Une guerre pour le contrôle d’une chefferie de 3ème degré dans cet Arrondissement, fait rage avec en toile de fond, des vélléités de règlements de comptes, trafics d’influence, menaces de mort et autres actes anti-républicains. Sa Majesté Makoumack Madeleine Passy, est sans doute l’une des dernières actrices de ce système cacophonique observé dans plusieurs autres localités du Cameroun.
La Chef de 3ème degré de cet archipel constitué de plusieurs plusieurs ilots regroupés en villages autour du Lac Ossa, dont l’accès peut se faire par voie terrestre ou maritime, la notabilité est confrontée à une opération de contestation de sa qualité d’autorité traditionnelle de ce village. Sa Majesté Makoumack Madeleine Passy, a en effet été désignée Chef traditionnel de 3ème degré du village Mevia Lac Ossa, dans l’Arrondissement de Dizangue en date du 12 octobre 2021, après des consultations officielles et légales conduites par Patient Sosthène Ebok Sandjomo, ancien Sous-Préfet de Dizangue, récemment affecté à un autre poste. Makoumack Madeleine Passy, comme Chef de 3ème degré du village Mevia, en sa qualité d’héritière de ce trône de par sa mère qui fut la fille aînée de son grand-père Yomba Henry, autrefois Chef de Mevia.
Malheureusement, cette dernière n’est jusqu’ici, pas entrée en possession, de son Arrêté de désignation pour des raisons obscures. En attendant ce precieux document, elle gère habilement les affaires courantes de ce village stratégique. Pourtant, son dynamisme fait face à une farouche opposition de certains visages ayant des intérêts dans cette localité. «À ce jour, je suis confrontée à la vente de terrains par un groupuscule de personnes non-apparenté au village Mevia, sous le pilotage et la couverture du chef de Canton Yakalag Delangue Samuel et de son frère le colonel Songue. Le chef de canton affirme à hue et à dia, qu’il ne me reconnaît pas comme chef de sa communauté. Le colonel Songue lui, jeune frère du chef de canton et Colonel dans le Bir, a tenu des menaces de mort à mon endroit auprès de certaines personnes qui sont venus me les rapporter et qui m’ont rappelé que le grade de l’armée qu’il venait d’avoir, lui donne le droit de m’abattre sans qu’il ne rende compte à personne et qu’aucune explication ne lui soit demandée. Le Colonel Songue est allé jusqu’à menacer de mort les gendarmes de mort avec son arme pour la simple raison d’avoir adressé des convocations aux hommes qu’il utilise dans les affaires louches qu’il mène à Edea. Pourtant, ces hommes ont reçu une plainte venue du tribunal d’Edea à la suite de l’abattage sauvage du bois qu’ils font à Mevia», a relève le chef de 3ème degré, dans une saisine exhaustive adressée au Ministre de l’administration territoriale, tutelle compétente en l’espèce.
Depuis, des manoeuvres de sa destitution ont cours à travers un nouveau processus de désignation d’un autre Chef de 3ème degré du village Mevia, en lieu et place de Makoumack Madeleine Passy. Un message porté y relatif datant 1er avril 2022 confirme la démarche engagée par Angèle Maiwola, le Sous-Préfet de Dizangue. Qui annonce «des consultations des notabilités coutumières compétentes en vue de la désignation d’un nouveau chef du village conformément aux hautes instructions du Préfet de la Sanaga Maritime », mentionne le document. En réalité, la notabilité contestée y voit les conséquences d’un conflit domanial à l’origine de cette tension.
«Le chef de Canton et son frère cadet le Colonel Songue ont fait de la vente de terrain leur chasse gardée à Mevia. Pourtant ils ne sont pas de ce village. Ils détruisent la forêt par la coupe sauvage des espèces rares, foulant au pied les recommandations du Sous-préfet au jour de ma désignation sur la protection de Mevia. Excellence Monsieur Le Ministre, face à mes efforts de sauvegarder l’héritage du village et des ancêtres de ma communauté, je me suis attiré une haine de ces deux personnes qui ont juré d’utiliser leurs relations pour me destituer et installer quelqu’un qu’ils pourront manipuler à leur guise. Le colonel Songue a d’ailleurs rappelé aux notables de son frère aîné que M. Le Préfet est son camarade de classe depuis le lycée jusqu’à l’université. Et qu’il va toujours lui obéir. Sauf que Monsieur le Ministre Un administrateur civil principal et représentant de l’Etat dans un territoire, doit il tolérer et laisser prospérer la forfaiture ou alors il doit se ranger du côté du droit ?», dénonce S.M
Makoumack Madeleine Passy.
À la Sous-Préfecture de Dizangue, on affirme mordicus que S.M Makoumack Madeleine Passy, «n’est pas de la lignée cheffale». L’ordre de la reprise des consultations vient, par ailleurs, du Préfet de la Sanaga Maritime. On réfute formellement par ailleurs l’existence d’un conflit foncier. Le 22 février 2022, le Sous-Préfet de Dizangue convocait divers intéressés pour une descente de la Commission consultative chargée de la gestion du domaine national pour le 24 février 2022. D’après S.M Makoumack Madeleine Passy, son refus de cautionner la vente de cet espace foncier est à l’origine de la déferlante contre sa personne. «Le Sous-préfet est allée jusqu’à tolérer une vente de terrain de 9 ha à 2 millions de francs Cfa à Mevia et m’obliger en ma qualité de chef de signer comme notable et le chef de Canton comme chef du village. C’est face à mon refus que je me suis attiré les foudres», déclare la notabilité.
En attendant l’arbitrage de la tutelle, les différentes parties affûtent leurs arguments et moyens pour défendre divers intérêts. Avec risque majeur d’affrontements et de graves atteintes à l’ordre public. Les opérations de consulation de ce 5 avril 2022 se sont, comme il fallait s’y attendre, déroulées dans la confusion totale. Mme le Sous-Préfet de Dizangue a confisqué la carte nationale d’identité de S.M. Makoumack Madeleine Passy qui s’est retrouvée avec plus de notables en sa faveur. L’administrateur civil a également invalidé la candidature de la notabilté sans raison aucune et les populations se sont soulevées. «Il n’y a pas eu la possibilité de poursuivre le processus électoral», révèle une source sur place.
Félix Beda