation conduite par M. Towoua qui trépassera malheureusement en cours de missions, le 19 avril 2021. Par décision du 28 juin 2021 de la Cobac, homologuée par le jugement N° 468/COM du 27 septembre 2021 du tribunal de grande instance du Wouri, il sera remplacé par Ida Djodju Enchei, nouvelle syndic judiciaire de la liquidation. Cette dernière rendra public un communiqué le 4 octobre 2021, inivitant « tous les créanciers de la Comeci qui n’avaient pas encore produit leurs créances à le faire dans un délai de 60 jours ». Par ailleurs, Ida Djodju Enchei rappelait à tout créancier de la Comeci de se munir de toutes les pièces justificatives de sa créance et d’une somme de 3000 FCFA, représentant les frais de récépissé de production de créance. 

Environ un an jour pour jour, la situation reste inchangée. « Tous les décideurs en charge de ce dossier de près ou de loin sortent de leur léthargie et prennent, dans un délai bref, les bonnes décisions permettant aux épargnants de rentrer en possession de leur argent, car trop c’est trop. Et ils vont désormais prendre leurs responsabilités afin que justice soit faite », martèlent Achille Azemba, qui n’exclut pas un mouvement d’humeur des membres du Collectif, comme dernière solution afin de se faire entendre des parties prenantes impliquées dans le processus de liquidation et de restitution des fonds des ex-clients Comeci. 

Relevons que d’après les conclusions de l’administration  provisoire de 2018, Comeci a perdu 8,281 milliards de FCFA au cours de l’exercice 2017, soit près de huit fois son capital social. Perte sèche qui serait due par l’échec du recouvrement forcé des créances. la  Cobac. Cette décision sera homologuée par le tribunal de grande instance du Wouri, par jugement N° 468/COM du 27 septembre 2021.

Gad Samy