Sous la menace d’un déguerpissement, l’examen du sort des populations de Dikolo-Bali a été renvoyé à mars 2022.
Annoncé pour ce 28 novembre 2021, le déguerpissement des populations de Dikolo-Bali a finalement été suspendu. De centaines de familles autochtones natives du Canton Bell s’étaient fermement opposées à l’opération coup de poing en préparation, suite à la mise en demeure d’un mois, servie par les autorités administratives du Département du Wouri. Après un mouvement de protestation ponctués par une campagne de sensibilisation sur le bien-fondé dudit mouvement, les occupants de cette aire demeurent sur place. L’épée de Damoclès qui pesait sur leur avenir a provisoirement été levé : la construction de l’hôtel Marriott de Douala sur une superficie de 4 hectares. Un projet du groupe Marriott International représenté par un canadien d’origine camerounaise du nom d’Olivier Chi Nouako, avocat, par ailleurs président directeur général de l’entreprise «Immigration and business Canada», basée au Canada. Le groupe hôtelier américano-canadien a, en effet, obtenu du gouvernement camerounais un bail emphytéotique de 50 ans renouvelables sur le site litigieux.
Le projet Marriott de Douala prévoit la construction d’un édifice de 280 chambres, par ailleurs doté d’une salle de conférence de 1.000 places, d’une piscine, d’un centre d’affaires, d’un casino et des espaces de loisirs entre autres. Coût du projet, 60 milliards de FCFA. Alors que le démarrage des travaux était prévu janvier 2020, jusqu’en 2023, la situation s’est enlisée. Les natifs Njo Njo dénoncent l’irrégularité du processus. D’après ces occupants, le décret d’utilité publique obtenu par le groupe Marriott International en mars 2019 auprès du Premier ministre est illégal. Réfutant le caractère «d’utilité publique», pour l’édification d’un hôtel, de surcroît attribué au profit d’un investisseur privé. Ils dénoncent également la dépossession envisagée de leur terre qui appartiendrait au Canton Bell. Face à la résistance farouche opposée par les populations de ce site stratégique de l’Arrondissement de Douala 1er, plusieurs autorités politiques et forces vives se sont penchées sur le quiproquo. Abel Elimbi Lobe, le Président du mouvement «Kawtal», l’honorable Cabral Libii li Li Ngue, Député à l’Assemblée nationale et Président du Pcrn (Parti camerounais pour la reconstruction nationale), les honorables Joshua Osih, Honorable Albert Dooh Collins, ou Marlyse Soppo Toute, tous Députés du Wouri centre.
L’honorable Cabral Libii s’est en effet rendu auprès des populations de Dikolo-Bali pour s’imprégner de leurs conditions, ainsi que sur l’évolution de ce dossier porteur de germe de tension sociale. Les honorables Joshua Osih et Soppo Toute ont à leur tour été reçus en audience par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, à qui ils remettront un mémorandum y relatif: «en compagnie de l’honorable Soppo Toute Marlyse et l’Honorable Albert Doigt Collins, nous avons rencontré le Premier ministre, Chef du gouvernement, Chief Dr. Joseph Dion Ngute, afin de demander un réexamen de la décision d’expropriation des populations de Dikolo dans le Canton Bell chez nous à Douala. Le Premier ministre nous a demandé de rassurer les familles concernées que personne ne touchera aux intérêts des populations de Dikolo, avant qu’il ne se penche sur le sujet courant mars pour trouver une solution concertée et inclusive dans l’intérêt de toutes les parties», réagissait l’Honorable Joshua Osih dans une sortie du 8 décembre 2021.
Quelques jours plus tôt, le 25 novembre 2021, Sa Majesté Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell, le chef supérieur du Canton Bell, publiait un communiqué relatif aux démarches effectuées : «….Il ressort des assurances obtenues auprès des hautes autorités de l’Etat que la destruction des habitants de Dikolo n’aura pas lieu. Son Altesse Royale invite par conséquent les populations concernées au calme jusqu’à l’aboutissement de ses actions en cours auprès des hautes instances», indiquait la notabilité. Il s’agit d’un important sursis accordé aux habitants du quartier Bali-Dikolo, menacés d’expropriation. À suivre.
Field