La cargaison prenait la direction du Nigéria lorsqu’elle a été interceptée dans la région du Sud-Ouest, dans la nuit du 18 au 19 juin 2023, après une action coordonnée des douanes camerounaises, appuyée par la gendarmerie nationale, l’armée et la police nationales.
Il aura fallu une coordination synchronisée entre les éléments des douanes camerounaises et la gendarmerie nationale, police pour venir à bout de trafiquants de produits et marchandises entre le Cameroun et le Nigéria. Cette fois, la cargaison saisie est inédite: des fèves de cacao produites localementet prêtes à franchir frauduleusement les frontières du Cameroun vers ce pays voisin.
« Suite à un renseignement digne de foi faisant état de chargements de plusieurs camions de fèves de cacao dans les environs de kumba, camions qui pourraient circuler tard la nuit en direction d’Ekok, nous avons immédiatement mis en alerte toutes nos unités situées le long de l’itinéraire Kumba-Mamfe-Ekok », a affirmé le commandant Achille Kamdem, commandant du groupement actif des douanes du Sud-Ouest.
Au total, 140 tonnes de cacao transportés dans 8 (huit) camions, interceptés: « malgré la présence de nos hommes, 06 camions profitant du contexte sécuritaire peu favorable à notre action ont réussi à franchir le cordon mis en place à Mamfe pour se retrouver à Eyumodjock, localité située entre Mamfe et Ekok. Grâce à la détermination de nos éléments et à l’appui des autres forces de défense et de sécurité, dont je salue ici la franche collaboration dans cette opération, nous avons réussi à mettre la main sur 7 camions chargés, dont deux à Besong Abang (proche de Mamfe) et 5 à Eyumojock. Signalons qu’un 8ème camion avait réussi à decharger sa cargaison dans un magasin clandestin à Ekok. Ce dernier a été retrouvé et mis sous scellées », ajoute le douanier.
Cette importante saisie intervient au lendemain de la lettre-circulaire de Luc Magloire Mbarga Atangana, le Ministre du commerce, adressée le 13 juin 2023, aux autorités administratives des zones cacaoyères du Cameroun. Lettre-circulaire portant sur les « mesures de sauvegarde à mettre en oeuvre en vue de l’éradication du phénomène préjudiciable des des exportations massives et frauduleuses de notre cacao », ayant abouti sur trois décisions majeures: le recensement de tous les points de sortie de notre cacao, sous la responsabilité conjointe des autorités administratives locales et des organisations faîtières de la filière, la mise en place des check-points sous la forme de task-forces, regroupant l’ensemble des administrations et structures intervenant dans le processus de commercialisation du cacao, au niveau des principaux axes névralgiques susceptibles de concourir à la sortie frauduleuse du cacao.
« Au titre de la campagne cacaoyère 2022/2023, le volume des exportations frauduleuses, principalement à destination du Nigéria, a atteint des niveaux inédits, compris entre 30.000 et 60.000 tonnes, soit 10 à 20% de la production nationale de cacao, représentant un manque à gagner pour le trésor public de près de 10 milliards de FCFA, en termes de droits de sortie et de redevance à l’exportation, et une perte sèche, au titre du rapatriement des devises, d’environ 60 milliards de FCFA », justifie Luc Magloire Mbarga Atangana.
Il a ainsi été décidé de la suspension à titre conservatoire de toute exportation du cacao vers le Nigéria, conformément à l’article 10 al. 2, de la loi du 18 avril 2016 régissant le commerce extérieur au Cameroun. Luc Magloire Mbarga Atangana a également instruit « le recensement de tous les points de sortie de notre cacao, sous la responsabilité conjointe des autorités administratives locales et des organisations faîtières de la filière », « la mise en place des check-points sous la forme de task-forces, regroupant l’ensemble des administrations et structures intervenant dans le processus de commercialisation du cacao, au niveau des principaux axes névralgiques susceptibles de concourir à la sortie frauduleuse du cacao ».
Rappelons que le GouvernementCamerounais considère les localités de Bachuo-Akagbe, 3/Corners Mambanda, Ekondo Titi, Eyumojock, Idenau, Tiko et Ekok, comme des zones critiques de ce commerce frauduleux. Il est désormais attendu, d’après le Commandant Achille Kamdem, la suite de la procédure contentieuse, administrative ou judiciaire: « la marchandise n’étant pas prohibée à titre absolu, elle est susceptible d’être vendue aux enchères publiques. Mais nous attendons les instructions de la hiérarchie quant au sort qui sera donné à ces marchandises. Nous comptons énormément sur la collaboration franche et l’appui des Forces de défense et de sécurité, ainsi que le soutien de toutes les administrations pour lutter plus efficacement contre ce fléau », a terminé le commandant du groupement actif des douanes du Sud-Ouest.
Félix Beda
